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Therapy with Synthetic Opioids and Driving Aptitude S-D. Schindler and al. Eur. Addict. Res. 2004; 10:80-87 Introduction. Le Flyer N° 19, janvier 2005 |
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Opiacé et conduite automobile : un nouvel objet de recherche | ||
Parmi les substances psychoactives ayant fait l'objet d'étude concernant leur capacité à altérer les performances cognitives et psychomotrices, on trouve : les amphétamines, les anticonvulsifs, les antidépresseurs, les antihistaminiques, les antihypertenseurs, les antipsychotiques, les barbituriques, les benzodiazépines et le cannabis. D'une manière générale, leur administration 'aiguë' est suivie d'une détérioration des fonctions cognitives et psychomotrices. Les opiacés (morphine, codéine, méthadone, buprénorphine) n'avaient, jusqu'à récemment, pas été étudiés de manière exhaustive par rapport à ces effets. Il y a d'ailleurs peu d'études réalisées sur les risques liés à l'entreprise de certaines activités (conduire, faire fonctionner des machines complexes ou s'occuper d'enfants) sous l'influence des opiacés. |
Ceci peut paraître surprenant, car l'augmentation du nombre de personnes demandant et recevant de la méthadone ou de la buprénorphine pour lutter contre la dépendance à l'héroïne, ou pour lutter contre la douleur associée au cancer sont deux raisons pour lesquelles la communauté scientifique devrait s'intéresser à l'influence des opiacés sur les fonctions cognitives et psychomotrices. Il y a eu diverses études s'intéressant à cela chez des volontaires n'abusant pas des drogues, des volontaires abusant des drogues, et chez des patients utilisant les opiacés pour soulager leur douleur. Bien que plusieurs études aient démontré que les opiacés (morphine, buprénorphine et méthadone) n'altèrent pas de façon marquée les fonctions cognitives et psychomotrices, d'autres études ont montré que les opiacés peuvent prolonger les réponses à une tâche donnée, sans en altérer la précision.
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Les fonctions cognitives et psychomotrices sont peu touchées, mais. | ||
Il est également devenu évident que les fonctions cognitives et psychomotrices sont peu touchées chez les patients recevant des posologies stables d'opiacées pendant des périodes prolongées, suggérant un phénomène de tolérance.
En revanche, les patients doivent s'abstenir d'accomplir certaines activités lors des périodes d'augmentation de posologie.
La thérapie de maintenance par les opiacés est à l'heure actuelle une option thérapeutique importante et largement répandue. Malheureusement, lorsqu'elle est mise en oeuvre, le 'retour à la normale' des patients peut être gêné par les restrictions imposées pour la conduite au volant. |
Dans une étude récente, comparant des patients atteints de cancer et recevant de la morphine, et des patients atteints de cancer n'en recevant pas (pas de douleur), il a été démontré que l'analgésie avec des posologies stables de morphine ne présente pas de risque sur la conduite au volant. Il a également été suggéré que, même si les patients en thérapie de maintenance par la méthadone montrent quelques déficits lors des tests destinés à évaluer les fonctions requises pour la conduite, ces déficits ne sont pas suffisants pour avoir un impact significatif sur les résultats des tests. Cependant, les taux d'accidents et de risques d'accidents sont plus élevés chez les consommateurs de drogues. Ceci concerne des personnes qui conduisent sous l'effet de drogues prises de manière illicite et en dehors des programmes de traitement.
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Une étude : méthodologie de l'enquête | ||
L'objet de la présente étude est d'examiner l'influence de la méthadone, la morphine de synthèse ou la buprénorphine sur la capacité des individus à conduire un véhicule. Patients et méthodes 30 patients dépendants aux opiacés et traités en maintenance par la buprénorphine (N=15) ou la méthadone (N=15) ont été recrutés à l'hôpital de Vienne et leur aptitude à conduire évaluée au moyen du test ART (voir plus loin). Le test a débuté 22 heures après la dernière prise d'opiacé. Juste avant réalisation du test, des prélèvements sanguin et urinaire ont été réalisés, et les patients évalués pour symptômes de manque à l'aide de l'échelle de WANG. Les patients dont les scores étaient inférieurs à 4 étaient autorisés à se soumettre au test.
