Le mois de janvier sec est une période où de nombreuses personnes pensent à faire une pause dans leur consommation d’alcool et à donner du repos à leur foie. Mais qu’en est-il en termes d’avantages individuels ? Et si vous saviez combien de minutes de vie vous pourriez potentiellement regagner en sautant ce dernier verre, ou si votre consommation hebdomadaire d’alcool se compare à celle de la cigarette ?
Une équipe de chercheurs de l’Institut canadien de recherche sur l’usage de substances de l’Université de Victoria et du Centre de toxicomanie et de santé mentale lance KnowAlcohol.ca, un outil et un calculateur conçus pour montrer aux gens des estimations personnalisées de leurs risques potentiels pour la santé liés à leur alcool. utilisation – et les avantages de la réduction.
S’appuyant sur les données scientifiques qui sous-tendent le Guide canadien sur l’alcool et la santé, le calculateur Connaître l’alcool montre aux gens leurs risques individuels de maladies liées à l’alcool, y compris plusieurs types de cancer, des mesures comme l’équivalence des cigarettes et les minutes de vie perdues par consommation d’alcool, ainsi que des informations sur les coûts et les calories liés à l’alcool, tous adaptés à vous en fonction de votre âge, de votre sexe et de la quantité que vous buvez par semaine.
Compte tenu de l’impact considérable de l’alcool sur la société canadienne et du manque d’informations crédibles dont disposent les Canadiens sur l’alcool, notre équipe a entrepris de développer un outil permettant aux gens d’en apprendre davantage sur l’impact de l’alcool sur leur santé et leur portefeuille.
1. Quel est le problème avec l’alcool au Canada?
L’alcool est une substance légale consommée par la plupart des adultes canadiens. il a des usages sociaux, culturels et religieux. Cependant, cela peut également nuire à ceux qui boivent, à leur entourage ou à la société dans son ensemble.
L’alcool cause 17 000 décès chaque année au Canada et coûte plus cher à la société que le tabac et les opioïdes réunis. Chaque boisson vendue représente 38 centimes de plus en coûts publics directs que ce qu’elle rapporte en taxes et redevances (le déficit d’alcool). Cela s’ajoute à une subvention massive financée par les contribuables aux sociétés d’alcool et à ceux qui consomment la plus grande partie de l’alcool au Canada.
Et pourtant, le gouvernement fédéral a récemment suspendu l’ajustement des taxes sur l’alcool à l’inflation et, comme nous l’avons documenté dans notre projet d’évaluation de la politique canadienne sur l’alcool, environ la moitié des provinces et des territoires n’ont pas de taxes spécifiques à l’alcool ou de politiques de prix minimum, ce qui réduirait les méfaits… et augmenterait les taxes sur l’alcool. des revenus pour aider à couvrir le coût de l’alcool pour la société.
2. Les directives et leurs conséquences
Le Guide canadien sur l’alcool et la santé a été publié en 2023. Mandaté, financé et supervisé par Santé Canada et organisé par le Centre canadien sur l’usage et les dépendances aux substances, il a impliqué plus de 20 chercheurs (y compris nous-mêmes) de 16 établissements universitaires à travers le Canada. Le groupe a suivi un processus complet pour évaluer les dernières preuves scientifiques, dont une grande partie a évolué depuis les dernières lignes directrices en matière de consommation d’alcool au Canada, créées en 2011.
La conclusion la plus importante et la plus constante est que si vous consommez de l’alcool, moins c’est mieux en termes de santé, et le risque de préjudice est lié à la quantité d’alcool consommée. Plutôt que de prescrire un seul niveau de consommation comme souhaitable, le Guide contient une série de zones à risque censées être pertinentes pour ceux qui boivent à tous les niveaux.
Le guide appelle également à un étiquetage obligatoire des produits alcoolisés pour indiquer les risques pour la santé, ainsi que des informations standard sur les boissons, afin de permettre aux consommateurs de suivre plus précisément leur consommation et de traduire leurs risques personnels.
