La question de savoir si le COVID-19 a été déclenché par un accident de laboratoire ou s’est propagée à partir d’animaux reste un mystère persistant et âprement contesté.
Voici les principaux arguments qui alimentent les deux côtés de ce débat, alors que l’AFP réfléchit à l’impact du virus cinq ans après qu’il ait remodelé le monde.
Le cas d’une fuite en laboratoire
Les partisans de l’hypothèse d’une fuite en laboratoire soulignent que les premiers cas connus de COVID-19 sont apparus à Wuhan, en Chine, où se trouve l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), un centre majeur de recherche sur les coronavirus, situé à environ 1 600 kilomètres du centre-ville. populations de chauves-souris les plus proches porteuses de virus similaires à ceux du SRAS.
« Les laboratoires de Wuhan ont mené des recherches qui les ont placés sur une trajectoire permettant d’obtenir des virus du SRAS ayant un fort potentiel pandémique », a déclaré à l’AFP Richard Ebright, microbiologiste et professeur à l’université Rutgers.
« Un an avant l’épidémie, les laboratoires de Wuhan ont proposé des recherches pour obtenir des virus du SRAS ayant un potentiel pandémique encore plus élevé et des caractéristiques qui correspondent, en détail, aux caractéristiques du SRAS CoV-2 », a-t-il ajouté.
Cette proposition de recherche comprenait la conception d’une structure appelée « site de clivage de la furine », qui augmente la croissance et la transmissibilité du virus, mais est absente dans d’autres virus du SRAS.
Les partisans des fuites en laboratoire citent également des inquiétudes concernant les normes de biosécurité du laboratoire de Wuhan, où le personnel ne porterait que des blouses et des gants.
« Il existe suffisamment de preuves pour conclure au-delà de tout doute raisonnable que le SRAS-CoV-2 est entré chez l’homme par le biais d’un incident lié à la recherche », a conclu Ebright.
Les arguments en faveur des retombées naturelles
D’un autre côté, des chercheurs comme Angela Rasmussen, virologue à l’Organisation des vaccins et des maladies infectieuses de l’Université de Saskatchewan au Canada, affirment que des « preuves concrètes » du monde réel indiquent systématiquement l’existence d’un marché de gros de fruits de mer à Wuhan.
« Nous avons en fait examiné une base de preuves qui sont des preuves concrètes. Ce sont des preuves qui peuvent être mesurées », a-t-elle déclaré à l’AFP, comprenant des données d’échantillonnage génomiques, géographiques et environnementales.
Elle soutient que les arguments en faveur d’une origine en laboratoire, en revanche, reposent sur des « et si » et des spéculations. Cela inclurait des affirmations selon lesquelles les propositions de recherche sur les moyens d’augmenter considérablement la transmissibilité du virus auraient été publiquement rejetées mais menées en secret.
Cette perspective est étayée par de multiples études, dont une publiée dans la prestigieuse revue Science qui a analysé la répartition géographique des cas de COVID-19 en décembre 2019. L’étude a montré que les cas étaient étroitement regroupés autour du marché de gros des fruits de mer de Huanan à Wuhan.
Une autre étude, qui a examiné les données génomiques des premiers cas, a conclu que le virus n’a probablement pas circulé largement chez l’homme avant novembre 2019.
Plus récemment, en septembre 2024, une étude publiée dans Cellule identifié des chiens viverrins, des civettes de palmiers, des hérissons de l’Amour et des rats de bambou au marché.
Notamment, les chiens viverrins, qui sont étroitement apparentés aux renards, sont connus pour être porteurs et transmettre des virus similaires au SRAS-CoV-2, ce qui suggère qu’ils auraient pu servir d’intermédiaires entre les chauves-souris et les humains.
Pour Rasmussen, l’attrait de la théorie des fuites en laboratoire reflète un désir de réponses simples. Si la faute revient à des scientifiques capricieux ou à la Chine, affirme-t-elle, les gens croiront à la possibilité de solutions simples.
Où en sont les choses maintenant
Une chose est sûre : la théorie des fuites en laboratoire, autrefois rejetée comme théorie du complot, a gagné du terrain. Pour l’instant, le débat reste entier – scientifiquement et politiquement.
Certaines agences américaines, comme le Bureau fédéral d’investigation et le ministère de l’Énergie, soutiennent la théorie des fuites en laboratoire, bien qu’avec des niveaux de confiance variables, tandis que la plupart des éléments de la communauté du renseignement penchent en faveur des origines naturelles.
Les partisans des fuites en laboratoire, comme Alina Chan, biologiste moléculaire au Broad Institute et auteur de « Viral : The Search for the Origin of COVID-19 », continuent de plaider en faveur de la déclassification complète des données de renseignement et d’une enquête indépendante en Chine. au-delà de l’enquête de l’Organisation mondiale de la santé de 2021.
« De nombreux aspects de la pandémie ont porté atteinte à la confiance du public dans les institutions scientifiques et de santé », a déclaré Chan à l’AFP. « L’origine de la pandémie en fait partie. »