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Lancement Suboxone, à propos d'une dépêche de l'APM (rédaction du Flyer)

LANCEMENT SUBOXONE*, À PROPOS D'UNE DÉPÊCHE DE L'APM

 

Communiqué de la rédaction du Flyer (Mustapha BENSLIMANE, rédacteur en chef)

En tant que rédacteur en chef de la revue LE FLYER et au nom de ses membres qui font partie d'associations impliquées dans la réduction des risques ou qui sont impliquées de longue date dans le domaine de la pharmacodépendance aux opiacés, je tiens à réagir aux propos du représentant de la firme qui va commercialiser Suboxone® et qui ont été rapportés dans la dépêche APM du 17 janvier 2012.(propos du représentant de la firme ou interprétation de ses propos par le rédacteur de la dépêche)

Laisser penser que la commercialisation de cette spécialité va régler une grande partie du problème de l’injection, y compris de l’injection de Subutex®, ne repose sur aucune étude sérieuse. En effet, rien ne peut affirmer comme le dit la dépêche que « la naloxone supprime tout effet euphorisant en cas de consommation en injection ». Les études réalisées montrent plutôt que ce n’est pas le cas (étude de R. Bruce en Malaysie notamment) et que si l’effet de la buprénorphine est un peu contrarié en cas d’injection de Suboxone, il n’est en aucun ‘supprimé’. L’injection, plutôt que la prise sublinguale, reste un moyen efficace d’augmenter la biodisponibilité et les effets opiacés de la buprénorphine, y compris quand il s'agit de Suboxone.  

Dans le même esprit, affirmer que « Suboxone apporte une dimension psychologique et sociale supplémentaire, avec l'engagement du patient qui sait qu'une injection n'aura pas d'effet » nous parait relever du fantasme, tant sur l’engagement du patient que sur l’absence d’effet de l’injection.

Il nous parait que dans ce domaine de l’addiction, il faut se garder de sur-promesses. Suboxone a sûrement sa place sur le marché des MSO, mais comme l'a indiqué la Commission de Transparence et la groupe TSO de le Commission Addiction, ce n’est sûrement pas dans cette posture de ‘remède miracle à l’injection’.

Il est bon de rappeler que l'ASMR 5 obtenu auprès de la Commission de Transparence signifie que cette spécialité n'apporte pas d'Amélioration du Service Médical Rendu par rapport à l'existant, à partir de l'exemen des données de la littérature.

Cette Commission rappelle dans ses conclusions que " Suboxone, médicament supposé dissuader le mésusage intraveineux de la buprénorphine, reste un médicament de substitution potentiellement injectable. Les données cliniques déposées montrent que cette pratique reste présente pour une partie non négligeable des patients suivis."

A nouveau, penser régler le problème de l’injection en prescrivant des nouvelles solutions pharmaceutiques est peu crédible. En cas d’injection, l’ensemble de mesures allant dans le sens de la réduction des risques (réduction des dommages) doit être mise en œuvre avec pragmatisme et s’assurer de la fourniture de seringues stériles à des injecteurs de buprénorphine est probablement la première mesure à prendre. Autre mesure possible en cas d'injection de Subutex : le contrôle de la délivrance mais seulement s’il est possible (ce qui est loin d’être toujours le cas). Dans un second temps, le choix d’une alternative thérapeutique peut être discuté avec l’usager et surtout avec son accord et selon ses intentions et possibilités de renoncement à l’injection.

A cette étape, différentes solutions existent et, si l’on se réfère à la position de la HAS exprimée dans l’avis de la Commission de Transparence pré-cité concernant Suboxone, en cas de "difficultés à renoncer à l'injection", il semble préférable de recourir à la méthadone.

Pour autant, dans le domaine de l'addcition, l'arrivée de tout nouveau produit est essentielle, et permet des choix thérapeutiques différents aux médecins mais surtout aux patients !

cordialement
Mustapha BENSLIMANE

 

Lire la dépêche de l'Agence de Presse Médical sur le Suboxone*