SYNERGIE - Réseau Ville Hôpital

Violence

Prévenir la violence entre usagers et professionnels de première ligne 2/2

PRÉVENIR LA VIOLENCE ENTRE USAGERS ET PROFESSIONNELS DE PREMIÈRE LIGNE 2/2
Réflexion à partir d’expériences formatives auprès de professionnels de la Seine-Saint-Denis

Emmanuel Meunier, chef de projet à la MDPCR, Conseil Général de la Seine-Saint-Denis.
Martin Bakero Carrasco, Univ Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, CRPMS, EA 3522, 75013, Paris, France ; Univ Diego Portales, Magister de Psicoanalisis, Santiago, Chile
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Sommaire de la 2e partie

Retour à la 1ere partie de l’article : Prévenir la violence entre usagers et professionnels de première ligne 1/2 

 

 

II. Développer les habiletés pour gérer la violence et construire une intelligence collective dans les équipes


1. Violence, mécanismes de défense et postures individuelles du professionnel


A. La métaphore du « capital » de violences subies


B. L’ « entrepreneur » de la violence


C. La « force de travail » de la violence


2. Violence et intelligence collective des équipes


A. Des « moyens de production » de la violence

B. Des « superstructures » contenantes face à la violence

a) Le cadre, la Loi et la règle

b) L’autorité

c) La cohésion d’équipe

 

C.  la « superstructure culturelle », entre exutoire et exacerbation de la violence

D.  la « plus-value » de la violence

E.  le « capitaliste » de la violence

 

Conclusion

II. Développer les habiletés pour gérer la violence et construire une intelligence collective dans les équipes

La violence se manifeste comme une force qui vient paralyser la capacité à penser, le temps d’un instant (si l’on est frappé de stupeur) ou le temps de la situation (si l’on passe à notre tour dans un agir réactif qui nous met en miroir avec l’agresseur). L’enjeu est ici de relancer les processus de pensée, en développant sa propre capacité à évaluer la situation.

Le travail sur les mots ne vise pas seulement à développer une aptitude à décrire rétrospectivement une situation, mais aussi à favoriser la reconnaissance des émotions des protagonistes (tonalité agressive, haineuse, indignée…) et d’en déduire la nature des projections qui sont à l’œuvre.

 

Cette capacité d’évaluation permet, individuellement, de prendre du recul. Mais l’enjeu de cette formation est aussi d’aider les professionnels à développer une intelligence collective et à stimuler la recherche de réponses préventives.

Un outil que nous avons intitulé la métaphore du « capital de la violence », ainsi nommée en hommage à Karl Marx, nous permet à la fois d’identifier des déterminants des situations de violence ainsi que des compétences susceptibles d’être mises en œuvre par les professionnels pour les contenir. Cet outil facilite une investigation de la situation en termes de « tresse causale. »

1. Violence, mécanismes de défense et postures individuelles du professionnel

A. La métaphore du « capital » de violences subies

La première image de cette métaphore, est celle du « capital de violences subies ». Elle exprime l’idée que chacun d’entre nous dispose d’un capital négatif, constitué d’épreuves et d’expériences de violences subies, qui se sont accumulées en nous.

L’éducation et le processus de refoulement contribuent à cette accumulation : la violence subie, que nous renonçons à extérioriser, notamment en inhibant nos propres impulsions à réagir, reste en nous, et demeure en quelque sorte disponible pour être ultérieurement manifestée.

Bourdieu [1996] parle même de la « loi de conservation de la violence », notion qu’il emprunte à V Grossman [2010, p. 999] qui postule que toute violence subie est appelée à ressurgir sous une forme ou une autre, un jour ou l’autre. Certains, chanceux, ont un petit « capital » de violences subies et d’autres, malheureusement, ont accumulés au cours de leur histoire personnelle un gros « capital ».

Ce « capital de violences subies » peut être « thésaurisé. » Les violentés peuvent cultiver leur ressentiment, comme le décrit par Nietzsche dans sa « Généalogie de la morale » [2006, p. 35 / I, §10] : les violentés se « grandissent » moralement en développant le sentiment d’appartenir à une race de justes qui subit l’oppression d’une race de méchants.

La violence subie peut être valorisée sous forme de marqueur identitaire, comme le signale aussi I. Goffman [2007], lorsqu’il décrit le processus de « retournement du stigmate » qui permet au sujet de se valoriser grâce aux qualités pour lesquelles il est justement rejeté.Le processus dit de « victimisation » pousse à son terme l’identification du sujet à sa « condition » de victime.Ce « capital » peut se transmettre et s’accumuler d’une génération à l’autre : ainsi du ressentiment entre des familles rivales ou des peuples, qui peut perdurer pendant des siècles.

 

On peut d’ailleurs se demander si, à l’instar du psychotique – qui apparaît dans une famille après plusieurs générations d’individus ayant subit des situations de détresse psychique -, si les individus que nous nommons « violents » ne sont pas le fruit de situations de violences accumulées sur plusieurs générations [Dolto, 1988], qui ont transformée la violence en habitus, en unique mécanisme de défense face à la souffrance qu’engendre la violence.

Quelle posture le professionnel peut-il développer face à cet aspect de la situation de violence ? La prise en compte du « capital de violence subie » de son public favorise l’adoption, par le professionnel, d’une série de « postures » contenantes. La connaissance fine des heurts qui ont pu ponctués les parcours de vie facilite l’adoption d'une attitude prévenante. Elle aide le professionnel à déterminer, avec les publics, des objectifs et des projets réalistes, qui préviennent les mises en échec [Declerck, 2003, p. 325] (génératrice de désespérance et parfois de violences), qu’induiraient des objectifs à trop haut seuil d’exigence. La méconnaissance de ces parcours induit des attentes irréalistes chez le professionnel, qui génère une frustration, voir un ennui et un désinvestissement des publics qui « stagnent » et qui apportent peu de satisfactions. L’adoption de mécanisme de défense, comme la « distance » avec le public, peut se révéler à double tranchant. Si elle permet de prendre un recul nécessaire, elle peut aussi se muer en une forme d’anesthésie [Bensayag, Rey, 2008, p. 91] face à la répétition des mêmes situations de détresse chez un public, ou chez un même individu. Un tel désintérêt risque d’éveiller et de réactiver, chez les usagers, des sentiments d’abandon, de mépris, de dépréciation vécue précocement et de contribuer à la violence. En somme, entretenir sa capacité à investir son public, en valorisant sa propre capacité à aider les publics à atteindre des objectifs réalistes, semble une posture qui prévient le surgissement des tensions.

B. La métaphore de l’ « entrepreneur » de la violence

Pour fabriquer de la violence, il faut que notre détenteur d’un capital de violences subies se mue en entrepreneur, il faut qu’il « investisse » son « capital. » De même que Marx différentie plusieurs types d’entrepreneurs, comme les industriels, les banquiers et les commerçants, nous pouvons en différencier plusieurs types d’ « entrepreneurs de la violence ». Par exemple, l’homme agressif, l’homme haineux et l’homme indigné.

L’agressif, c’est celui qui veut s’affirmer face à autrui. Il extériorise un « Moi » tout puissant, passablement infantile, parfois appelé « moi idéal » [Lacan, 1948, pp. 667s].

L’haineux, pour pouvoir exister, voudra détruire l’autre et lui imputera des qualités négatives pour justifier ses attaques (1).

L’homme indigné, pour légitimer sa colère, convoquera les idéaux et les valeurs du groupe qu’il percevra comme menacés.

Quelle posture le professionnel peut-il développer face à cet aspect de la situation de violence ? Si cette violence m’est adressée, est-ce à « Moi », en tant qu’individu, que professionnel, que membre d’un groupe d’appartenance ? Est-ce « Moi » qui est attaqué ou le fait que je sois perçu comme un maillon d’un processus perçu comme violent (est-ce l’enseignant qui est attaqué ou l’apprentissage perçu comme pénible, dévalorisant et inutile par certains élèves ?) Et, ce que l’autre m’impute, existe-t-il en Moi ou le projette-t-il sur moi m’identifiant à des agresseurs auxquels il a été confronté par le passé (est-ce moi, quand j’exerce l’autorité, qui est attaqué ou une image parentale détestée ?)

Certains mécanismes de « défense » utilisés par les professionnels peuvent se retourner contre ceux-ci.

 

Pour se sentir plus puissant, le professionnel pourra prendre de la « hauteur » et parler au nom de l’institution, de la loi, de la morale, bref adopter une posture impérative et impersonnelle. Position risquée, car susceptible de produire un effet de miroir : la toute puissance de l’agresseur vient alors se heurter à la toute puissance du professionnel qui énonce implicitement « l’institution, c’est moi », « la loi, c’est moi », « la morale, c’est moi. » Posture qui risque de cristalliser sur lui toute l’agressivité, puisqu’il accepte d’« incarner » l’institution, la loi, la morale, c’est-à-dire ce qui frustre, ce qui contraint, ce qui juge... S’identifier au public n’est pas moins risqué car ce type d’identification génère tôt ou tard des conflits de loyauté intenables, le professionnel ne pouvant plus alors que trahir, ou ses obligations professionnelles, ou les attentes du public.