Même si le Guide a fait l’objet d’une grande publicité et a fait l’objet de nombreuses discussions, il s’est heurté à de fortes réactions négatives de l’industrie, à des pressions et à des efforts visant à discréditer le Guide et ses scientifiques. Il n’y a eu aucun changement officiel à la politique fédérale depuis la publication du Guide.
Malgré ces efforts de l’industrie, il existe des preuves claires démontrant aux gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral le coût élevé de l’alcool et la nécessité d’une plus grande sensibilisation du public.
Il y a beaucoup plus d’informations sur une canette de pois que sur une bouteille d’alcool, qui manque d’informations sur les risques pour la santé (contrairement aux étiquettes du tabac et du cannabis), le nombre de boissons par contenant ou la taille de la portion pour une boisson standard, des conseils de consommation, ou la teneur en calories.
L’alcool, un cancérogène du groupe 1 (le plus cancérigène, comme la fumée de cigarette et le benzène), bénéficie d’un traitement privilégié par rapport aux autres produits alimentaires ou boissons emballés, ou même à d’autres substances psychoactives comme le tabac et le cannabis.
3. Pourquoi les Canadiens devraient-ils être habilités à en savoir davantage ?
Il existe un décalage fondamental entre les risques et les coûts de l’alcool et les efforts existants pour informer et protéger les consommateurs. Ceux d’entre nous qui ont travaillé sur le Guide croient en l’importance du « droit de savoir » du consommateur, compte tenu de la mesure dans laquelle ce que nous savons ou ne savons pas sur l’alcool est influencé par l’industrie de l’alcool à travers les messages et les activités de marketing.
Malheureusement, ces informations sont souvent trompeuses, incomplètes ou inexactes. À l’heure actuelle, seulement un peu plus de la moitié des Canadiens savent que l’alcool provoque le cancer, et seulement un tiers des femmes interrogées pour développer KnowAlcohol.ca savaient que l’alcool peut causer le cancer du sein.
En raison du manque de leadership politique et du lobbying de l’industrie lourde, de nombreuses politiques efficaces visant à protéger les consommateurs ont été mises en œuvre de manière sous-optimale, voire pas du tout.
Dans ces circonstances, la sensibilisation et l’autonomisation des consommateurs sont donc essentielles. En outre, il a été démontré qu’une meilleure connaissance des effets de l’alcool, notamment en ce qui concerne le cancer ou ses effets indirects sur les non-buveurs, accroît le soutien à des politiques publiques efficaces qui réduisent la consommation à risque et protègent les personnes vulnérables contre les dangers.
4. Quelle est la place de KnowAlcohol.ca?
Il est important de traduire les directives en matière de consommation d’alcool à l’échelle de la population dans un format qui trouve un écho auprès des individus et qui soit adapté à leur situation. Décider de réfléchir à sa consommation d’alcool, de s’y intéresser et d’envisager de boire moins est une décision très personnelle.
Pour développer l’application Web KnowAlcohol, nous avons d’abord interrogé 900 adultes à travers le Canada pour découvrir ce qu’ils savaient sur l’alcool et quels sujets liés à l’alcool les intéressaient. Nous avons ensuite fait appel à un groupe consultatif de 20 personnes pour tester des messages efficaces et des moyens de présenter et de communiquer efficacement l’information.
En utilisant la même science que celle utilisée pour déterminer les zones à risque du Guide, nous avons développé un outil en ligne pour fournir des informations sur les risques pour la santé spécifiques au niveau de consommation d’alcool, à l’âge et au sexe d’une personne. Étant donné que les gens souhaitent en savoir plus que simplement les effets sur la santé, nous incluons des informations sur les coûts liés à l’alcool par mois ou au cours de la vie, ainsi que les équivalents caloriques de leur consommation d’alcool.
Il est important de noter que ce calculateur ne montre pas seulement les risques liés à la consommation d’alcool, mais se concentre également sur les avantages de boire moins, car les utilisateurs sont invités à saisir une quantité cible de consommation et à visualiser les gains en temps réel lorsqu’ils envisagent de réduire leur consommation. Et le site comprend également de nombreuses informations générales, des quiz, des ressources et un calculateur de boissons standard.
Vous voulez en savoir plus ? Essayez-le.