LE SYNDROME DE SEVRAGE CHEZ LE NOUVEAU-NÉ DE MÈRE DÉPENDANTE AUX OPIACÉS Anne-Clotilde DEMAN, Lille |
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Le Flyer JUIN/JUILLET 2003 - Hors-série n°1. |
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PLAN | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
1. MECANISME 2. TABLEAU CLINIQUE 3. DIAGNOSTIC 3.2. ANALYSES COMPLÉMENTAIRES 4. PRISE EN CHARGE 4.1. LE NURSING 4.2. L'ALLAITEMENT 5. TRAITEMENT MEDICAMENTEUX 5.1. CONDUITE DU TRAITEMENT 5.2. LES MORPHINIQUES 5.2.2. Les dérivés morphiniques 5.3. ALTERNATIVES
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5.3.2. Le phénobarbital 5.3.3. La chlorpromazine (Largactil®) 6. APPARITION, INTENSITÉ ET DURÉE DU SYNDROME DE SEVRAGE : LES DIFFÉRENTS FACTEURS 6.1. LES OPIACÉS EN QUESTION En guise de conclusion Annexe 1 : Evaluation de la gravité du syndrome de sevrage selon Ostrea et al. Annexe 3 : Syndrome de sevrage néonatal : Score de Finnegan. Bibliographie |
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Introduction | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Dès lors qu'elle est en âge de procréer, une femme, qu'elle soit dépendante à l'héroïne, ou encore substituée avec la méthadone ou le Subutex®, est susceptible d'être enceinte. Tout au long de la grossesse, le foetus est imprégné passivement par les opiacés consommés par la mère (héroïne, morphine, méthadone, ou même codéine, dextropropoxyphène, …). Ces opiacés peuvent induire un syndrome de sevrage chez le nouveau-né.
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Il associe principalement des signes neurologiques, digestifs et respiratoires, les symptômes pouvant persister quelques jours à quelques mois (1, 2).
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1. MECANISME | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bien que les drogues utilisées et les retentissements cliniques de la toxicomanie chez l'adulte sont bien connus, on sait peu de choses sur les processus biochimiques et physiologiques gouvernant le syndrome de sevrage aux opiacés chez le nouveau-né (5). Les mécanismes en jeu font donc l'objet d'hypothèses discutées et restent, aujourd'hui encore, indéterminés (2).
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En 1994, Barr et Jones ont réussi à faire le lien entre certaines structures cérébrales de l'adulte (SNC) et des signes spécifiques du syndrome de sevrage (et notamment implication du locus coeruleus dans les symptômes physiques). Mais il n'y a pas de données concernant l'implication de cette structure cérébrale dans le sevrage du nouveau-né (5).
Par ailleurs, chez le nouveau-né, la barrière hématoencéphalique est immature et le métabolisme de la morphine est vraisemblablement différent de chez l'adulte : cette immaturité empêcherait-elle l'expression de certains signes ? On constate, par exemple chez l'adulte, et peu ou pas chez l'enfant, une augmentation de la pression artérielle par stimulation sympathique (SNA : Système Nerveux Autonome) ou une mydriase. Ainsi, le syndrome de sevrage n'est pas le même chez l'enfant : certains signes n'apparaissent pas ou apparaissent moins chez le nouveau-né (5). |
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2. TABLEAU CLINIQUE | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Signes neurologiques | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Lors de la prise en charge prénatale, une rencontre avec le pédiatre amené à suivre l'enfant paraît importante ; les symptômes attendus du syndrome de sevrage et leur prise en charge seront clairement expliqués pour faire de la mère un « partenaire » de soin de son enfant (6).
Les signes du syndrome de sevrage chez le nouveau-né sont classés en quatre catégories selon le système atteint : le système nerveux central (SNC), le tractus gastro-intestinal, le système respiratoire et le système nerveux autonome (SNA) (7, 8). Les signes neurologiques sont au premier plan du tableau clinique et existent dans pratiquement 100 % des cas (6, 9). Dès 1974, A. B. Soule a montré que les nouveau-nés de mère sous méthadone pleuraient beaucoup, présentaient une irritabilité neurologique, avec souvent des tremblements, de l'hypertonie. Il constatait une immaturité motrice et ces enfants semblaient répondre plus difficilement aux stimuli visuels qu'aux stimuli auditifs (certains bébés étaient incommodés pour fixer des yeux un élément, la taille de la pupille atteignant à peine la normale) (10). |
En 1975, M. E. Strauss retrouvait, dès la 48ième heure de vie, des nouveau-nés irritables mais ayant des capacités à se calmer ou à répondre aux stimulations peu différentes des autres nouveau-nés (11).