S’autoriser à être « soi-même » est pour nombre de professionnel un bon moyen de « casser » les projections. Etre soi (c’est-à-dire, par exemple, se manifester au travers de modalités d’accueil qui nous sont personnelles), permet de produire un écart entre ce que nous donnons à voir de nous-mêmes et l’image qu’autrui se fait « des gens comme moi ». En certaines circonstances, savoir énoncer ce que l’on ressent soi-même face à ce qu’autrui nous dit de lui, permet de rendre sensible notre empathie et de se décaler par rapport aux représentations qu’il se fait de professionnels « froids  et distants. » Etre capable d’expliciter le fonctionnement de l’institution et les raisons qui justifient telle ou telle contrainte ou bien de rappeler les limites de sa propre fonction, permet de prévenir l’émergence de sentiments d’injustice ou d’être méprisé.

C. La métaphore de la « force de travail » de la violence

La troisième image de notre métaphore est celle de « la force de travail de la violence ». Chez Marx, la force de travail s’apprécie, d’une part, comme une énergie extériorisée par le prolétaire et, d’autre part, comme une usure et une aliénation du prolétaire lui-même.

L’énergie de la violence est également ambivalente. La violence subie et accumulée peut être extériorisée sur autrui, mais aussi bien retournée contre soi, sous l’effet d’une culpabilisation, qui peut conduire à l’auto-agression. Les deux processus d’extériorisation et de retournement contre soi s’autoalimentent : l’extériorisation de la violence peut, dans l’après-coup, induire la honte, la culpabilité et l’autopunition. Mais on peut aussi s’agresser soi-même, voir se suicider, pour faire culpabiliser les autres. Les deux mouvements peuvent d’ailleurs s’entrelacer : par exemple l’abandonnique préféra faire son propre malheur en détruisant l’être aimé, plutôt que de s’exposer au risque d’être abandonné par l’être aimé et revivre la souffrance liée à des situations d’abandon précoce. Freud [1976, p. 133 ; 1985] identifie un profil psychologique qu’il nomme « criminel par sentiment de culpabilité », qui correspondant à des individus qui se sentent coupables sans savoir de quoi (culpabilité inconsciente), et qui passent à l’acte dans le seul but de donner une « raison » objective à leur sentiment de culpabilité. Ici, la culpabilité n'est pas la conséquence du passage à l’acte mais, paradoxalement, sa cause. La colère, dont Aristote [Reth., II, II, 1] nous dit qu’elle est à la fois une envie de se venger et une peine est un point nodal de ces deux mouvements opposés d’extériorisation de la violence sur autrui et de retournement de la violence contre soi.

Quelle posture le professionnel peut-il développer face à cet aspect de la situation de violence ? Pour répondre efficacement dans ce type de situation, le professionnel doit contrôler ses propres affects (agressifs, haineux, indignés…) qui pourraient l’amener à sur-réagir à la situation et à se placer « en miroir » avec l’agresseur. Mais il doit aussi contrôler sa propre tendance à culpabiliser, sa crainte paranoïde d’être jugé par ses pairs [Rojzman, 2008, pp. 109-112], sa honte de ne pas être à la hauteur. Les sentiments de honte et de culpabilité, lorsqu’ils envahissent le professionnel, tendent un autre miroir à l’agresseur, en donnant à voir un état d’angoisse que l’agressif tente justement d’étouffer en lui-même en se manifestant violemment.

Le mécanisme de défense qui consiste à s’affirmer comme hyper-compétent se révèle ici à double tranchant. Si l’affirmation des compétences satisfait le narcissisme du professionnel et rassure et impressionne (un temps) son public, elle rend délicate la gestion de la violence. Gérer la violence implique, en effet, de s’autoriser à fuir lorsque l’on se sent en danger, de reconnaître que l’on a pu se tromper, de penser sa responsabilité personnelle en interaction avec des responsabilités plus larges, celle du collectif de travail, celle de l’institution, ou celle de la société. Nombre de professionnels insistent ici sur l’importance d’une lutte contre l’isolement du professionnel, qui doit se sentir inclus dans une équipe et dans un réseau de partenaires.

