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Cannabis

Cannabis - Actualité 2012 - 1er semestre

CANNABIS - ACTUALITÉ 2012 - 1er SEMESTRE

L'actualité vue par la cyberpresse
par Emmanuel Meunier


Usages récréatifs & usages problématiques

Le Dr Marc Valleur, médecin-chef de l'hôpital Marmottan, rappelle que le cannabis « est la seule drogue illicite qui donne lieu à une consommation de masse. Son usage est le plus souvent récréatif, occasionnel, et ne pose aucun problème à l'immense majorité des expérimentateurs. Certes, le cannabis peut donner lieu à une dépendance, il peut avoir des effets néfastes sur les poumons et c'est un produit cancérigène. Certes, il peut provoquer des attaques de panique et il existe une corrélation entre sa consommation et certaines formes de troubles psychiques, comme la schizophrénie. Mais ce n'est pas un produit véritablement dangereux. »

Si le cannabis est un poison, il faut convenir qu’il tue très lentement, comme l’atteste les études sur la consommation de cannabis chez les seniors.

Une étude aux USA constatait que le nombre de personnes âgées de 50 ans et plus qui ont consommé de la marijuana au cours des 12 derniers mois était passé d’1,9% en 2002 à 2,9% en 2008 [Voir "Le cannabis et le 3ème âge" in Cannabis - Actualité 2011 - 1er semestre]. Une étude du King 's College London, publiée le 5 avril dans la revue Age and Ageing, montre que le nombre de senior ayant consommé du cannabis dans l’année est 0,4% pour les 65 ans et plus et de 1,8% pour les 50-64 ans. Pour ce qui est de l’usage récent (dans le mois), il a été multiplié par 10 par rapport à la précédente enquête, passant de 0,2% en 1993 à 2,0% en 2007.

Source :
06.04.12. Santé Log. Drogues : L’usage du Cannabis explose chez les seniors
06.06.12. Le Point. Le cannabis est-il vraiment dangereux ?

Le cannabis : constats et nouvelles tendances

Il y aurait entre 119 et 224 millions d’usagers de cannabis dans le monde, dont 22,5 millions d’adultes européens (6,7 %) qui en auraient consommé dans l’année, dont 12 millions (3,6 %) au cours du dernier mois. 3,8 millions de personnes en auraient consommé dans l’année en France, dont 1,2 millions (2,1 % de la population adulte) de manière régulière et 550.000 de manière quotidienne. « Rien n’indique que la demande de cannabis soit susceptible de diminuer de manière significative, constate l’ONU. Le cannabis va sans doute rester la substance illicite la plus consommée. » L’Afghanistan est devenu le principal producteur de résine de cannabis, mais l’Europe reste principalement approvisionnée par le Maroc. La culture de l’herbe de cannabis se développe en Europe (dans les Balkans, notamment), sous forme de culture hydroponique (sous serre, hors sol) ailleurs, ou sous la forme d’autoproduction. En France, 80.000 usagers de cannabis ont recours exclusivement à l'autoproduction pour s’approvisionner.
Le prix moyen est de 5 € pour un gramme de résine et de 7 € pour un gramme d'herbe.

Les produits en circulation sont de qualités très variables. D’après le rapport OEDT 2011, la teneur en THC du cannabis saisi en Europe varie de 3 à 17% pour la résine de cannabis et de 1 à 15% pour les herbes. On constate depuis quelques années une augmentation de la teneur moyenne en THC du cannabis saisi, qui passe, entre 1995 et 2007, de 5,8% à 10,4%. L’INPS constate un accroissement des saisies d’herbe de teneur supérieure à 15 % entre 2008 et 2010. Concernant la résine, la part des échantillons analysés contenant plus de 15 % de THC est en croissance régulière depuis 2005, passant de moins d’un dixième des saisies au quart de celles-ci. Cette tendance amène, pour 2010, le taux moyen du THC dans le cannabis en résine à 11 %, contre près de 9 % en 2005. Le taux moyen de THC (principe actif) est de 8 % pour l’herbe.

Sources :
OFDT. Tendances N°78 - Phénomènes marquants et émergents en matière de drogues illicites (2010-2011) (PDF, 6 pages)
UNODOC. Rapport Mondial sur les drogues 2012
OEDT. Etat du phénomène de la drogue en Europe 2011
OFDT. Drogues Chiffres clés 2011

Type d’usages et effets sur les poumons

Une étude de l'Université de Californie, publiée l'édition du 11 janvier du JAMA, constate que les personnes qui ont eu, pendant les vingt dernières années, une consommation modérée, équivalente située entre 3 joints par semaine pendant 7 ans et 1 joint par semaine pendant vingt ans (= 7 x 365 joints ou 7 « joint-année » sur 20 ans) n'ont subi aucune détérioration observable de leur fonction pulmonaires. Cette étude a portée sur 5.115 hommes et femmes qui ont été évalués par la mesure du volume expiratoire forcé dans la première seconde d'expiration (FEV1). La difficulté de l’étude de pouvoir distinguer les effets imputables au cannabis et tabac.