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Troubles du sommeil, trémulations, convulsions | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le nouveau-né présente des troubles du sommeil (insomnies, périodes de sommeil de plus en plus courtes) (8, 15, 16…). Des enregistrements électro-encéphalographiques montrent une réduction significative du temps de sommeil calme, mais une augmentation du sommeil à mouvements oculaires rapides (paradoxal) et du sommeil indéterminé par rapport à des nouveau-nés témoins (12).
Ce syndrome associe également des mouvements anormaux. Les nouveau-nés développent initialement, selon une fréquence moyenne à élevée, des trémulations bénignes qui progressent en sévérité (2). Au début, ces trémulations apparaissent seulement quand l'enfant est dérangé. Par la suite, elles surviennent spontanément sans aucune stimulation (13). |
D'après Lipsitz, les trémulations peuvent être assez sévères jusqu'à les confondre avec des crises d'épilepsie mais peuvent être contrôlées en tenant le bébé et représentent plus des mouvements myocloniques excessifs que de l'épilepsie (17).
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Signes digestifs | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
On observe chez ces enfants des signes digestifs notamment des troubles alimentaires et un réflexe de succion anormal (ces deux derniers étant représentatifs de dysfonctionnements du SNC pour certains (11) ou du tractus gastro-intestinal pour d'autres (14)).
En effet, la mère peut interpréter comme un signe de faim la succion frénétique du nouveau-né et nourrir le bébé pour le calmer. Dans ce cas, la sur-alimentation qui en résulte peut aggraver les symptômes gastro-intestinaux (22). |
Les régurgitations sont fréquentes. Des vomissements et des diarrhées liées à un hyperpéristaltisme intestinal peuvent survenir et entraîner éventuellement déshydratation et déséquilibre de la balance hydroélectrolytique (2, 13, 18).
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Troubles respiratoires et perturbations du Système Nerveux Autonome | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les troubles respiratoires sont représentés par une tachypnée ou polypnée (respiration trop rapide, > 60/min), une hyperpnée (respiration d'amplitude exagérée) pouvant amener une alcalose respiratoire (11, 12). Les désordres cardiaques se traduisent par des accès de tachycardie (18). Plus redoutable est la survenue d'arythmie respiratoire avec apnées entraînant des troubles d'hypoxie (18). On constate des cyanoses, un encombrement nasal (8, 14, 16). Les perturbations du Système Nerveux Autonome amènent à des bâillements, des éternuements (attribués à une excitabilité neurologique par l'AAP – American Academy of Pediatrics) (14). |
Une transpiration excessive est possible, ainsi qu'une température instable (hypo ou hyperthermie : fièvre). La peau de l'enfant pourra se couvrir de marbrures (1, 8, 11, 16…). Enfin, la peau du nouveau-né pourra s'altérer du fait des diarrhées ou du frottement sur les draps (hyperactivité). Ces excoriations cutanées toucheront le nez, les pieds, les genoux (7, 15, 16). On pourra observer des accès de rougeur cutanée, des hoquets, des larmoiements (1). Lors du sevrage du nouveau-né à l'héroïne, les symptômes les plus communs apparaissent suivant la fréquence reportée dans le tableau ci-après (7, 24) : |
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Fréquence relative (%) des signes du sevrage à l'héroïne
D'après Volpe JJ. 1987, Teratogenic effects of drugs and passive addiction. In Neurology of the Newborn, Volpe JJ, ed. Philadelphia : WB Saunders, 680. |
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Ces différents signes constituent ainsi le syndrome de sevrage, syndrome qui peut être bénin et transitoire, d'apparition retardée, ou de sévérité croissante.