Il y a des postures individuelles plus ou moins efficace face à la violence. Mais la qualité du vivre ensemble au sein d’une équipe est déterminante. Plus le vivre ensemble est dégradé, plus les professionnels ne sont contraints à adopter des mécanismes de défense puissants pour se protéger de la souffrance qu’engendre le travail. Plus l’anxiété est forte, plus le public est mis « à distance », plus le professionnel doit s’affirmer comme « compétent » face à un public « incompétent », moins il est possible d’analyser les situations et de prendre du recul.

Comme l’écrit C. Dejours [2011, p. 53] : « si la violence se développe, c’est toujours dans la logique de stratégies de défense contre la souffrance. » Conjuration de la souffrance par l’usager, qui agresse par crainte de revivre des souffrances déjà subie ; conjuration de la souffrance par le professionnel qui adopte des stratégies de défense massive face au public.

Or la stratégie de défense est toujours la plus fatale. Comme le dit très justement René Girard [2011, p. 52], « celui qui croit maîtriser la violence en organisant la défense est en fait maîtrisé par la violence. » Au lieu de traiter en amont le conflit, celui qui adopte une position défensive ne fait que différer l’affrontement, en lui laissant du temps pour qu’il se « charge » en intensité, en telle sorte que l’affrontement aura une violence décuplée.

2. Violence et intelligence collective des équipes

Le La gestion de la violence n’est pas – du moins pas exclusivement – affaire de compétences individuelles. Elle suppose une intelligence collective qui affirme du lien social, sous la forme d’un « esprit d’équipe », d’une cohésion du collectif de travail. C’est la qualité de ces liens interpersonnels entre professionnels et l’affirmation collective que la violence est un objet de travail commun qui peut s’avérer contenant dans bien des situations de violence.

A. La métaphore des « moyens de production » de la violence

La quatrième image que nous empruntons à Marx est celle des « moyens de production ». Les « moyens de productions » de la violence peuvent être très primitifs ou très sophistiqué. La violence peu être brutale, physique, grossière. Elle peut, au contraire, requérir de vrais savoir-faire, dans le maniement de la langue et le sens de la répartie, comme chez l’ironiste ou l’insolent, ou bien d’aptitude à contrôler autrui, comme chez le manipulateur ou l’harcelant. La violence peut aussi exercée individuellement, en « libéral », ou être collective et requérir des compétences pour mener tout un groupe.

 Le mode de production de la violence peut exercer sur le professionnel frayeur ou séduction, rejet de l’agresseur ou identification à l’agresseur (2), processus très dépendant des projections du professionnel sur son agresseur.

L’un saluera chez la brute son « franc-parler », quand l’autre rejettera ses manières de rustre. L’un détestera l’ironiste qu’il qualifiera de pervers, quand un autre avouera qu’il n’est pas dénué d’humour. L’un verra un chahut, là où un autre verra un lynchage. A l’intérieur de chacun de nous se manifeste une ambivalence, faites de sentiments de répulsion et fascination pour la violence, qu’atteste bien l’intérêt assez général des êtres humains pour les romans policiers, les films violents ou les faits divers. 

Les professionnels doivent prendre conscience de ce qu’ils projettent sur l’auteur de violence, aussi bien négativement que positivement. D’autant plus qu’il y a un fort risque pour les professionnels de se cliver selon leur ressenti de chacun. C’est ici qu’apparaît l’intérêt à développer une intelligence collective. Soit le groupe de professionnels se clivera, soit il tirera parti de la complémentarité de chacun de ses membres. Si l’un supporte, mieux que d’autres, tel genre d’énergumène... Et bien tant mieux, il pourra aisément prendre le relais. Et inversement, si l’un est particulièrement vulnérable face à tel type d’agresseur, il pourra passer le relais.

La régulation de la violence au sein d’une équipe nécessite des échanges sur les situations de violence, mais aussi sur le ressenti de chacun face aux différents types de violence.

B. La métaphore des « superstructures » contenantes face à la violence
a) Le cadre, la Loi et la règle

La cinquième image que nous empruntons à Marx est celle des « superstructures ». Le procès de production, chez Marx, est conçu comme se déroulant dans une société donnée, qui dispose d’un cadre juridique, politique et social. Ces cadres rétroagissent sur la production (droit du travail droit commercial, politique industrielle, subvention publique, syndicat).

Les cadres juridique, politique et sociaux rétroagissent sur les situations de violence et induisent des réponses institutionnelles spécifiques. Les institutions sont légitimes à intervenir face à la violence : laisser libre court à la violence, se serait laissé se créer un monde où nul ne pourrait avoir « confiance dans le monde » [Améry, 2005, p. 71]. La superstructure, c’est finalement l’ensemble des cadres qui créent les conditions nécessaires à l’éclosion de rapports de confiance suffisant entre les individus pour qu’ils puissent vivre ensemble et coopérer. Les cadres prennent leur sens dans la mesure où ils sont en accord avec une Loi générale qui énonce que nous devons, pour vivre ensemble, pouvoir établir des liens de confiance suffisant. 

Reste que cette Loi - parce que trop abstraite -, n’est écrite nulle part. Mais, les règles qui structurent les cadres sont là pour soutenir cette Loi. Les règles prescrivent des conduites auxquels ont se soumet pour préserver les liens de confiances réciproques. Les institutions ont développé une palette d’outils, comme la sanction, la discipline, l’interdit ou l’exclusion, pour préserver ces cadres. La sanction (dans la mesure où elle permet au sujet d’accéder à la culpabilité et à s’identifier à l’autre souffrant), la discipline (dans la mesure où sa contrainte est proportionnée à l’objectif d’aider l’individu à progresser avec les autres), les interdits ou le développement de l’autocontrôle de soi (dans la mesure où ils permettent d’accéder à la richesse des liens sociaux et affectifs) sont absolument nécessaire à la création d’espace sociaux où les liens de confiance sont possibles.

Reste que le « malfaisant » peut jouer des règles contre la Loi : la sanction peut se muer en une punition humiliante qui obligera à la soumission, l’autorité peut se muer en un autoritarisme qui inspire la crainte pour mieux dominer, les interdits peuvent se transformer en outils de répression de la différence.

Sans aller jusqu’à l’exemple du « malfaisant » qui se sert de la lettre de la règle contre l’esprit de la loi, il existe toujours un écart entre les règles - qui forment un cadre technique -, et les Lois qui forment un cadre éthique, un autre problème vient des attitudes normatives, conformistes et rigides, où on applique « bêtement » les règles. Il se peut même que le professionnel ait pour consigne d’appliquer « bêtement » les règles. C. Dejours [2000] définit la « souffrance au travail » en lien avec ce sentiment de ne pouvoir concilier le travail prescrit et sa propre éthique. La « professionalité » (3) consiste justement en une aptitude à accorder les règles et la Loi, le cadre technique et le cadre éthique, c’est-à-dire savoir appliquer les règles mais de manière assez souples pour qu’elles restent en accord avec l’esprit de la Loi. Par exemple, le cadre éthique de l’école recommande au professeur de former des citoyens, mais le cadre technique lui demande d’imposer le silence, de réprimer les bavardages et les chahuts, sans quoi il est impossible de faire classe. La « professionalité » du professeur, c’est celle de l’enseignant qui sait imposer le silence, pour faire cours, mais aussi pour pouvoir donner la parole à l’élève et lui donner la possibilité de se faire entendre.

L’intelligence collective du collectif de travail dépend de l’aménagement d’espace de dialogue entre professionnels, où l’application des règles peut être discutée et interrogée à l’aune d’une éthique collective et partagée. 

b) L’autorité

Le professionnel dispose d’une forme d’autorité vis-à-vis du public, qu’il convient d’interroger, car l’autorité peut facilement glisser vers l’autoritarisme, qui est toujours susceptible de générer de la violence. Le professionnel peut être amené, pour faire respecter le cadre de travail et le bon fonctionnement du service, à prendre des mesures d’ « autorité ». De telles mesures seront perçues comme acceptables si le professionnel dispose d’une « autorité » perçue comme légitime, c’est-à-dire fondée sur des compétences reconnues qui lui permette d’inspirer confiance. Le philosophe, Alexandre Kojève, dans « la notion d’autorité » [2004], distingue quatre formes d’autorité, celle du Père, du Maître, du Chef et du Juge, qui correspondent à quatre traditions philosophiques qui ont valorisée des compétences différentes. Transposée au cadre professionnel, l’autorité de celui que Kojève appelle le « Maître », renvoie au fait d’être compétent pour prendre des risques risque calculé au bénéfice de l’usager (par exemple l’encourager à faire une démarche dont l’issue n’est pas certaine, mais qui a de bonne chance de réussir en raison des bons conseils du professionnel).