La recherche constate qu’à 7 « joint-année » (1 joint chaque jour durant 7 ans), les chercheurs font part de l’absence de preuve que l'exposition au cannabis puisse affecter la fonction pulmonaire. A plus de 10 « joint-années » d'exposition à vie, ils constatent une baisse non significative du FEV1, mais à plus de 20 épisodes de consommation de marijuana par mois, ils constatent une baisse significative du FEV1.

Cette étude est contredite par un rapport de The British Lung Foundation (la Fondation britannique pour le poumon). Elle affirme que fumer un joint de cannabis chaque jour pendant un an augmente de 8% le risque de développer un cancer du poumon alors que fumer 20 cigarettes par jour pendant un an, accroit le même risque de 7%. De nombreux composés cancérigènes présents dans les cigarettes le sont également dans le cannabis et jusqu’à une concentration supérieure de 50%, et d’autre part, les fumeurs de joints inhalent plus profondément et conservent plus longuement la fumée dans leurs poumons que les consommateurs de tabac. Ils inhaleraient quatre fois plus de goudron et cinq fois plus de monoxyde de carbone.

Sources :
11.01.12. Santé Log. Cannabis : Fumer avec modération ne nuit pas aux poumons (Université de Californie)
06.06.12. Europe1. Le cannabis accroît le risque de cancer
08.06.12. Santé Log. Cannabis : Des risques très sous-estimés pour les poumons

Cannabis & conduite automobile

Une étude de l’Université de Columbia montrait que les conducteurs testés positif au cannabis ont 2,66 fois plus de risque que les autres conducteurs d'être impliqués dans des accidents de la route [Voir "Cannabis et accidents de la route" - Actualité 2011 - 2e semestre]. Une étude de l'Université Dalhousie (Halifax, Canada), publiée dans le British Medical Journal, conclue que les conducteurs ayant consommé du cannabis 3 heures avant de prendre le volant ont un risque doublé de collision. 

Le cannabis rend plus difficile l’appréciation des distances et les conducteurs se retrouveraient fréquemment trop près des véhicule qui les précède.

Source :
10.02.12. Psychomedia. Le cannabis au volant double le risque d'accident grave mais les tests de contrôle demeurent à améliorer

Cannabis & Diabète

Une recherche du Dr. Yann Le Strat, psychiatre à l'Hôpital Louis-Mourier à Colombes, avait montré, à partir de l’études de cohortes, que les personnes ayant un usage de cannabis d’au moins 3 jours par semaine, avait un taux de prévalence de l'obésité de 14,3 à 17,2%, quand les personnes qui n'avaient pas consommé de cannabis durant les 12 derniers mois, avaient eux une  prévalence de l'obésité de 22 à 25,3% [Voir "Cannabis et Poids" in Cannabis - Actualité 2011 - 2e semestre Cannabis - Actualité 2011 - 2e semestre]. Une étude de l’Université de Los Angeles, publiées dans l’édition du 28 février du BMJ Open, s’intéresse à un éventuel effet du THC sur le diabète de type 2. 

Cette étude a été menée à partir d’une cohorte de 8.127 adultes dont on connaissait les comportements de consommation vis-à-vis du cannabis et pour lesquels on disposait de données relatives à l’IMC (indice de masse corporelle), consommation de tabac, d'alcool,

niveau sérique de cholestérol, LDL (le « mauvais » cholestérol), triglycérides, taux sérique de vitamine D, HbA1C, glycémie à jeun et concentrations sériques de C-réactive (qui est un marqueur de risque de la survenue d'un diabète de type 2). Il apparaît que les consommateurs de cannabis montrent une prévalence moindre du diabète que les non-consommateurs, que la prévalence de la protéine C-réactive est significativement plus élevée chez les non-consommateurs de cannabis (18,9%) alors qu’elle est basse (9,2%) chez les fumeurs qui ont consommation de plus de 5 joints par mois. L’étude recommande d’étudier les éventuels effets immunomodulateurs et les propriétés anti-inflammatoires du cannabis.

Source :
29.02.12. Santé Log. Diabète : Les fumeurs de cannabis ont moins de risque de diabète (BMJ Open)

Cannabis & Mémoire

Une étude de l'unité Inserm "Neurocentre Magendie" à l'université de Bordeaux-Segalen en collaboration avec l'université d'Ottawa (Canada), publiée dans la revue Cell, vient de mettre en lumière les mécanismes chimiques cérébraux impliqués dans les effets délétères du cannabis sur la capacité de concentration et la mémoire à court terme.

