Des experts scientifiques de 13 pays d’Europe occidentale ont récemment achevé un examen des principaux enseignements tirés de la manière dont la pandémie de COVID-19 a été gérée. Deux résultats clés ont émergé. Premièrement, les taux de mortalité étaient plus faibles dans les pays qui ont pris des mesures précocement. Deuxièmement, la nécessité d’un système de surveillance capable de suivre rapidement la propagation communautaire d’un virus et son impact sur les hôpitaux a été identifiée.
En septembre 2023, l’Institut Pasteur a invité à Paris les experts impliqués dans la gestion de la crise du COVID-19 dans 13 pays d’Europe occidentale. Il s’agissait de faire le point sur la crise sanitaire et d’identifier les enseignements qui pourraient en être tirés pour se préparer aux futures crises sanitaires déclenchées par des pandémies. Ces discussions ont abouti à un document résumant les principales leçons apprises, récemment publié dans BMC Santé mondiale et publique.
Les experts ont comparé la surmortalité, standardisée selon l’âge et le sexe, par pays sur une période allant de janvier 2020 à juin 2022. La surmortalité cumulée observée sur cette période variait de 0,5 à 1 décès pour 1 000 habitants dans les pays scandinaves et en Irlande à 2,7 décès pour 1 000. habitants en Italie. En France, le taux était de 1,5 pour 1 000 habitants, ce qui place le pays à égalité avec la Suisse et l’Allemagne.
La principale conclusion est que les pays qui ont pris des mesures précoces, alors que les hôpitaux avaient encore des capacités, ont connu les taux de surmortalité les plus faibles et ont également mieux fait face en termes économiques.
Il est important de garder ces résultats à l’esprit pour d’autres pandémies et soulignent l’importance de disposer d’un système de surveillance capable de suivre rapidement la propagation communautaire d’un virus et son impact sur les hôpitaux. En prenant des mesures précoces, il est également possible de calibrer la réponse à une crise, en la gardant proportionnée à la menace sanitaire à laquelle elle est confrontée.
Dans un projet antérieur, Simon Cauchemez et son équipe ont estimé l’impact des interventions non pharmaceutiques (telles que les confinements et les couvre-feux), la vaccination, les conditions météorologiques et les variantes sur la transmission du COVID-19 en France. Un modèle statistique appliqué aux données hospitalières de 92 départements français entre mars 2020 et mai 2021 révèle :
- Les confinements et les couvre-feux ont réduit la transmission jusqu’à 73 % et 34 % respectivement ;
- La vaccination a eu un impact bénéfique, tandis que l’émergence de nouveaux variants et les conditions hivernales ont accru la transmission.