Des lignes directrices adaptées et une réduction de la stigmatisation sont nécessaires pour lutter contre la lèpre, révèle une étude de cas irlandaise

Un rapport de cas publié dans Eurosurveillance sur un adulte atteint d’un cas importé de lèpre en Irlande montre qu’il existe des défis considérables dans la lutte contre la maladie dans des contextes où elle est rare.

La personne touchée était l’une des cinq personnes atteintes de lèpre signalées en Irlande au cours de la dernière décennie. Les auteurs rapportent des défis rencontrés dans la réponse de santé publique en raison d’une reconnaissance tardive des symptômes par les prestataires de soins de santé, d’un manque de directives irlandaises et européennes spécifiques et de la recherche des contacts dans un environnement collectif.

À la veille de la Journée mondiale de la lèpre, cette étude de cas souligne la nécessité de directives de santé publique adaptées aux pays où la maladie est très rare, ainsi que de stratégies visant à réduire la stigmatisation liée à la maladie. La lèpre est l’une des 24 maladies tropicales négligées que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vise à éliminer dans sa feuille de route 2021-2030. Bien qu’elle soit rare en Europe, elle représente néanmoins une charge de morbidité élevée dans le monde, avec 182 815 cas signalés dans le monde.

Aperçu du cas

L’affaire concernait une personne d’une trentaine d’années, née et élevée dans les Caraïbes, où la lèpre est courante. Ils avaient déménagé en Irlande deux ans avant le diagnostic en provenance du sud du Brésil, où l’incidence de la lèpre est également élevée. L’individu s’est initialement présenté à un fournisseur de soins de santé fin 2023 avec des symptômes neurologiques et des lésions cutanées éclaircies. Le patient a été diagnostiqué après une enquête de 7 mois par biopsie cutanée. Après avoir été traités avec une multithérapie, ils se sont remis de l’infection.

La stratégie de recherche des contacts et l’évaluation des risques étaient basées sur les lignes directrices et les documents politiques de l’OMS, car aucune ligne directrice spécifique n’était disponible en Irlande. La plupart des directives internationales sur la recherche des contacts proviennent de pays à revenu faible ou intermédiaire, car peu de pays à revenu élevé ont élaboré leurs propres lignes directrices. Il existe des incohérences considérables dans les lignes directrices des différents pays sur la recherche des contacts, l’éligibilité à la prophylaxie post-exposition et les approches de suivi des personnes affectées et des contacts.

Réponse de santé publique

Les chercheurs ont identifié un contact étroit comme toute personne ayant été en contact avec le cas initial non traité pendant au moins 20 heures par semaine, pendant au moins 3 mois au cours de l’année précédente, sur la base de la définition de l’OMS.

L’un des huit colocataires de l’individu, son partenaire et un contact lié au travail ont été identifiés comme contacts étroits selon les critères de l’OMS. Dix autres adultes ont également été considérés comme des contacts étroits potentiels. Compte tenu de la stigmatisation de la maladie, les experts de la santé publique ont exclu toute recherche approfondie des contacts de tous les membres du ménage, car cela aurait pu menacer les moyens de subsistance et l’accès au logement de l’individu, tous deux jugés précaires.

Sur la base des directives de l’OMS, de l’Australie occidentale et du Royaume-Uni, les cliniciens ont proposé une chimioprophylaxie avec une dose unique de rifampicine aux trois véritables contacts étroits de la personne affectée. Il a été démontré que ce traitement offre un effet protecteur chez les contacts lépreux là où la maladie est courante. Cependant, il existe une certaine incertitude quant à savoir si ces résultats s’appliquent également aux contextes où la lèpre est rare, les directives internationales étant moins cohérentes.

La période d’incubation de la lèpre est très variable et varie de 2 à 5 ans, mais peut être plus courte ou s’étendre jusqu’à 20 ans ou plus. La plupart des directives internationales recommandent un suivi annuel des contacts étroits étant donné cette période d’incubation inhabituellement longue, avec quelques variations sur la durée du suivi. Des dispositions ont donc été prises avec les médecins généralistes locaux pour effectuer un suivi annuel des trois contacts du cas pendant au moins 5 ans, comme le recommande l’Organisation mondiale de la santé.

Recommandations

Le rapport montre les défis importants liés à la lutte contre la lèpre dans les pays à revenu élevé où elle est rare. Les pays devraient envisager d’élaborer des stratégies adaptées à ces contextes, qui devraient donner la priorité à la formation continue des professionnels de la santé sur la maladie, ainsi qu’à des mesures solides pour lutter contre la stigmatisation et améliorer l’accès à la santé mentale pour les personnes touchées.

Les auteurs recommandent également une approche plus harmonisée pour répondre aux cas sporadiques, avec une plus grande normalisation dans les directives de santé publique.

Fourni par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC)