Considérez quelqu’un accro à l’alcool, aux drogues ou à un comportement comme le jeu. Pourquoi continuent-ils, même quand ils disent qu’ils veulent s’arrêter? C’est une question qui met en évidence une déconnexion fondamentale: l’écart entre l’intention et l’action.
Cette contradiction apparente s’aligne sur les définitions cliniques de la dépendance et avec les modèles de maladies cérébrales, ce qui suggère que la consommation de substances répétée modifie la fonction cérébrale, rendant la consommation de médicaments compulsive et automatique, contournant la prise de décision consciente. Ces adaptations cérébrales aident à expliquer pourquoi la dépendance est si difficile à surmonter.
Mais il y a une autre pièce importante dans le puzzle. Les gens utilisent souvent des substances pour des raisons qui leur ont un sens – se sentir bien, pour soulager le stress ou se connecter socialement. Ces motivations ne disparaissent pas simplement parce qu’une substance devient nocive.
Pourtant, au cours des dernières décennies, cette perspicacité a été mis à l’écart dans la science de la toxicomanie. Certains critiques ont sauté sur cet écart pour argumenter, de manière réductive, que la dépendance concerne simplement les gens qui choisissent le plaisir: rien de plus que « les gens prennent de la drogue parce qu’ils l’apprécient ».
Le modèle de maladie du cerveau et le point de vue « juste dire non » contiennent des vérités partielles. Mais les deux, seuls, sont fondamentalement défectueux.
Le modèle de maladie du cerveau a gagné en popularité en partie parce qu’il semblait offrir deux choses: une base pour développer de nouveaux traitements médicaux et un moyen de réduire la stigmatisation. Mais il a largement échoué sur les deux fronts. Malgré des milliards investis dans les neurosciences, peu de nouveaux médicaments ont émergé.
Pendant ce temps, les traitements les plus efficaces restent psychosociaux: les thérapies parlantes et les stratégies de réduction des méfaits qui existent depuis des décennies. Pire, décrire la dépendance comme une maladie cérébrale chronique peut augmenter la stigmatisation et le pessimisme, rendre la récupération semble improbable ou hors de portée.
De plus, la recherche montre que la dépendance n’est pas entièrement au-delà du contrôle volontaire. Les personnes atteintes de dépendance peuvent réduire ou arrêter leur consommation de drogues en réponse à ses conséquences. Cela peut être lié à des changements de vie significatifs, tels que se marier, avoir des enfants ou démarrer un nouvel emploi, ce qui peut augmenter les coûts ou réduire les avantages perçus d’une utilisation continue.
Ces résultats contestent l’opinion selon laquelle la dépendance est purement compulsive, soulignant que les gens conservent un certain degré d’agence, même dans des circonstances difficiles.
Dans le même temps, ces observations ne justifient pas la vision cynique que la dépendance n’est que l’hédonisme ou les mauvais choix. Un cadre plus précis et plus utile examine comment les gens prennent des décisions et comment leur environnement façonne la valeur des différentes options de choix.
Neuroéconomie
C’est là que les idées de la neuroéconomie – l’étude de la façon dont le cerveau prend des décisions basées sur la valeur – est utile. Par exemple, une étude a révélé que lorsque les gens ont faim, ils prêtent plus d’attention à la façon dont l’alimentation a le goût et moins à sa santé, ce qui rend les choix malsains plus probables.
De même, les consommateurs d’alcool qui avaient envie d’alcool et de humeur négative se sont avérés valoriser l’alcool plus que la nourriture, en changeant leurs choix en conséquence. D’autres recherches ont montré que l’ensemble des alternatives disponibles influence fortement la façon dont une option de choix est attrayante. Comme appliqué à la dépendance, lorsque des options plus saines ou plus gratifiantes sont limitées, la valeur relative des médicaments augmente.
Cela suggère que la dépendance consiste moins à perdre la possibilité de choisir et à plus de la façon dont le contexte façonne le choix. Lorsque quelqu’un est en traitement, il peut vraiment vouloir cesser d’utiliser parce que l’environnement met l’accent sur la récupération, le soutien et les objectifs futurs. Mais une fois qu’ils reviennent dans un cadre où les médicaments sont faciles à accéder et que les alternatives attrayantes sont peu nombreuses, la valeur relative de la consommation de médicaments augmente – et la rechute devient plus probable.
Cette perspective aide également à concilier le rôle des changements cérébraux dans la dépendance. Les neuroadaptations comptent toujours: ils peuvent augmenter les envies ou rendre les récompenses plus difficiles à expérimenter, mais elles n’éliminent pas la capacité de choisir. Au lieu de cela, ces changements de cerveau interagissent avec l’environnement d’une personne pour rendre certains choix plus susceptibles que d’autres.
Surtout, cette vue souligne également pourquoi la pauvreté est un moteur de dépendance si puissant. Dans les milieux défavorisés, l’alcool, les drogues et les points de vente sont souvent plus accessibles, tandis que les possibilités d’alternatives significatives – emploi, éducation, logement stable – sont rares. Ce sont des problèmes structurels profondément enracinés, et ils ne sont pas facilement fixes. Mais ils comptent.
Sur une note plus optimiste, ce modèle indique de nouvelles voies hors de la dépendance. Plutôt que de blâmer les individus ou de les pathologiser comme endommagés au cerveau, nous pouvons nous concentrer sur le remodelage des environnements pour rendre les alternatives non médicamenteuses plus visibles, disponibles et précieuses. Cette approche porte moins de stigmatisation et plus d’optimisme: elle considère les gens non pas comme cassés, mais comme des personnes qui peuvent prendre des décisions et répondre rationnellement à des situations difficiles.
Oui, la psychologie de la prise de décision rend la dépendance difficile à surmonter. Mais en comprenant comment les gens pèsent leurs options et en améliorant l’attrait et l’accessibilité des alternatives à la consommation de substances, nous pouvons soutenir un changement réel et durable.