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Les symptômes vont persister quelques jours à quelques mois, communément 8 semaines selon Franck et Vilardi, avec une irritabilité persistant pendant 3 à 4 mois (7). |
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3. DIAGNOSTIC | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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3.1. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL |
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Il est important de savoir penser au syndrome de sevrage quand l'intoxication est méconnue, devant l'association des troubles neurologiques, des signes digestifs et généraux étudiés précédemment. Mais distinguer les symptômes d'un sevrage d'une irritabilité du SNC résultant de désordres infectieux ou métaboliques n'est pas si évident : aucun signe clinique ne peut être attribué spécifiquement au syndrome de sevrage aux opiacés sans évaluation appropriée, test ou diagnostic visant à écarter d'autres étiologies (1, 14, 25c).
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La présence de certaines caractéristiques maternelles ou néonatales peut indiquer une analyse d'échantillons d'urine afin de vérifier l'exposition in utero aux opiacés (absence de soins prénataux, mort inexpliquée du foetus, travail précipité, changements importants d'humeur, avortements spontanés à répétition…).
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3.2. ANALYSES COMPLEMENTAIRES | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Comme on l'a déjà vu, les recherches toxicologiques dans les urines des nouveau-nés exposés in utero à une quelconque drogue se révèlent parfois infructueuses si la toxicomanie de la mère a été arrêtée plusieurs jours avant l'accouchement, ou bien lorsque les urines sont prélevées plusieurs jours après la naissance (27, 28).
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Les cheveux restent donc le seul milieu utilisable lorsque les enfants ne sont vus qu'après 3 ou 4 jours de vie, lorsque les selles ne sont plus méconiales, rendant même possible le diagnostic de l'intoxication foetale chez des enfants âgés de plusieurs semaines au moment de leur hospitalisation (28). En pratique, chaque type de prélèvement possède ses avantages et ses inconvénients :
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3.3. SCORES | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les scores, qui sont en fait des systèmes de codification, ont été développés pour contrôler le nouveau-né exposé aux opiacés et estimer ainsi objectivement l'apparition, la progression et la diminution des symptômes du sevrage, ainsi que leur sévérité. Certains permettent d'adapter le traitement du syndrome de sevrage aux opiacés.
Pour examiner les adaptations neurocomportementales des nouveau-nés de mères pharmacodépendantes, l'échelle de Brazelton a été très employée. Celle-ci évalue les réponses à des stimuli, les éléments comportementaux (sommeil, réveil, pleurs…), l'état neurologique (irritabilité, « consolabilité »,…), et le développement moteur. Par exemple, sont étudiées l'adaptation aux stimuli tels que lumière et sonnerie ainsi que la réponse à des stimuli animés et inanimés (visage, voix, hochet…). Trente-trois points sont évalués sur une échelle de 1 à 9. Le caractère « consolabilité » donnera un score faible quand le nouveau-né est inconsolable et un score élevé quand la seule présence d'un visage suffit à rassurer l'enfant. L'avantage de ce score réside surtout dans le large éventail d'attitudes étudiées. |
En 1974, A. B. Soule a testé ce score sur des nouveau-nés de mère sous méthadone et y a trouvé de l'intérêt pour le diagnostic précoce d'une addiction, également pour le suivi des enfants atteints, et les soins qui leur sont prodigués. Par exemple, cette étude a montré une réponse pauvre des nouveau-nés aux stimuli visuels.
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Echelles de Ostrea, Lipsitz, Finnegan | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ostrea classe le syndrome de sevrage en trois catégories : sévère, modéré, faible (Annexe 1).
Par exemple, on notera la sévérité des trémulations (quand elles existent) de 1 à 4 selon qu'elles sont faibles ou sévères, et provoquées ou non. |
Ou encore, des selles normales donneront un score de 0, des selles molles un score de 2, des selles liquides un score de 3.
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Scores : conclusions | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Parmi les méthodes reconnues, on compte celles d'Ostrea, Lipsitz et Finnegan :
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NB : notons que ces scores peuvent parfois manquer de précision pour des symptômes d'importance moyenne ( L. Franck et J. Vilardi, (7)).
En effet, indépendamment du système choisi, l'utilisation de scores permet une meilleure objectivité quant aux modes de prise en charge de l'enfant (notamment instauration et modifications d'un traitement) (14). |
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4. PRISE EN CHARGE | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le syndrome de sevrage est un moment difficile à vivre pour l'enfant et pour la mère car il perturbe les relations mère-enfant. Les enfants apparaissent difficiles, peu valorisants pour des mères elles-mêmes en souffrance… (1).
