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Ville : Généralistes et Pharmaciens

Les difficultés de la substitution opiacée en médecine générale

LES DIFFICULTÉS DE LA SUBSTITUTION OPIACÉE EN MÉDECINE GÉNÉRALE
Dr Xavier AKNINE, Médecin Généraliste, CSAPA Emergence, Paris 13ème

Le Flyer N°45, décembre 2011

État des lieux des TSO en médecine générale dans le département de la Loire

L'étude présentée sur l'état des lieux de la substitution opiacée en médecine générale dans la département de la Loire est intéressante à plusieurs titres. Tout d'abord, au plan épidémiologique car il y a très peu d'études sur ce sujet en médecine générale alors que les médecins généralistes assurent 90% des prescriptions de TSO.


Sur les chiffres, on retrouve le phénomène habituel de concentration : 26% des généralistes assurent 80% des prescriptions de TSO.  

Le constat que l'âge du médecin ne modifie pas les pratiques est important car il montre qu'il y a très peu de mobilisation des jeunes généralistes pour la prise en soins des UD sous TSO et cela est préoccupant pour l'avenir car le manque de MG prescripteurs va s'accentuer dans les années à venir. La formation initiale universitaire n'étant pas assurée dans ce domaine, le seul moyen d'y remédier est de former les étudiants au cabinet, par des médecins généralistes qui sont maitres de stage, afin qu’ils acquièrent la maîtrise de la prescription de la méthadone et de la buprénorphine pour ne pas avoir peur de prescrire quand ils seront installés, s'ils s'installent un jour !

Nomadisme médical des patients

Sur le nomadisme, l'étude montre que seulement 14% des patients substitués ont un nomadisme médical avéré. L'écrasante majorité des patients est donc bien inscrite dans un suivi médical régulier avec leur généraliste.

Ce point est utile pour répondre aux détracteurs de la substitution toujours prêts à dégainer et à faire sensation dans la presse grand public.

Les freins dans la pratique médicale

Sur les freins exprimés par les praticiens, l'étude relève entre autres leur lassitude liée à la répétition des consultations : ce point est important mais il doit être rapporté au fait que la durée du suivi est

l'élément capital pour permettre au patient de parvenir à une amélioration de sa situation socio-familiale, judiciaire et de son état de santé global.

Renforcer le lien CSAPA - Médecine Générale

Sur ce point, le renforcement du lien CSAPA-MG me semble indispensable pour éviter l'isolement et l'épuisement des MG qui se plaignent dans cette étude du manque de retour des CSAPA : pas de réponse aux courriers des MG, pas d'information sur le devenir du patient. Ce constat doit nous interpeller sur notre pratique en CSAPA. Il n'est pas acceptable d'ignorer le MG en tant que soignant du patient usager de drogues. Dans combien de CSAPA, le nom du médecin traitant n'est pas noté dans le dossier quand la question n'est pas même posée au patient lors de l'entretien initial ?

Le patient n'appartient à personne ni à aucune structure, il s'inscrit dans un parcours de soins où chaque intervenant a sa place qui nécessite une communication entre l'intérieur et l'extérieur du CSAPA dans les 2 sens. La même remarque vaut pour la place des pharmaciens de ville dans le dispositif de soins des UD.

Encore merci à Lucie Boireau pour cette étude.