L’autorité du « Chef » renvoie au fait d’être compétent pour aider l’usager à clarifier son projet et à mobiliser des ressources (internes et externes) qui en permettent la réalisation. L’autorité du « Juge » renvoie aux compétences qui permettent de produire de la réconciliation lors de conflits entre usagers, ou entre usagers et institutions. L’autorité du « Père » renvoie à une compétence qui permet d’expliciter le cadre éthique et le fonctionnement de l’institution, le sens qui préside à la création de cette attention. L’autorité personnelle d’un individu est toujours un mixte de ces différentes compétences. Certain, au sein d’un collectif de travail, sont plus ou moins doué pour intervenir en médiateur dans un conflit, d’autres sont plus doué pour expliciter posément le sens d’une mesure, quand tel autre se sentira l’assurance d’engager des démarches complexes et risquées... L’intelligence collective du collectif de professionnels dépend de la reconnaissance mutuelle de ces compétences et de la capacité des professionnels à percevoir leurs complémentarités et les appuis qu’ils peuvent mutuellement s’apporter.

c) La cohésion d’équipe

La cohésion du collectif de professionnels est nécessaire à la préservation du sentiment de confiance. Les « failles » dans les équipes favorisent les « attaques », mais, avant tout génère une perte de sentiment de confiance dans les professionnels. Se pose alors la question des processus par lesquels une équipe maintien sa cohésion. La désignation de bouc émissaire [Girard, 2006] est un moyen, aussi dramatique qu’éprouvé, de resserrer les liens, car elle permet de restaurer la bonne image de soi du groupe, par le rejet sur une personne des difficultés rencontrées qui dévalorise le groupe [Bion, 2006]. Le bouc émissaire est celui qui est désigné comme responsable de l’échec du groupe, soit parce qu’en le tirant vers le bas, il le déconsidère, soit parce que, perçu comme « trop vertueux », il le met échec en lui imposant des exigences inatteignables. 

L’intelligence collective du collectif de professionnel dépend ici d’une aptitude du collectif à accéder à une pensée critique et à des évaluations réalistes de ce que le groupe peut réaliser ou non. 

Si la rigidité est instituée dans le management de l’institution, elle s’imposera aussi dans son fonctionnement des professionnels vis-à-vis du public. Si l’autoritarisme est le principe de fonctionnement de la hiérarchie, la coercition avec le public sera inévitable. Si, pour gérer ses tensions internes, la désignation de bouc émissaire est le mode de fonctionnement adopté par l’équipe, alors le public subira des exclusions. La prévention de la violence implique une réflexion sur le management, voir la mise en place d’un management participatif.

C. La métaphore de la « superstructure culturelle », entre exutoire et exacerbation de la violence

La culture joue un rôle à part dans la pensée marxiste : elle est libératrice, en même temps que moteur d’idéologies qui fabriquent de la domination et de l’oppression.

Face à la violence, la culture, permet d’ouvrir des espaces où celle-ci trouve à se canaliser de manière socialement acceptables. Il en est ainsi de la fête qui autorise ponctuellement la transgression de certains interdits [Caillois, 1988]. Le processus de sublimation, chez Freud, rend compte du travail de la culture, qui permet, par exemple, de transformer une pulsion d’emprise enfantine, potentiellement cruelle, en une « pulsion de savoir », le savoir étant une manière socialement acceptable de dominer et de contrôler [Freud, 1962, p. 89 / II, §4]. Bion [1980 ; 2003] dit aussi qu'à coté des liens d'amour et d'haine, il existe un lien de connaissance, une curiosité de savoir, qu'il appel lien « K ». La culture créée des espaces d’exutoire qui permettent d’évacuer la violence sans dommage, de la transformer en combativité politique, en émulation sportive, en désir de se surpasser ou de dominer des objets théoriques. Elle crée aussi des cadres pour que l’affrontement reste réglé, dans des bornes acceptables, par exemple dans la compétition, la concurrence régulée, pour que l’émulation prime sur la destructivité.

Mais la culture peut aussi se muer en fabrique d’idéologies qui désignent des boucs émissaires, qui déprécie des groupes d’individus, qui exalte la guerre totale contre l’ennemi et qui promeut ma destructivité comme une puissance créatrice. Ces discours distillent une violence insidieuse : des enfants sont contraints à grandir avec une image dévalorisée de leur sexe sous l’effet de discours sexistes d’un père ou de discours haineux contre les hommes d’une mère. Des individus issus de groupes ethniques dénigrés sont contraints pour se protéger de rejeter une part d’eux-mêmes : des africains se blanchissent la peau, d’autres déprécieront leur culture, d’autres encore changeront de nom... 

Créer des espaces qui offrent des exutoires à la violence, des espaces où la plainte et la protestation sont possibles, des espaces de défoulement, favorise la régulation des tensions. Par contre, il convient de savoir être ferme face aux idéologies porteuses de haines et de discrimination.

