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Alcool - Actualité 2011 - 2nd Semestre

ALCOOL - ACTUALITÉ 2011 - 2nd SEMESTRE

L'actualité vue par la cyberpresse
par Emmanuel Meunier
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Consommation d’alcool : aspects anthropologiques et sociaux

Véronique Nahoum-Grappe, sociologue, formule l’hypothèse que le succès sociologique de l’alcool est lié, d’une part, à sa valeur sociale de « signal licite, normalisé, d'un désir de changer le registre de la communication » et à sa valeur sociale de marqueur de la fin de l’enfance.

Ainsi, offrir à boire à des collègues un soir en fin de semaine signe le passage du temps sérieux du travail à celui de la détente de la pause, celle du vendredi soir. L’alcool « après le boulot » signe ainsi le passage de la neutralité froide à la possibilité d'un rapprochement plus cordial : autour des verres et des bouteilles, les croisements des regards et des paroles sont différents. 

 

Les rencontres amoureuses dans la rue commencent par « prendre un verre » pour faire face à un autrui auquel on n’est pas (encore) lié. Boire permet de créer du lien social (« il est des nôtres ») et/ou de déjouer l’hostilité potentielle entre « étrangers », des « inconnus ». Le rôle de marqueur de la fin de l’enfance permet de mieux comprendre l’attrait de l’ivresse juvénile, sa valeur symbolique de cadeau, sa capacité singulière dans la construction de la masculinité.

Source :
13.10.11. IREB. Alcool : pourquoi un tel succès sociologique ? (Eléments de l’intervention de
Véronique Nahoum Grappe, anthropologue et ethnologue, chercheur à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et membre du comité scientifique de l’Ireb) (PDF, 2 pages)

Femmes et Alcool

Des études contradictoires sont publiées concernant les effets positifs et négatifs de l’alcool sur les femmes.

D’après une étude de l'Université de Cambridge, les femmes pourraient se protéger contre l’ostéoporose en buvant une pinte de bière par jour. La bière est en effet une source de silicium diététique qui densité minérale osseuse. Une étude autre étude de l’université de Calabre (Italie), publiée dans l’édition d’octobre du FASEB Journal, affirme que le vin rouge (plus exactement le resveratrol, un polyphénol présent de façon importante dans les grains de raisins et retrouvé dans le vin rouge) aurait un effet positif sur le cancer du sein en bloquant la croissance des cellules cancéreuses.

Une autre étude du Women's College Research Institute de Toronto (Canada) publiée par le Journal of the American Medical Association (Jama), montre au contraire que les femmes qui consomment de l'alcool, même en petites quantités, ont plus de risques de développer un cancer du sein. La consommation de trois à six verres de vin par semaine accroîtrait le risque de cancer du sein de 15%, celles qui consommeraient deux verres de vin par jour en moyenne, voient ce risque augmenter de 51% par rapport à celles qui ne boivent jamais d'alcool. La nature de la boisson - bière, vin, alcool fort - ne change rien au résultat. Serait en cause les effets de l'alcool sur le niveau des œstrogènes, hormones féminines qui favorisent la croissance des trois quarts des cancers du sein

Une étude des universités de Californie à San Diego et Stanford, publiée dans la revue Alcoholism: Clinical & Experimental Research, montre qu’à l'adolescence, la consommation excessive d'alcool est plus nocive pour le cerveau des filles que des garçons. Des tests neuropsychologiques de mémoire et de capacité de traitement de l'information spatiale et des images de l'activité cérébrale par résonance magnétique ont montrés que les adolescentes qui avaient déjà fait l’expérience de boire beaucoup en une seule occasion avaient une moins grande activation cérébrale dans plusieurs régions du cerveau, et qu’elles avaient une moins bonne performance aux tests de traitement de l'information spatiale, une moins bonne capacité d'attention, de concentration et de mémoire de travail comparativement à des jeunes filles qui ne buvaient pas ou à des garçons qui buvaient. Les effets étaient mesurables plusieurs mois après la consommation. D’après les auteurs, le cerveau des filles se développe un à deux ans plut tôt que celui des garçons. Les niveaux hormonaux et les fluctuations hormonales induites par l'alcool pourraient aussi contribuer à expliquer ce phénomène, de même qu'un ratio de graisse corporelle plus élevé et un poids moins élevé.

