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L'actualité vue par la cyberpresse
par Emmanuel Meunier
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Les familles de substances en vogue | ||
Les trois familles de substances sont actuellement en vogue : 1. La MCPP. Issue de la famille des pipérazines, cette drogue de synthèse a connu un fort engouement au cours de l’année 2009 dans les milieux du clubbing. Consommée seule, ou combinée à de l’ecstasy (MDMA), la MCPP procure des effets proches des amphétamines. 2. Les cannabinoïdes de synthèse. 23 produits ont été identifiés à l’échelon européen. Parmi les produits les plus souvent cités, on retrouve le Spice, qui est un mélange à fumer. |
3. La méphédrone (4-MMC ou M-CAT). A l’origine, il s’agit d’un dérivé de la cathinone, l’un des principes psychoactifs du khat, lui-même lié à la composition des amphétamines. La méphédrone est apparue en Europe en 2007. Elles procurent des effets euphorisants.
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Développement du trafic de drogues de synthèse | ||
Dans une interview, Jérôme Fournel, directeur général des Douanes, constate une augmentation de 4000% des saisies douanières de drogues de synthèse en France entre 2009 et 2010. 15 kilos de méthamphétamine ont été interceptés en 2010 contre 100 grammes l’année précédente, alors que 983 000 doses d’ecstasy étaient saisies, contre 29.000 en 2009. « Les réseaux sont mobiles, très réactifs et en veille permanente. Dès qu'un produit est classé comme stupéfiant dans un pays, les trafiquants cherchent d'autres débouchés et lancent une autre substance quasi identique pour contourner l'interdiction. Ces trafiquants adoptent une démarche commerciale très offensive. Ils soignent le packaging et s'appuient sur le Net pour promouvoir leur marchandise. » L'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) fait le même constat d’une offre toujours renouvelée ce qui permet aux « designers drugs » de proposer des nouveaux produits (« legal highs ») non classifiés comme « stupéfiants ». |
En France, il a fallu attendre quelques mois de plus pour que la méphédrone, en vente en toute légalité sur Internet, soit finalement classée comme stupéfiant par l’Agence française de sécurité sanitaire (AFSSAPS). La 4-fluoroamphétamine, drogue de synthèse appartenant à la famille des amphétamines, n’a été classée comme stupéfiant qu’en avril après des saisies alors qu’elle est connue depuis plusieurs années dans d’autres Etats européen. L'OICS signale encore que l'Asie du Sud est devenue l'une des principales régions où les trafiquants se fournissent en produits chimiques pour les drogues de synthèse. Sources :
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Chimie + Internet : requiem de la prohibition ? | ||
Une illustration de la créativité des trafiquants est l’apparition des « sels de bains ». Ce produit à base de méphédrone (4-MMC ou M-CAT) et du méthylene dioxy pyrovalerone (MDPV), tous deux liés au khat, se présente sous l’aspect d’un produit de consommation courant, c'est-à-dire de sels de bain en tout point semblables à ceux qui sont en vente libre dans le commerce. Vendu en ligne entre 20 et 50 dollars le paquet, sous des noms comme « Ivory Wave », « Purple Wave » ou « Vanilla Sky », cette poudre chimique blanche peut être inhalée, fumée ou injectée. Il est aussi possible de la diluer dans un liquide à boire. Parmi les effets indésirables lié à des surdoses ont été observés des douleurs à la poitrine, une augmentation du rythme cardiaque, hyperthermie, de l’agitation, agressivité, des hallucinations, des délires, des crises paranoïdes, des évanouissements, et même des overdoses. Les « sels de bains » sont le résultat de la créativité des trafiquants pour contourner une loi fédérale américaine, l’Analog Act, qui stipule que toute substance aux propriétés voisines de celles d’une drogue interdite est elle aussi illégale si elle est destinée à la consommation, ce qui permet la poursuite des trafiquants même si le produit n’est pas formellement prohibé. Les trafiquants en déclarant leur produit d’ « impropre à la consommation humaine » - puisqu’il s’agit de « sel de bain » - échappent aux poursuites ! Une difficulté supplémentaire vient du fait que ces substances peuvent être achetées sur le net. |
En 2010, 170 boutiques en ligne ont été identifiées, dont 30 proposaient des « legal highs » et des champignons hallucinogènes, généralement avec un large choix de produits des deux groupes. Le rapport de l’OEDT met lui en avant l’apparition d’un nombre record de 600 « boutiques », vendant en ligne des substances psychoactives. |
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Poppers : interdiction totale | ||