Les cannabinoïdes en se fixant se fixant aux récepteurs CB1 des cellules astrogliales de l'hippocampe actionnaient la fixation de glutamate sur les récepteurs à glutamate des terminaisons nerveuses impliquées dans la transmission des informations entre neurones. Cette fixation provoque une diminution de la force de connexion entre neurones de l'hippocampe et entrave le fonctionnement de la mémoire de travail.

Source :
02.03.12. allo docteurs. Cannabis et altération de la mémoire : des mécanismes mieux cernés (Inserm)

Cannabis thérapeutique

Le Centre québécois de documentation en toxicomanie a publié une synthèse sur l’état des connaissances concernant le cannabis thérapeutique.

La seule indication où les cannabinoïdes ont clairement montré leurs efficacités est le soulagement de la nausée et certains types de douleur ainsi que leurs capacités à stimuler l’appétit. Toutefois, aucune donnée n’indique qu’il s’agit des meilleurs médicaments à utiliser dans ces situations. De même, si l’activité analgésique des cannabinoïdes a été démontrée, il n’est pas clairement établi en quel cas le cannabis serait le médicament le plus pertinent. Il a été avancé qu’il serait bénéfique de combiner des cannabinoïdes à d’autres antinauséeux ou analgésiques à des doses qui produisent des effets thérapeutiques supérieurs, tout en diminuant le risque d’effets néfastes des deux substances. Il est fort possible que les avantages potentiels de la thérapie cannabinoïde combinée à d’autres médicaments débouchent sur de meilleures méthodes cliniques.

La recherche étudie d’éventuels effets thérapeutiques concernant la sclérose en plaques. Nombre de patients ont rapporté un soulagement subjectif des sensations de douleur et de spasme, mais des mesures objectives de la spasticité n’ont révélé aucune amélioration importante. La raison de cette divergence reste incertaine, mais il se peut que l’atténuation de la douleur liée aux spasmes soit confondue avec un apaisement des spasmes en tant que tels.

Même si l’action anticancéreuse des cannabinoïdes a été largement étudiée à l’aide de cultures cellulaires (études in vitro) et d’animaux avec tumeurs, aucune conclusion définitive ne peut encore être tirée. On a confirmé à plusieurs reprises que divers cannabinoïdes, en se liant aux deux types connus de récepteurs cannabinoïdes, arrivent à retarder ou à empêcher la croissance des cellules cancéreuses et leur capacité à envahir les tissus normaux environnants et à métastaser. On pense aussi que certains mécanismes des endocannabinoïdes (des substances présentes naturellement dans l’organisme dont les effets ressemblent à ceux du THC) réduiraient le risque de mutation des cellules saines en cellules cancéreuses.

Les endocannabinoïdes atténuent une foule de symptômes découlant d’une trop grande activité dans certaines régions du système nerveux, dont l’anxiété, l’agitation, la compulsion, l’hypertension et la nausée. Leur rôle dans le système immunitaire est similaire : ils y suppriment les réactions inflammatoires et immunitaires. Les cannabinoïdes végétaux (comme le THC) se lient à ces mêmes récepteurs et imitent les effets des endocannabinoïdes. Les cannabinoïdes pourraient donc soulager une vaste gamme de symptômes pathologiques, et plusieurs de ces effets thérapeutiques potentiels sont actuellement étudiés en laboratoire.

Au Canada, les cannabinoïdes à des fins médicales sont légalement accessible par l’entremise du Règlement sur l’accès à la marijuana à des fins médicales sous des formes différentes :

- le dronabinol : THC synthétique en comprimé commercialisé sous le nom de MarinolMD;

- le nabilone : dérivé synthétique du THC en comprimé commercialisé sous le nom de CesametMD;

-  le cannabidiol : non utilisé seul, mais plutôt comme composante d’un vaporisateur oral contenant, en parts égales, du THC et du cannabidiol commercialisé sous le nom de SativexMD (approuvé pour soulager la douleur due à des maladies du système nerveux, la douleur et la spasticité (raideur musculaire) de la sclérose en plaques et la douleur aiguë liée au cancer en phase avancée) ;

- le THC tiré de végétaux (les patients qui fument du cannabis à des fins médicales n’ont pas accès à la dose fiable, normalisée et reproductible que leur procureraient d’autres produits cannabinoïdes et pourraient en subir des troubles respiratoires).

La société israélienne Tikkun Olam a fabriqué, pour un usage médical, un cannabis « qui ne fait pas planer » en neutralisent les effets du THC et en augmentant ceux du CBD, ou cannabidiol, substance qui pourrait être efficace dans le traitement des diabètes et de divers troubles psychiatriques.

Sources :
02.05.12. cqdt. Usage de cannabis et de cannabinoïdes à des fins médicales
31.05.12. Actusoins. Un cannabis qui soigne sans faire planer