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Cannabis

Cannabis - Actualité 2011 - 1er semestre

CANNABIS - ACTUALITÉ 2011 - 1ER SEMESTRE 

L’actualité vue par la cyberpresse
par Emmanuel Meunier
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Epidémiologie

Selon l’OFDT, le cannabis est le produit illicite le plus consommé en France. En 2010, parmi les adultes âgés de 18 à 64 ans, environ un tiers (33 %) déclare en avoir déjà consommé au cours de leur vie. Cette expérimentation est davantage le fait des hommes que des femmes (41 % contre 25 %). L’usage actuel (dans les 12 derniers mois) concerne 8 % des 18-64 ans (11 % des hommes et 5 % des femmes), tandis que la proportion d’usagers au cours du mois (usagers récents) atteint globalement 4 %.

Ces usages touchent particulièrement les jeunes générations : 18 % des garçons et 9 % des filles de 18-25 ans sont des usagers récents (au cours du dernier mois), 9 % et 4 % respectivement sont des usagers réguliers (i. e. au moins dix fois au cours des trente derniers jours). 

Source :

Juin 2011. OFDT. Les niveaux d’usage des drogues en France en 2010

Le cannabis et le 3ème âge

La consommation de cannabis au 3e âge reste dans les statistiques françaises quasi nulle. Aux USA ont commence toutefois à observer l’apparition de papi et mamie pétard.

Le nombre des personnes âgées de 50 ans et plus qui ont consommé de la marijuana au cours des 12 derniers mois est passé d’1,9% en 2002 à 2,9% en 2008 et parmi les 55-59 ans, l’usage de marijuana a plus que triplé, grimpant de 1,6% en 2002 à 5,1% en 2008. Autant dire que les observateurs s’attendent à de nouvelles hausses du taux de consommateurs âgés avec le vieillissement des 78 millions des enfants du baby-boom nés entre 1945 et 1964.

Certains étaient consommateurs et ont continué, tandis que d’autres renouent avec la marijuana à l’âge de la retraite, à titre récréatif ou comme moyen de surmonter les maux et les douleurs liés à l’âge. Des personnes âgées invoquent l’aide que le cannabis leur procure face aux troubles du sommeil, les glaucomes, les dégénérescences maculaires, l’arthrite...

Et tout simplement pour le quotidien : “La nourriture a un meilleur goût, la musique sonne mieux, et le sexe est plus plaisant…”

En France, une retraitée sexagénaire, hémiplégique, a été condamnée 7 janvier par le tribunal correctionnel de Dieppe à une amende de 1.500 euros payable en dix mensualités, pour "usage illicite de stupéfiants". Elle a reconnue consommer depuis 1969 et justifier sa consommation actuelle en invoquant les effets thérapeutiques du cannabis. La retraitée a été dénoncée par une aide ménagère qui a découvert quelques grammes de résine de cannabis, glissés dans un courrier adressé à une amie âgée de soixante-quatre ans, en guise de cadeau d'anniversaire,

Sources :
08.01.11. Métro. Une mamie hémiplégique condamnée à une amende après quarante ans de fumette
24.02.10. Première Ligne (& Canadian Press). La marijuana de plus en plus prisée chez les seniors aux Etats-Unis

Le cannabis thérapeutique

Daniel Vaillant, député-maire PS du XVIIIe arrondissement de Paris, ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin, a présenté le 15 juin un rapport parlementaire intitulé « Légalisation contrôlée du cannabis » (voir « politique des drogues – actualité 2011 ») où la légalisation du cannabis thérapeutique est présenter comme une des pistes prioritaires de travail.

Au Canada, où le cannabis thérapeutique est déjà développé, les dispensaires de cannabis médical (aussi appelés « Clubs compassion ») se sont constitués en association nationale.

« Notre association est dédiée à faciliter la transition des dispensaires de cannabis médical vers un service de santé licite et réglementé », déclare un membre fondateur.

 

Sources :
31.05.11. Journal de Montréal. Cannabis médical. Création d’une association canadienne de dispensaires
15.06.11. Groupe SRC. Légalisation contrôlée du cannabis, Rapport du Groupe de travail parlementaire de députés SRC

Cannabis et risque psychique

De nouvelles études tentent de cerner la relation entre usage du cannabis et psychose.

Une méta-analyse de 83 études publiées, par le Dr. Matthew Grand, du Prince of Wales Hospital (New South Wales, Australie), publiée le 7 février par Archives of General Psychiatry. Ces 83 études ont impliquées 8.167 participants consommateurs de cannabis ou d'autres substances et 14.352 personnes non consommatrices. Les chercheurs ont comparé l'âge d'apparition de la psychose entre ces deux groupes.

La méta-analyse révèle que les personnes qui ont consommé du cannabis développent une psychose en moyenne 2,7 ans plus tôt que les non consommateurs, ont un risque 2 fois plus élevé d'hallucinations et 4 fois plus de délire. Plus la consommation avait été longue, plus le risque était élevé.

Le British Medical Journal publie en mars une étude de Jim van Os de l'Université de Maastricht (Pays-Bas) et de Robin Murray de l'Université King's College London qui ont suivi pendant 10 ans 1 923 adolescents et jeunes adultes allemands âgés de 14 à 24 ans qui n'avaient pas d'antécédents de consommation de cannabis et de symptômes psychotiques au début de l'étude. La comparaison entre consommateurs et non consommateurs de la cohorte, fait apparaître que la consommation de cannabis double le risque de symptômes psychotiques rapportés par les participants tels que délires, hallucinations, sentiments de persécution et ingérence de pensée. Le risque augmente de façon persistante avec une consommation régulière au cours des dix années.