Composés de nitrites d’alkyle, les poppers se présentent sous la forme de liquides très volatils contenus dans des fioles de 10 à 15ml. Ces substances produisent des vapeurs d’oxyde nitrique (NO) que les usagers inhalent pour leurs effets euphorisant de courte durée (quelques minutes). L’usage des poppers provoque également la relaxation des fibres musculaires lisses entrainant une dilatation des vaisseaux, une hypotension artérielle et une accélération du rythme cardiaque. D’après l’enquête ESCAPAD, la consommation est en hausse chez les jeunes de 17 ans (13,7 % en 2008 contre 2,4 % en 2000), favorisée par un prix modéré, un partage du produit aisé dans le cadre festif et une image de substance peu risquée. Des usages plus fréquents concernent la population homosexuelle masculine fréquentant des lieux de rencontres festives ou sexuelles. Les « poppers » contenant des nitrites de pentyle ou de butyle sont interdits en France et classés comme stupéfiants depuis 1990, par contre, d’autres, contenant du nitrite d’akyle ou de propyle, n’étaient pas réglementés et disponibles à la vente. Le décret du 29 juin 2011 a posé une interdiction générale des « poppers ». |
La consommation de nitrites provoque notamment une vasodilatation cérébrale, périphérique et génitale. Ces dérivés induisent également la transformation de l’hémoglobine en méthémoglobine impropre au transport de l’oxygène dans le sang, provoquant cyanose et hypoxie. D’autres effets sont également rapportés tels que sensations de chaleur, tachycardies, céphalées, nausées, vomissements, hypotensions, atteintes occulaires, malaises et collapsus cardiovasculaires pouvant conduire jusqu’au décès. Une étude de l’Inserm constate la baisse de vision accompagnée d’éblouissements consécutive à l’usage du « poppers ». En utilisant une technique d’imagerie rétinienne à haute résolution, les médecins ont détecté chez ces patients une dégradation des cellules photoréceptrices de la rétine, au centre de la macula. L’observation en cours de nouveaux cas semble montrer que le phénomène est réversible. |
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Ecstasy, kétamine : recherches sur leurs effets | ||
La revue Neuropsychopharmacologie (du groupe Nature) de mai 2011 publie une étude qui a porté sur des usagers ayant eu consommation importante d'ecstasy. Elle établit que la consommation d'ecstasy est associée à un changement chronique, durable, voire permanent de la fonction cérébrale. L’usage de l'ecstasy conduit à l'hyperexcitabilité (augmentation de l'activation) du cerveau et à une perte d’entrée de sérotonine dans les régions corticales et sous corticales. L’hyperexcitabilité suggère une perte d'efficacité du cerveau, explique le Pr Cowan, "car le cerveau utilise plus d’espace pour traiter une information ou exécuter une tâche." Plus inquiétant est le fait que ce changement dans l'excitabilité du cerveau ne revient pas à la normale chez les sujets qui n'avaient pas consommé d’ecstasy depuis plus d'un an. |
Une étude, publiée dans la revue britannique Addiction, et réalisée pour le compte du Independent Scientific Committee on Drugs (ISCD), conclus que les utilisateurs habitués de la kétamine (anesthésiant vétérinaire ayant des effets euphorisants et dopants), risquent de sérieux problèmes de mémoire à court et à long terme, d’addiction et de vessie (perte de contrôle de la vessie, cystite hémorragique). La kétamine est la 4e substance la plus populaire utilisé par les clubbers en Grande-Bretagne (le nombre de consommateur passe de 85.000 en 2006/2007 à 113.000 en 2008/2009) et son prix à chuté de 30 à 20£ entre 2005 et 2008. |
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Se soigner grâce aux champignons hallucinogènes, aux amphétamines et à l’ecstasy | ||
L’université de John Hopkins (USA) a publié une étude montrant que les champignons hallucinogènes pourraient avoir des effets bénéfiques sur le long terme. Les chercheurs ont réussi à trouver un dosage optimal pour éviter les « bad trip » et induire des expériences « psychédéliques » à des volontaires qui ont entraîné des bénéfices psychologiques de longue durée et leur ont permis de trouver une forme de paix intérieure. Les champignons hallucinogènes ont déjà étudiée pour le traitement des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), et les chercheurs souhaitent poursuivre leur recherche afin de soulager l’angoisse et la peur des cancéreux en phase terminale ou d’autres personnes qui doivent faire face à la mort. |
L’étude constate que les sels mixtes d'amphétamine provoquent des taux d'abandon inférieurs à ceux des autres formes d’amphétamines. Une étude publiée en ligne sur le site de la revue Investigational News Drugs, des chercheurs de l’Université de l’Australie de l’Ouest ont montré qu’en détruisant les cellules cancéreuses, une forme modifiée de l’ecstasy serait extrêmement efficace pour lutter contre certaines tumeurs cancéreuse. D’autres chercheurs de l’Université de Birmingham (Royaume-Uni) ont découvert que plus de la moitié des cancers du sang (leucémies, les lymphomes ou les myélomes) réagissait positivement aux psychotropes comme l’ecstasy. Ces derniers en modifiant l’état du système nerveux central permettaient de bloquer la croissance des tumeurs. Sources : |