D. La métaphore de la « plus-value » de la violence

Une autre image que nous emprunterons à Marx est celle de la « plus-value », c’est-à-dire de l’excès de richesse produite par le prolétaire et que le capitaliste s’approprie. 

Il y a, dans la violence, une « plus-value » qui prend la forme de l’excès, de l’emportement, de la surenchère, de la vendetta infinie. Il y a une logique de l’hostilité qui dépasse l’intention initiale des protagonistes.

Dans l’excès les protagonistes se laisse entraîner par la jouissance, ou l’extase, de rendre coup pour coup et d’être emportés vers un « on ne sait où » qui les dépasse. Les rivaux ne s’opposent plus pour un objet de désir, car pris dans logique du « désir mimétique », ce qu’ils veulent c’est prendre la place du rival (4).

Mais, la violence offre d’autres formes de plus-values, plus inattendues. Il arrive que l’auteur d’un acte de violence accède à la culpabilité (5) et qu’il entre dans un processus de réparation.

Il arrive qu’un acte de violence permette une prise de conscience collective de l’injustice d’une situation et que cet acte soit perçu comme un appel lumineux qui oblige à penser, libère la parole et ouvre la possibilité de changer la réalité. Il arrive que la répétition d’un même type d’acte d’agression par un sujet, permette au professionnel de faire un lien entre l’acte posé par un individu et un vécu traumatique et ouvre ainsi un espace d’interprétation sur le sens de ces actes d’agression (6).

La violence, par sa logique d’excès, doit ramener le professionnel à une certaine modestie. Plutôt que d’espérer la contrôler, il gagne à viser une « réduction des risques », une « réduction des dommages », une prévention de l’exacerbation des violences. Il est vain d’espérer pouvoir contrôler tous les facteurs susceptibles d’engendrer de la violence. Il doit aussi, quand la prévention échoue, rester attentif à la possibilité d’une « post-vention », c’est-à-dire se saisir des possibilités de réparation ou de tirer des leçons.

E. La métaphore du « capitaliste » de la violence

Le capitaliste est celui qui touche la plus-value du procès de production, celui a qui profite la production. Il peut être présent dans l’espace de production, à la manière d’un patron, ou tout ignorer de la production, à la manière du rentier ou du spéculateur.

De même les pervers savent se placer en bout de chaîne et capitaliser la violence. Le pervers ne se mêle pas à l’empoignade, mais il l’a suscite et en tire bénéfice. Sa présence est presque invisible. Il compte dessus, car plus la confusion règne, plus son pouvoir s’accroît. Son jeu est mortifère : ceux qui sont aux prises avec lui, ne peuvent l’atteindre, car il refuse la confrontation, et fera passer pour paranoïaque celui qui l’incrimine. Il y a des violences visibles qui attirent notre attention et des violences latentes, quasi invisibles, sans protagoniste agissant à visage découvert. Elles sont aussi destructrices – si ce n’est plus - que la violence manifeste du voyou.

Le professionnel doit avoir une vigilance égale vis-à-vis des violences « manifestes et bruyantes » et des violences « latentes et silencieuses. » C’est-à-dire, considérer non seulement les violences « latentes et invisibles » que subit son public, mais aussi celles qu’il subit lui-même. Le professionnel du social, de l’éducatif et du sanitaire ne doit pas perdre de vue que le néolibéralisme, dans son expression la plus radicale, désavoue son travail auprès des plus vulnérables qui est dénigré comme une forme « d’assistanat » qui entretient les « gueux » [Cordonnier, 2000] dans une misère dans laquelle ils se complairaient allègrement ! 

Il ne doit pas perdre de vue que pour une fraction de la classe dirigeante, les disfonctionnements des services sociaux, éducatifs et sanitaires sont presque souhaitables.

 

Conclusion

Cette formation sur quatre journées, nous l’avons élaborée avec les professionnels de Seine-Saint-Denis qui nous ont accordé leur confiance.

Nous l’avons systématiquement « dispensée » avec l’intention de rendre hommage à leur engagement sur des terrains difficiles, auprès des plus précaires et des plus vulnérables.

Le travail de première ligne devient de plus en plus difficile, notamment en raison du sentiment d’abandon social qui gagne une part grandissante de la population.

Répondre aux difficultés de ces publics exige du professionnalisme, une grande technicité. Mais aussi une professionnalité, c’est-à-dire un entremêlement des compétences professionnelles avec des compétences et ressources personnelles, sans lequel on ne reconquiert pas la confiance nécessaire à un travail efficace avec ces publics.