Sources :
16.07.11. Psychomedia. La consommation excessive d'alcool (combien?) plus dommageable pour le cerveau des filles
03.10.11. Santé Log. Vin rouge et resveratrol contre cancer du sein? (FASEB Journal)
19.10.11. Santé News. La bière prévient l’ostéoporose chez les femmes
02.11.11. Le Figaro.Santé. Boire, même peu, augmente le risque de cancer du sein

La réponse « éthylotest »

Le ministère de l’intérieur étudie la possibilité de développer les éthylotests anti-démarrage (EAD) comme élément de réponse pénale, après une expérimentation menée en Haute Savoie depuis 7 ans (ou plus de 350 conducteurs ont bénéficiés de cette mesure). L’EAD impose aux conducteurs de souffler dans un éthylotest couplé au démarreur de leur voiture. Si le taux d'alcoolémie du conducteur est trop important, le véhicule ne démarre pas. Le juge peut déjà l'imposer dans le cadre d'une procédure de composition pénale. Le contrevenant perd alors six points, mais le reste de la sanction peut être allégé. L'éthylotest peut aussi être ordonné en correctionnelle en peine complémentaire et s'ajoute aux autres sanctions : amende, prison, perte de points… L'équipement peut être enfin proposé comme une alternative aux poursuites, comme c'est le cas à Annecy. C’est une deuxième chance qui est offerte au conducteur. Un conducteur, qui est pris avec 1 gramme d'alcool dans le sang, encourt aujourd'hui en moyenne 800 euros d'amende, 4 à 5 mois de retrait de permis et le retrait de 6 points sur son permis. Avec ce nouveau dispositif, il n'aura que 15 jours de retrait de permis, le temps que son véhicule soit équipé de l'EAD. Il ne perdra pas de point et n'aura aucune mention du délit sur son casier judiciaire. En revanche, il sera pris en charge 6 mois par la Prévention routière et cette prise en charge lui coûtera 1300 euros, ce qui peut poser de sérieuses difficultés pour des précaires. Les programmes pourront même s'étendre sur trois ans pour les personnes qui auraient eu ou provoqué un accident en conduisant sous l'emprise de l'alcool.

La mise à disposition d’éthylotests pour la clientèle des établissements servant de l’alcool et ouverts entre 2 heures et 7 heures (boîtes de nuit, cabarets, bar à ambiance musicale) devient obligatoire. Les établissements doivent se doter d’un stock d’éthylotests chimique égal au quart du taux de fréquentation ou l'éthylotest électronique (aussi appelé éthylomètre ou borne), à raison d’une borne pour 300 personnes. Les cafetiers qui ferment avant 2h00 sont épargnés par cette mesure.

L'équipement obligatoire d'éthylotest dans les voitures sera bientôt mis en place. Le prix d'une paire d'éthylotest se situe entre 1,5 et 2 euros. Les automobilistes qui ne respecteraient pas cette obligation s'exposeront une contravention dite de première catégorie, d'un montant de 17 euros.

Sources :
18.08.11. Le Figaro. Des éthylotests obligatoires dans les discothèques
12.09.11. Le Figaro. La France va généraliser les éthylotests antidémarrage
23.09.11. Le Figaro. L'éthylotest antidémarrage prouve son efficacité
23.09.11. Le Figaro. «Le taux d'accidents liés à l'alcool stagne»
30.11.11. Le Figaro. L'éthylotest bientôt obligatoire dans les voitures

Polémique autour du blaclofène

La polémique autour du Baclofène se poursuit [voir Alcool - Actualité 2011 - 1er Semestre].

Le baclofène a un effet de diminution de la libération de dopamine agoniste du récepteur GABAB et limite, ainsi, la libération de dopamine dans les structures du cerveau qui composent le circuit de récompense. Cette action a pour effet de diminuer d’une manière générale l’appétit et la motivation pour la consommation d’un produit. En empêchant les “bursts”, c'est-à-dire les pics d’activité dopaminergique, le baclofène va donc réduire l’envie d’alcool. Depuis que le Pr Olivier Ameisen a popularisé ce traitement, Olivier Ameisen et Renaud de Beaurepaire, chef de service en psychiatrie à l'hôpital Paul-Guiraud de Villejuif (Val-de-Marne) ont publié, en février 2010, des résultats a priori très prometteurs dans les Annales Médico-Psychologiques et une synthèse a été publiée dans la Revue médicale suisse par Pascal Gache (Genève).

