Le chirurgien général des États-Unis a récemment appelé à avertir le risque de cancer sur les étiquettes d’alcool. Et je suis d’accord. Mais le discours qui est sorti dans les médias, par les professionnels de la santé et les influenceurs de la santé, a été alarmiste et un mauvais service à informer le public sur les vrais risques de cancer associés à l’alcool.
Je suis professeur en sciences de la santé à l’Université Simon Fraser et j’étudie comment les comportements sont liés à la maladie. J’écris également un blog sur le rôle que les comportements de santé jouent dans votre santé.
Risque d’alcool et de cancer
Les commentaires du chirurgien général suivent les rapports de l’Organisation mondiale de la santé et des directives du Canada sur l’alcool et la santé, tous deux de l’État, il n’y a pas de quantité sûre d’alcool que vous pouvez consommer.
Cela a été répété par les professionnels de la santé, les personnes en santé publique et sur les réseaux sociaux, où les influenceurs de la santé ont décrit l’alcool comme une toxine.
Mais ces déclarations alarmistes sont-elles une bonne motivation pour la messagerie de santé, ou y a-t-il un danger pour les utiliser?
Statistiquement, votre risque de cancer s’élève de la toute première gorgée d’alcool. Cela ne signifie pas que vous obtiendrez un cancer de boire de l’alcool, cela signifie simplement que vos chances augmentent. Et lorsque vous buvez plus d’alcool, vos chances augmentent encore. C’est comme parier en roulette: plus vous pariez sur des chiffres, plus vous avez de chances de gagner. Ou dans ce cas, perdez.
Cependant, ce qui est perdu dans cette messagerie, c’est à quel point ce risque est. Sur la base des conseils du Canada sur l’alcool et la santé, avoir une boisson par semaine augmente de 1,8% un risque de cancer du sein des femmes. Environ une femme sur huit développera un cancer du sein dans leur vie. Par conséquent, sur 800 femmes, une boisson par semaine entraînera deux femmes supplémentaires pour obtenir un cancer du sein. Avoir un verre par jour augmente le risque de sept fois. Ce sont de vraies personnes qui pourraient autrement n’obtenir pas un cancer du sein s’ils s’abstenaient de l’alcool.
Bien qu’aucune quantité d’alcool ne soit sûre, cela peut s’appliquer à de nombreuses activités courantes. Au Canada, il y a environ 300 décès de piétons par an. Chaque jour, en moyenne, cinq Canadiens meurent dans des accidents de véhicules à moteur.
Bien que ces chiffres soient bien inférieurs au nombre de personnes qui meurent d’un cancer chaque année, il serait également exact de dire qu’il n’y a pas de marche ou de conduite en sécurité. Malgré cela, les gens continueront de traverser la rue et les gens continueront de conduire. Mais cela illustre le défi d’informer le public sur les risques et les comportements changeants.
Peur dans la messagerie de santé publique
L’utilisation de la peur en santé publique a une longue histoire. Mais mesurer l’effet de ces campagnes est difficile. Les images graphiques sont utilisées sur les produits du tabac pour effrayer les gens loin du tabagisme. Des études soigneusement contrôlées indiquent qu’elles augmentent la sensibilisation à la santé mais peuvent avoir un effet limité sur le tabagisme. Cependant, il a été démontré que les images graphiques similaires sur des bouteilles de boissons sucrées dans des études contrôlées réduisent la consommation.
Pendant la pandémie Covid-19, la peur était à l’avant-garde des efforts de santé publique pour contrôler la propagation du SARS-COV-2. En effet, l’utilisation de la peur dans la messagerie de santé publique semblait être un outil assez efficace pour assurer la conformité comportementale dans les mesures pandémiques. Les entretiens communautaires de parents ont montré que la crainte était à l’origine de la fois de faire vacciner à leurs enfants (peur de la maladie) ou non (peur de la vaccination).
L’utilisation de la peur dans la messagerie de santé publique ne doit être utilisée que s’il existe une solution efficace. Dans le cas de l’alcool, il y a: l’abstinence. Mais l’utilisation de la peur devrait également être proportionnée au risque, sinon cela risque de faire en sorte que les gens se soient mis à l’écart.
Cela peut être particulièrement problématique lorsque les directives précédentes indiquaient les effets bénéfiques de la consommation d’alcool modérée et des directives actuelles sur l’état de l’alcool d’un à deux boissons par jour sont acceptables. Au lieu de cela, le public peut être mieux servi en communiquant le risque en termes que le public comprend, comme combien de personnes supplémentaires obtiendront le cancer de la consommation d’alcool.
L’alcool devrait avoir une étiquette d’avertissement
La consommation d’alcool au Canada est en baisse. En 2022, la consommation d’alcool a diminué de 1,2% par rapport à 2021. Et en 2023, 54% des Canadiens ont déclaré n’avoir pas d’alcool au cours de la semaine précédente, les jeunes Canadiens buvant moins que leurs homologues plus âgés. Ces tendances sont similaires aux États-Unis.
Plus de 40 pays ont une étiquette d’avertissement sur l’alcool (bien que beaucoup moins mentionnent le cancer), mais le Canada et de nombreux pays européens ne sont pas inclus. Ils devraient l’être. L’alcool est une substance très addictive qui peut détruire la vie de ceux qui sont dépendants et de ceux qui les entourent. Il altère le jugement et représente des dizaines de décès par an après la consommation et la conduite.
Les femmes enceintes qui buvent de l’alcool augmentent également leur risque que leur enfant souffre d’un trouble du spectre d’alcool fœtal. L’alcool est également une drogue à partir de laquelle vous pouvez surdoser.
Les étiquettes d’avertissement sur l’alcool sont une bonne étape pour réduire les risques pour la santé, tant qu’ils sont clairs et informatifs.