Sources :
07.02.11. Santé Log. Cannabis : Risque de maladie psychique plus précoce
02.03.11. Psychomedia. Le cannabis augmenterait le risque de symptômes psychotiques

L’exercice physique comme « traitement » du cannabis

Il n’existe pas de traitement médicamenteux de la dépendance au cannabis. La revue hollandaise PLoS ONE a publié le 3 mars, une étude du du Vanderbilt Addiction Center qui montre que les «gros» fumeurs (sélectionnés parce qu'ils ne voulaient pas être traités pour ne plus être dépendants au cannabis et parce qu’ils admettaient une consommation moyenne de 5,9 joints par jour) ont réduit leur consommation de cannabis de 50% après avoir couru sur un tapis roulant lors de séances de 10 à 30 minutes, pendant deux semaines.

Des chercheurs britanniques ont découvert qu'une seule séance d'exercice de 10 minutes par jour pouvait aider à stopper l'envie de nicotine. Les chercheurs expliquent que l'exercice permet de produire des neurotransmetteurs comme la dopamine, le composé chimique qui met de bonne humeur et qui peut donc remplacer la cigarette.

Source :
09.03.11. Cyberpress.ca. L'exercice peut réduire la dépendance au cannabis

Développement de l’autoproduction

Plus de 47% de l'herbe fumée en France est produite sur le territoire. D’après l’OFDT, l’autoproduction reste marginale.  L’autoculture concerne 11% des usagers quotidiens, dont 1 % s’approvisionne de façon exclusive grâce à leur production personnelle. C’est parmi les usagers dans le mois les moins fréquents (i.e. ceux qui disent avoir moins de 10 usages dans le mois) que « l’autoculture exclusive » se révèle la plus élevée. Il est probable que, contrairement aux usagers réguliers ou quotidiens, il est plus facile pour eux de subvenir complètement à leur consommation avec leur propre culture.

L’autoproduction s’est développée aux Pays-Bas, dans les failles de la législation sur les coffee shop. Les coffee shop n’ayant le droit de stocker que 500 grammes de cannabis, ils ont besoin de se réapprovisionner fréquemment. D’après la police, l’approvisionnement est en général assuré par des gangs qui morcellent la production : ils paient des habitants aux revenus souvent très modestes pour transformer leur domicile en serre. Deux cents plants peuvent donner cinq récoltes par an, chacune rapportant 23 000 euros. Pour permettre à ces cultivateurs urbains de s’équiper en « box » éclairée et ventilée, en engrais, nutriments, substrats et graines (parfois vendues sous l’appellation de graine pour oiseaux de compétition »), 400 « growshops » (ou jardinerie) se sont créé en toute légalité.

 

En France des growshops, boutiques de jardinerie intérieure ou d'hydroponie, fleurissent dans les centres-villes. Selon les sources, on en dénombre entre 216 et 400, souvent des franchises. Officiellement, il n’est jamais question de cannabis. Pour Jean-Pierre Galland (CIRC) l'essor de l'autoculture est lié à la répression. Une magistrate constate en effet :  « Vous savez bien qu'on ne peut pas rentrer chez les gens sans motif. Donc, de fait, quand la culture de cannabis se pratique à l'intérieur, on ne peut pas faire grand chose. C'est principalement quand il y a une incidence avec une autre affaire que l'on tombe dessus et qu'on peut entamer les poursuites. »

Le passage de l’autoproduction à la production intensive s’observe. D’après la police hollandaise, les auto-producteurs n’alimentent pas que le marché intérieur : sur les 2 milliards d’euros produits chaque année, 90 % sont exportés. En février, pas moins de 700 pieds de cannabis ont été découverts dans un hangar du centre ville de La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Sources :
13.01.11. Courrier international. Des fournisseurs d’électricité en pétard contre le cannabis
29.05.11. Rue 89. Enquête : Cultiver votre cannabis maison ? Il y a des magasins pour ça
Juin 2011. OFDT. Les niveaux d’usage des drogues en France en 2010

Le « Spice », cannabinoïde de synthèse

Le spice est produits à partir de cannabinoïdes, produits chimiquement et non présent dans des plantes naturelles. Fabriqués en laboratoire, les cannabinoïdes dont introduits dans des mélanges d'herbes aromatiques. L’effet est réputé plus puissant que le cannabis et en outre il est indétectable au test salivaire. Le produit est interdit en France. Le rapport 2011 de l’ONUDC constate une disparité des législations.

Dans certains pays, le spice et d’autres produits de synthèse sont « vendus sur Internet et dans des magasins spécialisés, ces produits sont qualifiés de substances légales de substitution au cannabis, étant donné qu’ils ne sont pas placés sous contrôle international. »

En Belgique, un laboratoire qui produisait 600 kg de spice par semaine, soit 200 000 doses, a été récemment découvert.

Sources :
10.03.11. RTBF. Le cannabis de synthèse, plus dangereux, progresse et inquiète
Juin 2011. ONUDC. Résumé analytique : Évolution mondiale de la consommation, de la production et du trafic illicites de drogues