Le traitement continue à rencontrer de vives résistances institutionnelles. En juin dernier, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) faisait une mise au point sur le baclofène en «mettant en garde» les médecins contre sa prescription chez des malades alcoolo-dépendants. Sont notamment mis en avant l’abaissement du seuil épileptogène lié à des prises de baclofène excédant 120 mg/jour et un lien possible entre baclofène et tentative de suicide.

Le Pr Olivier Ameisen s’agace de ces résistances en rappelant que la plupart des patients alcoolodépendants se voient prescrire des benzodiazépines, aux effets secondaire bien plus problématiques :

« Les alcoologues et addictologues se gardent bien de réaliser des essais cliniques. Il est de plus en plus évident, aux yeux de plusieurs sommités internationales de la neurologie, de la physiologie de l’addiction entre autres, que les essais apporteraient la preuve que le baclofène supprime l'addiction. Si le baclofène supprime la maladie les conséquences pour les alcoologues et addictologues signeraient la fin de leur "spécialité’’. Les conséquences pour eux en seraient de fermeture de lits et de services entiers. Ce serait aussi la fin pour les chefs de services des essais cliniques lucratifs de molécules nouvelles pour l'alcoolisme. Le baclofène tue leur poule aux œufs d'or. »

Un essai thérapeutique sera, début 2012, coordonné par le Dr Philippe Jaury, médecin libéral et professeur de médecine générale à Paris-Descartes, qui inclura trois cents personnes (non hospitalisées) réparties dans huit centres français. L'étude doit durer un an et ses résultats ne sont pas sont attendus avant courant 2013. Point essentiel: le critère de succès ne sera pas —forcément— l’abstinence mais une consommation d’alcool redevenue dans les normes définies par l’OMS.

 
Sources :
Juillet 2011. IREB. Recherche & Alcoologie : Baclofène : pour ou contre ? (Lettre d'information)
28.07.11. Slate.fr. Alcoolisme (Baclofène) : pourquoi un «médicament miracle» est-il "interdit" d’utilisation en France ?
Alcool et sommeil

L’alcool endort… mais non sans perturber les effets réparateurs du sommeil. Une étude de l'École de médecine de l'Université d'Akita et des hôpitaux Saiseikai Nagasaki et Kaiseikai Akita (Japon), dans la revue Alcoholism: Clinical and Experimental Research, a évalué l'impact de la consommation d’alcool juste avant d'aller au lit, sur le rythme cardiaque et sur le sommeil. Lors d’un sommeil “sain”, l'activité du système nerveux parasympathique augmente et l'activité du système nerveux sympathique diminue. En mesurant la variabilité du rythme cardiaque (qui est contrôlé par le système nerveux autonome), les chercheurs peuvent mesurer l'activité relative de ces deux systèmes après une prise d’alcool.

L’activité des systèmes nerveux parasympathique et sympathique est modifiée par rapport à ceux qui ne boivent pas d'alcool, ce qui a pour conséquence d’augmenter le délai nécessaire pour atteindre le stade du sommeil paradoxal, une fréquence cardiaque significativement plus élevée et des réveils plus fréquents, et une tendance du sommeil à être peu profond. L'alcool à forte dose augmente aussi le niveau d'éveil durant la seconde moitié de la nuit.

Source :

19.08.11. Santé Log. Alcool : Un dernier verre avant de se coucher? Insomnie garantie!

Traitement de l’hépatite alcoolique

Une étude coordonnée par le service d’Hépato-Gastroentérologie du CHU d’Amiens et des chercheurs de l’Inserm, publiée le 10 novembre par le New England Journal of Medicine démontre l’efficacité d’une combinaison d’un anti-oxydant et d’un anti-inflammatoire pour l’hépatite alcoolique sévère. L’hépatite alcoolique aiguë sévère est l’une des formes les plus graves de la maladie alcoolique du foie et avec les traitements actuels, 30 à 35 % des malades en meurent au terme d’un suivi de 6 mois.  

Les patients ayant reçu de prednisolone et la N-acétylcystéine a permis de faire chuter cette mortalité : elle a été réduite à 1 mois (8% vs 24%), mais aussi à 3 mois (22% vs 34%) et à 6 mois (27% vs 38%).


Source :

11.11.11. Santé Log. Hépatite Alcoolique : Meilleur espoir de survie avec un traitement combiné