QUELLES STRATEGIES ? QUELS NOUVEAUX CONCEPTS Conférence du docteur Eric PORTAULT |
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Dr Eric PORTAULT, pneumologue et tabacologue à la Consultation d'aide au sevrage tabagique du CH de Gonesse, le 23 juin 2005, à Gonesse Correspondances, Printemps 2006 |
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Identifier et surmonter les " obstacles " à l'arrêt |
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L' arrêt du tabac est une perspective souvent redoutée par le fumeur, bien qu' il soit espéré par une grande partie d' entre eux. Diverses enquêtes par questionnaire montrent que plus des 2/3 des consommateurs réguliers voudraient arrêter de fumer ! Ces travaux sous-entendent que la grande majorité des fumeurs des pays développés sont informés des risques liés au tabac, et qu' ils poursuivent leur tabagisme conscients des risques encourus. La prise en charge de l' arrêt du tabac nécessite en fait, comme pour d' autres dépendances, d' identifier et de surmonter les " obstacles " à l'arrêt, qui sont le plus souvent multiples. |
La dépendance au tabac est l' un de ces " obstacles " les plus importants. Le pouvoir addictif du tabac est en effet très puissant : 80 % des fumeurs y sont moyennement ou fortement dépendants. Celle-ci résulte de mécanismes complexes, souvent intriqués, entre un processus chimique, en grande partie lié à la Nicotine, et psycho-comportemental, acquis au fil de l' usage de la cigarette. |
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La réduction du nombre de fumeurs relève de deux échelons complémentaires : l'individuel et le collectif |
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1 - Le niveau individuel
Beaucoup de fumeurs sont demandeurs d 'un soutien et d' un suivi durant le sevrage, et sa simple existence peut accroître le nombre d' arrêts. La prise en charge personnalisée est la plus exigeante, la plus consommatrice de temps. Une aide efficace nécessite un programme " à la carte " et un suivi du fumeur avec difficultés de sevrage, comme nous allons le détailler ultérieurement. Il en résulte parfois un programme complexe, impliquant plusieurs professionnels de santé. |
2 - Le niveau collectif
Une réelle politique de lutte contre le tabac, locale ou nationale, a une place importante, notamment pour l'information du public, fumeur ou non, mais aussi pour l' initiation ou l' encouragement du maintien d' un sevrage tabagique chez un fumeur. Elle a par ailleurs l'intérêt de toucher l' ensemble de la population visée, en particulier les jeunes.
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Stratégies individuelles pour un sevrage : Préparation de l' arrêt |
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Contrairement à l' image répandue par les proches, le corps médical, l' arrêt du tabac est rarement une urgence, hormis une grossesse ou une complication cardio-vasculaire.
Le fumeur a en effet le droit de préparer son sevrage, car il nécessite un changement de comportement radical. - Choisir le moment de l' arrêt |
Il est utile de lui faire imaginer les situations difficiles durant l' arrêt, et qu' il élabore une solution. - Une étape de réduction de la consommation avant l' arrêt est possible. L' obligation de l' arrêt brutal n' a plus court. Celui-ci est parfois insurmontable pour certains fumeurs. Une période intermédiaire de diminution du tabagisme leur est par contre acceptable, à condition de s' orienter vers un projet d' arrêt complet. L' usage des substituts nicotiniques ponctuels, en alternance avec les cigarettes, est utile et validée depuis l' année 2004. Ils peuvent ainsi mieux se préparer, et même prendre confiance dans la maîtrise de leur consommation. |
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Déroulement du sevrage | ||
- Se débarrasser du tabac et des produits dérivés
Eviter les tentations est préférable ! - Planifier son temps libre L' oisiveté rend souvent l' abstinence tabagique délicate au début du sevrage. Occuper le temps par une activité, notamment sportive, est favorable pour écarter les pensées liées au tabac. - Rôle du thérapeute Il doit pouvoir assurer le suivi d' un sevrage difficile ++ Il doit organiser la prise en charge des facteurs de risque d' un échec de sevrage : |
A - Dépendance tabagique pharmacologique avérée
La dépendance au tabac est aisément estimée par le questionnaire de Fagerström, en 6 questions et 10 points, un score à plus de 3 traduisant une dépendance moyenne ou forte. Le taux de monoxyde de carbone exhalé par le " CO testeur " évalue également l' intensité du tabagisme des 24 dernières heures. Un taux à plus de 20 ppm (" partie par million ") traduit un tabagisme important. |
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Les Traitements | ||
Deux traitements disponibles en France ont une efficacité scientifiquement prouvée :
Ils doublent en moyenne les chances de succès à 1 an. Les substituts nicotiniques : Disponibles en vente libre. |
Le ZYBAN ® (Chlorhydrate de Bupropion) :
Molécule psycho-active reproduisant l' action de la Nicotine. D' autre molécules prometteuses sont à l' essai, encore non commercialisées : |
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Problèmes associés | ||
B - Autre dépendance associée (alcoolisme, toxicomanie, médicaments …)
Le risque d'échec du sevrage est notablement accru chez ces patients. Une prise en charge différée ou parallèle de l'addiction en question est nécessaire, le plus souvent par un professionnel de santé ou un centre spécialisés. C - Syndrôme anxio-dépressif, pathologie psychiatrique |
Un suivi thérapeutique régulier doit être assuré.
D - Stress chronique (professionnel, familial ...) E - Prise de poids ou appréhension d' une prise de poids
La prise alimentaire devrait être répartie en 3 repas. Sa composition doit éviter les matières grasses, les sucres rapides. On peut autoriser des collations à 10 h et 16 h, avec un fruit ou un yaourt sans sucre. |
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La stratégie de réduction du risque tabagique |
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F - Motivation incertaine ou fluctuante
La motivation est un élément central dans le succès d' un sevrage. Elle nécessite chez le fumeur un processus de maturation psychologique vis-à-vis de l' arrêt, plus ou moins long. Un suivi avec un acteur de santé, un encouragement régulier du patient par les proches, peuvent maintenir le sevrage. Se répéter les raisons de sa décision d' arrêt, éventuellement notée par écrit aide à renforcer sa motivation. La stratégie de réduction du risque tabagique |
On autorise alors l'alternance de la consommation tabagique avec un substitut nicotinique d' action ponctuelle.
Elle permet une réduction prouvée de l' inhalation de monoxyde de carbone journalière. Elle a montré également un accroissement du nombre de sevrages à moyen ou long terme chez les fumeurs ainsi pris en charge, même sans motivation initiale, par rapport à ceux sans substitut. Elle est notamment proposée aux fumeurs porteurs d' une pathologie liée au tabac, comme une coronaropathie, une bronchopathie chronique. |
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Conclusion | ||
On dispose en 2005 de diverses approches permettant d' accroître les chances de succès d' un arrêt du tabac. Le thérapeute, quelque soit son titre, n'est néanmoins pas un " grand sorcier ", mais le fumeur à sevrage difficile devrait bénéficier de toutes les cartes en mains pour mener à bien son sevrage grâce à lui, l' entourage pouvant aussi jouer un rôle de soutien efficace.
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Les fumeurs totalement réfractaires au sevrage ont maintenant l'alternative de la réduction du risque tabagique qui, sans être la panacée, a un réel intérêt sanitaire.
Pneumologie, Consultation de Tabacologie |