Notes et bibliographie
Notes
  
(1) Ces mécanismes de projection ont été étudiés par Freud, qui met en parallèle les projections négatives liées au sentiment de haine et les projections positives liées au sentiment amoureux (Introduction à la psychanalyse, ch. 26, Payot, Paris, 1965, pp. 404s). L’haineux projetterait sur autrui ce qu’il hait de lui-même, de même que l’amant projetterais sur autrui les qualités qu’il aimerait avoir pour lui-même, et qui lui permettrait de s’aimer pleinement (voir Psychologie des foules et analyse du moi, ch 8, in Essais de psychanalyse, Payot, Paris, 2005, pp. 197-199). Freud analyse selon le même principe le sentiment de jalousie (Sur quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité, in Névrose, psychose et perversion, PUF, Paris, 2008).

(2) La notion d'identification à l'agresseur a été principalement identifiée chez le petit enfant (voir notamment, Sandor Ferenczi, Confusion de langue entre les adultes et l’enfant, PBP, Payot, Paris, 2008). Ici, nous parlons d'adultes, il n'est pas question d'identification "directe" à l'agresseur, mais de l'écho que produit en nous l'agresseur et de sa capacité à réveiller en nous des identifications primitives à d’autres agresseurs.

(3) La notion de professionnalité permet d'interroger l'ensemble des compétences professionnelles mobilisées dans l'exercice d'une profession, sous le double point de vue de l'activité et de l'identité. Elle permet de comprendre comment se combinent, dans la pratique du métier considéré, les savoirs, les expériences, les relations, les contraintes..., que ces éléments de la pratique soient professionnels ou personnels ; elle est le lieu du savant équilibre entre les dimensions cognitives, institutionnelles, organisationnelles voire militantes et celles personnelles, subjectives engagées dans l'activité considérée. La notion de professionnalité permet donc d'insister sur les ressources, les attaches internes ou externes au monde professionnel qui contribuent à construire la compétence professionnelle, laquelle est indissociable a) des normes professionnelles auxquels les agents se réfèrent pour juger de la qualité et du sens de leur travail, b) des ressources dont ils disposent pour en assurer la réalisation et c) des situations concrètes d'action dans lesquelles ils sont pratiquement engagés.

(4) La question de la rivalité mimétique a surtout été développé par René Girard [1972, pp. 216-217], mais Freud [Psy. vie. Amour, 2005, p. 48] l'avait aperçu en observe « que la même femme peut d’abord passer inaperçue ou même être dédaignée aussi longtemps qu’elle n’appartient à personne, tandis qu’elle devient l’objet d’une passion amoureuse aussitôt qu’elle entre une relation désignée avec un homme ». Lacan reprendra cette question en posant que « le désir de l'homme trouve son sens dans le désir de l'autre... parce que son premier objet est d'être reconnu par l'autre », l'autre étant, ici, le père [1966]. Lacan soutient que le désir est toujours métonymique, en se construisant toujours comme un écho du désir de l'autre [2004].

(5) Mélanie Klein (L'amour, la culpabilité et le besoin de réparation) affirme l’importance capitale du processus d’identification (capacité à s’identifier à autrui, à se mettre à sa place) dans la naissance du regret et du besoin de réparer. La culpabilité joue donc un rôle essentiel dans la structuration de la relation à autrui. Freud (Totem et tabou) suppose que la naissance de la société coïncide avec l’apparition du sentiment de culpabilité chez les fils qui ont massacré le Père tout puissant qui dirigeait la « horde primitive ». Pour Donald Winnicott (Agressivité, culpabilité et réparation), paradoxalement, c'est « le sentiment de culpabilité permet à l’individu d’être méchant », et donc d’assumer et de domestiquer ses pulsions destructrices, puisqu’il sait qu’il pourra réparer les tords éventuels qu’il peut causer, de proportionner sa destructivité à ce qu'il peut réparer.

(6) Ce qui nous renvoi à la question de « l’acting out ». La notion d’acting out permet d’entrevoir que l’agresseur, par sa manière même d’agresser, raconte quelque chose sur ce qu’il a lui-même subit. L’acting-out vient donc à la place d’un souvenir, plus ou moins refoulé. L’acting out est une représentation qui « s’adresse » à un autre : celui qui agit attend, plus ou moins consciemment, que l’autre comprenne pourquoi il fait ce genre de chose, même si lui-même ne sait pas bien pourquoi il agit comme ça. C’est un appel à l’aide et à l’interprétation.
 
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