Le projet ICOD (Improving Condition in Down syndrome), étude pionnière sur les difficultés cognitives liées au syndrome de Down, a démontré la sécurité du traitement avec la molécule AEF0217, développée par la biotech française Aelis Farma, ainsi que son efficacité pour améliorer fonction cognitive chez ces personnes. L’étude a été dirigée par l’Institut de recherche de l’Hôpital del Mar.
Cette phase de l’essai (Phase I/II) a été réalisée auprès de 29 personnes trisomiques âgées de 18 à 35 ans, présentant un handicap léger ou modéré. L’objectif était de tester la sécurité de l’administration du traitement, ainsi que d’explorer le potentiel d’amélioration de la cognition et de la fonctionnalité quotidienne des participants. Dans une phase précédente, sa sécurité chez les personnes ne présentant pas ce syndrome avait déjà été validée.
Pour réaliser l’étude, les volontaires ont reçu pendant 28 jours la molécule AEF0217, développée par Aelis Farma, ou placebo. Les résultats, qui sont désormais publiés, montrent à la fois la sécurité du traitement et l’amélioration des fonctions cognitives chez les personnes qui l’ont reçu par rapport à celles qui ont reçu le placebo.
Mesuré avec des échelles de référence, il a été constaté que l’AEF0217 améliorait considérablement les compétences comportementales dans les domaines de la communication, des compétences de la vie quotidienne et des interactions sociales. Ces améliorations étaient également associées à une tendance constante vers une plus grande flexibilité cognitive, c’est-à-dire la capacité de s’adapter à de nouvelles situations ou à de nouveaux changements.
De plus, des études d’électroencéphalographie, qui examinent le fonctionnement électrique spontané du cerveau, montrent des changements statistiquement significatifs dans la fonction cérébrale après le traitement par AEF0217, indiquant que les personnes atteintes du syndrome de Down avaient besoin de moins d’efforts pour accomplir des tâches de mémoire de travail.
Ces résultats renforcent l’idée que le traitement agit efficacement au niveau cérébral, cognitif et fonctionnel, fournissant des premières données concordantes prometteuses sur son potentiel bénéfique.
Le Dr Rafael de la Torre, qui coordonne le projet ICOD et a mené les études cliniques à l’Institut de Recherche de l’Hôpital del Mar avec le Dr Ana Aldea, explique que « les résultats prometteurs et impressionnants de cette étude génèrent un réel espoir de développer un médicament sûr et efficace ». traitement des dysfonctionnements cognitifs chez les personnes atteintes du syndrome de Down ».
Et il ajoute que « les données d’efficacité sont particulièrement frappantes, abordant des domaines cruciaux d’adaptation, tels que les compétences d’expression et d’écriture, ainsi que les compétences de vie quotidienne et les interactions sociales. Ces effets, obtenus après seulement quatre semaines de traitement, sont les premiers dans le domaine du syndrome de Down et représentent un pas en avant important vers le développement d’un traitement qui pourrait améliorer considérablement l’autonomie et l’adaptation de ces personnes ».
Down Catalunya, l’entité représentant l’association Down en Catalogne et qui a collaboré avec l’Institut de Recherche de l’Hôpital del Mar dans le projet, valorise « ces résultats de manière très positive, en raison de leur impact sur l’amélioration de la qualité de vie des personnes trisomiques et en en général, avec une déficience intellectuelle et développementale.
Une nouvelle approche thérapeutique
La molécule développée par Aelis Farma est basée sur le fait que les personnes trisomiques présentent une hyperactivité du récepteur cannabinoïde CB1, selon plusieurs études, qui indiquent que sa modulation avec des inhibiteurs spécifiques améliore considérablement les performances cognitives dans des modèles animaux.
Le traitement avec AEF0217, le premier médicament d’une nouvelle classe pharmacologique, les inhibiteurs spécifiques de la signalisation des récepteurs CB1 (CB1-SSi), imite un mécanisme de défense naturel du cerveau pour contrecarrer l’hyperactivité de ce récepteur. Parallèlement, la fonction du génotype APOE4, lié à la physiologie endocannabinoïde et qui constitue le principal facteur de risque génétique de la maladie d’Alzheimer, est également étudiée.
L’équipe du Dr Diego Real de Asua de l’Hôpital de la Princesa de Madrid a également participé aux travaux. Pour le réaliser, la collaboration des participants, de leurs familles et des associations familiales a été nécessaire, qui ont soutenu le projet et ont contribué à mener à bien cet essai clinique pionnier.
Prochaine étape : étude internationale
Les résultats obtenus renforcent la continuité du projet et permettent de passer à l’étape suivante : une étude internationale multicentrique de Phase II qui débutera au milieu de l’année prochaine.
Cet essai se concentrera sur la détermination du dosage approprié du traitement pour maximiser ses bénéfices. L’objectif sera d’approfondir l’amélioration à la fois des fonctionnalités de la vie quotidienne et des fonctions cognitives spécifiques chez les personnes trisomiques.
Fourni par IMIM (Institut de recherche médicale de l’hôpital del Mar)