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Les investigateurs de l'étude ne connaissaient pas la thérapie propre à chaque individu. Les patients ont été comparés entre eux et à un groupe témoin du même âge, sexe et score concernant l'un des tests du ART (sur l'intelligence). Le test ART Le test ART (Act and React Test system) est une batterie de tests développée par l'ARSB (Austrian Road Safety Board) qui permet d'examiner les performances d'un individu en matière de conduite selon les critères suivants : résistance au stress, capacité d'orientation et d'observation, capacité de concentration et d'attention, comportement réactionnel et intelligence. Il est composé de 7 tests proposés sur une période de 90 minutes. |
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Résultats | ||
Résultats Comparaison Patients / groupe témoin Seulement deux des sept tests ont mis en évidence des différences significatives entre ces deux groupes (un test d'attention et un test mesurant la capacité de décision et réaction dans une situation 'dynamique').
Comparaison Patients buprénorphine / Patients méthadone Les mêmes différences par rapport au groupe témoin sont retrouvées pour le groupe méthadone. En revanche, un seul test a montré une différence entre le groupe buprénorphine et le groupe témoin (test d'attention). |
Comparaison Patients avec ou sans utilisation de drogues illicites
Il n'y a pas eu de différence significative entre les patients ayant consommé des drogues illicites (analyses urinaires positives) et les patients traités n'en ayant pas consommé. En revanche, certaines différences étaient significatives par rapport au groupe témoin (temps de réaction prolongé, nombre de réactions incorrectes augmenté, tendance à une capacité d'observation et d'orientation diminuée). |
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Discussion | ||
Dans cette étude, les patients traités par les opiacés en maintenance n'ont pas montré de déficit particulier pouvant altérer la capacité à conduire un véhicule.
Ces patients ont fait des performances un peu plus faibles dans seulement deux des sept tests. Ces plus faibles performances ne constituent pas des retards psychomoteurs ou des déficits de coordination : en fait, les patients étaient en général plus rapides dans leurs réactions que ceux du groupe témoin. Le groupe méthadone, et à un degré moindre, le groupe buprénorphine ont fait passer la rapidité de réponse avant l'acuité ou la précision. |
Les signes de manque n'ont pas été détectés avant la réalisation des tests, mais ont pu commencer à se faire sentir pendant la performance, et notamment pour ceux du groupe méthadone. Les capacités de conduite peuvent être différentes d'un opiacé à l'autre, notamment ici, les patients méthadone ont eu des temps de décision et de réaction plus lents que les patients buprénorphine qui n'ont eux, pas montré de différence avec le groupe témoin. Une certaine précaution est à prendre lorsque l'on compare les études entre elles, du fait des variations de posologie, durée des traitements et prises de drogues illicites, et aussi choix des tests évaluant la capacité à conduire
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Les patients ayant consommé des drogues illicites ont des fonctions diminuées | ||
Dans cette étude, les patients ayant consommé des drogues illicites ont des fonctions diminuées par rapport au groupe témoin, ce qui renforce l'importance de faire une recherche de consommation illicite dans de telles études. Les résultats de cette étude sont compatibles avec ceux d'études précédentes et stipulent que d'une manière générale, l'utilisation stable d'opiacés n'altère pas de manière significative la capacité à conduire un véhicule. Limites de l'étude : petite taille des échantillons, temps écoulé entre la prise de l'opiacé et la réalisation du test, consommation illicite de drogues. D'autres paramètres restent également à évaluer dans de futures études : la motivation, la fatigue et la personnalité des individus. Etre mobile est devenu indispensable sur le marché du travail d'aujourd'hui, et la possession d'un permis de conduire est un facteur clé dans l'obtention d'un travail et pour la réintégration sociale. |
C'est pourquoi il est primordial que des évaluations standard soient mises en place pour les patients prenant des opiacés.
A défaut, des restrictions sur la conduite sont instaurées, non basées sur des preuves scientifiques et pouvant donc être inutiles.
Les auteurs de cette étude ajoutent qu'à leur connaissance, cette étude a été la première qui renseigne sur les effets de la buprénorphine sur la conduite au volant. Il serait intéressant de réaliser une étude au pic plasmatique. Egalement, la comparaison à un groupe témoin positif (recevant une drogue connue pour altérer l'aptitude à conduire) permettrait de clarifier si les éventuelles baisses des performances des patients traités aux opiacés sont significatives d'un point de vue clinique et légal. |