Par le Docteur Eric PORTHAULT, Centre Hospitalier de Gonesse |
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Correspondances, Automne 2007 |
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1 – Il est interdit de fumer dans les lieux publics depuis le 01/02/2006 | ||
Cette mesure est à intégrer dans les mesures ayant un impact dans le sevrage tabagique individuel. L’arrêt du tabac fait appel à une démarche individuelle,mais s’appuie aussi sur des mesures collectives, nationales ou pas.
Celles-ci favorisent en effet la motivation au sevrage et une tentative d’arrêt chez certains fumeurs, notamment par « l’action de groupe ». Son efficacité sur la santé est d’avance connue. L’expérience italienne, qui est effective depuis le 10 janvier 2005 a montré qu’en quelque mois d’application, le nombre de maladies coronaires aiguës recensées avait diminué de 11 % par rapport à l’année précédente ! |
D’autres bénéfices sont bien entendus attendus et en cours d’étude. Ce décret semble par ailleurs bien accepté : une enquête réalisée lors de la journée mondiale sans tabac du 31/05/2007 à l’ hôpital de Gonesse par questionnaire de personnes, travaillant ou non dans l’établissement, montrait sur 115 fiches remplies, que 91, 3 % étaient tout à fait satisfaites ou assez satisfaites de cette mesure.
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2 – La prise en charge du fumeur dépendant se médicalise | ||
La dépendance tabagique est un phénomène complexe et prolongé. Les études pratiquées en ce domaine ont révélé un nombre de reprise du tabac très important suite à un sevrage. Ceci est entre autre dû au suivi insuffisant du sevrage, à un traitement de la dépendance physique au tabac mal choisi, à des conseils comportementaux insuffisants …
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Le professionnel de santé doit pour cela lever tous les obstacles qui se présentent avant ou pendant le sevrage. Nous avions dans un numéro précédent de Correspondances cités ces principaux problèmes à l’arrêt ).
Le gouvernement a prévu dans le cadre du décret un doublement du nombre de consultations de Tabacologie en France. Mais le médecin traitant doit en rester le premier acteur, et orienter le fumeur vers des spécialistes pour les cas difficiles. Soulignons néanmoins qu’une reprise du tabagisme n’est pas un échec, mais une étape vers le succès futur ! |
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3 – Un nouveau traitement du sevrage tabagique est disponible | ||
Depuis avril 2007, la Varénicline (CHAMPIX®) est commercialisée en pharmacie. C’est un sosie de la Nicotine, en prise orale, qui va se fixer de façon prolongée sur ses récepteurs, et qui empêche l’action de la nicotine du tabac. Les sensations de « manque » lors du sevrage seront donc nettement atténuées. Elle nécessite une prescription par un médecin. Ses effets secondaires sont notamment des nausées, en règle dans les quinze premiers jours de traitement (30 % des patients), régressives en général.
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La durée du traitement est de 3 mois, jusqu’ à 6 mois si besoin. On voit d’emblée que la Varénicline n’a pas d’action sur la dépendance comportementale au tabac. Elle améliore le confort à l’arrêt, mais la motivation du fumeur pour le sevrage reste primordiale. C ‘ est pour nous malgré tout une arme en plus dans notre arsenal thérapeutique. |
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4 – Certains traitements du sevrage tabagique sont remboursés partiellement | ||
Depuis le 1/2/2007, tous les substituts nicotiniques sont remboursés sur la base d’ un forfait de 50 euros, ce qui correspond en pratique au premier mois d’ un traitement par timbre à la Nicotine, ce qui, soulignons-le, existe dans seulement peu de pays.
Depuis avril 2007, le CHAMPIX® est également pris en charge sur la base d’un forfait de 50 euros par la sécurité sociale, ce qui équivaut aux 2 premières semaines de traitement. |
Certaines mutuelles de santé acceptent de plus en plus le remboursement de la totalité du traitement du sevrage tabagique. L’assuré doit poser la question à son assureur à ce sujet. Les avancées dans le sevrage tabagique sont en cette année 2007 multiples, espérons que les fumeurs en tireront le plus grand bénéfice ! |