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En effet, les jeunes mamans sont souvent décrites comme « perdues, dépassées par les événements » ; certaines d'entre elles sont irritables, voire agressives, ou même incohérentes, refusant de se laisser examiner par exemple (30).
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4.1. LE NURSING | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ce « nursing » montre l'aspect psychologique du traitement du sevrage : pour un syndrome d'intensité faible à modérée (score de Finnegan < 7), le simple fait de s'occuper du nouveau-né, de le bercer (contacts maternels), améliore son état. Le traitement initial consiste donc à ce que la mère berce son enfant pour diminuer son irritabilité.
La ration de calories peut être évaluée quotidiennement afin de fournir les 150 à 250 cal/kg/jour nécessaire à la bonne croissance du nouveau-né souffrant de syndrome de sevrage (14). |
Si la ration alimentaire, hydrique et calorique, ne peut être prise de façon satisfaisante ou en présence de troubles digestifs, il faut recourir à l'alimentation entérale par sonde ou aux perfusions (sérum glucosé à 10 %, 100 ml/kg/jour enrichi de 2 mEq/kg/jour de sodium et potassium) (18).
On préviendra ou minimisera les complications telles que les excoriations cutanées par des draps doux (7, 13).
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4.2. L'ALLAITEMENT | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La méthadone, comme l'héroïne, passe dans le lait maternel, mais de faibles quantités sont détectées. Les doses ingérées par le nouveau-né sont donc faibles (11, 16). Ainsi, l'allaitement n'est pas contre-indiqué chez la femme sous méthadone, mais certaines recommandations de prudence s'imposent. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte :
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Afin d'éviter d'allaiter le nouveau-né lors du pic de concentration, certains suggèrent de donner la dose quotidienne de méthadone après une tétée et de nourrir l'enfant avec un lait pour nourrisson au repas suivant. Ceci réduirait alors la quantité totale de méthadone reçue par le nouveau-né (31). Ainsi, en cas de sérologies négatives et de toxicomanie bien contrôlée, certains conseillent l'allaitement. En effet, ses bénéfices immunologiques et relationnels sont essentiels.
Les avis diffèrent néanmoins, les quantités de méthadone dans le lait ne permettant pas de maintenir les concentrations auxquelles le foetus était exposés in utero (2, 33).
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5. TRAITEMENT MEDICAMENTEUX | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Actuellement, il n'existe pas de consensus concernant le traitement médicamenteux du syndrome de sevrage néonatal (9).
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Par exemple, aux Etats-Unis, la seule thérapie approuvée en 1998 par la Food and Drug Administration (US FDA) pour le traitement d'un sevrage aux opiacés est la méthadone. Néanmoins, en pratique, de bons résultats ont été rapportés avec d'autres médicaments, opiacés ou non : morphine, Elixir parégorique, ou encore diazépam, chlorpromazine… (8, 14, 23).
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5.1. CONDUITE DU TRAITEMENT | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La décision d'instaurer une médicalisation est individualisée en fonction de la sévérité des symptômes : Remarque : F. Hervé propose un traitement préventif chez tout nouveau-né de mère substituée (1).
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La majorité semble néanmoins initier un traitement médicamenteux lorsque le score de Finnegan est supérieur (ou égal) à 8 au moins à 2 reprises (pour S. R. Kandall, 3 scores consécutifs de 8 ou plus chacun) (1, 7, 8, 37) Le score est ensuite évalué (toutes les 3 à 4 heures selon les possibilités) pour adapter le traitement en fonction de l'évolution, et ceci de la façon suivante la plupart du temps :
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Critères d'efficacité thérapeutiques | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Dans tous les cas, seront estimés comme des critères d'efficacité thérapeutique (et ceci, en plus du contrôle des symptômes) : A. Bourrillon signale qu'en aucun cas, l'irritabilité, les trémulations ou les troubles du sommeil susceptibles d'être observés jusqu'à l'âge de 6 mois, ne sauraient à eux seuls prolonger la durée du traitement (12). |
Concernant la durée du traitement, celui-ci peut se prolonger jusqu'à 4 à 6 semaines, selon F. Hervé (1). Pour la majorité des auteurs, l'idéal est d'arrêter le traitement médicamenteux avant la sortie de la maternité.
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5.2. LES MORPHINIQUES | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
5.2.1. La morphine | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
En France, le nouveau-né est traité de façon symptomatique par de la morphine le plus souvent, sous des formes diverses.
J. Bouchez et C. Carlus recommandent la solution buvable de morphine base à 0.02 à 0.04 mg/kg toutes les 4 à 6 heures, soit environ 0,26 ml à 0,52 ml/kg/prise de la solution citée précédemment en exemple. |
La posologie peut être augmentée par paliers de 0,02 mg/prise (soit 0,26 ml/prise), et ce, jusqu'à la dose adéquate (qui est maintenue 3 à 5 jours) (11).
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5.2.2. Les dérivés morphiniques | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
D'autres morphiniques existent pour traiter les nouveau-nés.
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Ainsi, l'Elixir parégorique a une concentration d'environ 0.45 mg/ml de morphine base pour certains (11) ou 0,05 % (soit 0,5 mg/ml) pour d'autres, 10 gouttes représentant 0,1 mg de morphine selon A. Bourrillon, C. Lejeune, et C. Olivier (12). En France, on recommande l'Elixir parégorique à raison de 2 à 4 gouttes/kg toutes les 3 à 4 heures (en fait, 4 à 6 prises régulièrement réparties sur 24 heures), sans dépasser 12 gouttes/prise (soit 0,12 mg selon l'équivalence citée par Bourrillon) (6, 15).
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Etudes sur l'Elixir parégoriques | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
D'autres publications américaines recommandent de débuter par des doses de 0,2 ml (soit 0.08 mg) toutes les 3 heures. Cette dose peut être augmentée de 0.05 ml (0,02 mg) à chaque prise jusqu'à une dose maximale de 0,4 ml (0,16 mg) si le syndrome ne s'atténue pas. Une fois le nouveau-né stabilisé, la dose est maintenue 3 à 5 jours puis diminuée par paliers de 0,05 ml chaque jour. Le traitement peut être arrêté une fois le sevrage contrôlé pour une dose de 0,05 ml toutes les 3 heures, mais le nouveau-né doit être surveillé pendant un à deux jours à l'hôpital (S. R. Kandall, (8)).
Une fois l'enfant stabilisé, on réduit chaque jour les doses de 10 % par rapport à la dose quotidienne totale, en suivant la sévérité des scores. On arrête de traiter une fois la dose de 0,5 ml/kg/jour atteinte (0,2 mg/kg/jour) avec stabilité de l'enfant (8).
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En comparaison avec les nouveau-nés sous diazépam ou phénobarbital (que l'on verra plus loin) et selon l'AAP, les enfants traités avec l'Elixir parégorique présentent une assimilation améliorée des éléments nutritifs et un gain de poids supérieur. Les troubles de la succion semblent être corrigés plus vite qu'avec les autres médicaments (traitement plus « physiologique » avec un temps de succion et une pression meilleurs) (14, 24).
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La méthadone | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La méthadone a été utilisée pour traiter le syndrome de sevrage aux opiacés chez un petit nombre d'enfants aux Etats-Unis (la formule américaine contient de l'éthanol).
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Selon C. Martin, la méthadone a été employée avec de bons résultats mais moins constants que ceux obtenus avec l'Elixir parégorique, surtout en ce qui concerne la prévention des convulsions (18).
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5.3. ALTERNATIVES | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
D'autres médicaments peuvent être utilisés pour traiter le syndrome de sevrage, mais ceux-ci sont plus ou moins controversés (1, 37).
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Comme précédemment pour la morphine, les traitements seront adaptés en fonction de l'évolution du nouveau-né, évaluée toutes les 4 à 6 heures (1). |
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5.3.1. Le diazépam (Valium®) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
C'est une benzodiazépine (deuxième famille de médicaments utilisés après les solutions de morphine (15)), qui a l'avantage d'agir très rapidement (23). Les benzodiazépines agissent en potentialisant l'action du GABA (neurotransmetteur inhibiteur principal dans le SNC) au niveau des récepteurs benzodiazépiniques. L'ouverture du canal chlore est alors favorisée. D'où les actions myorelaxante, anxiolytique, sédative, hypnotique, anticonvulsivante et amnésiante (41, 42).
Cependant, certains problèmes relatifs à cette benzodiazépine sont soulevés (14, 23, 24) : |
- Des succions faibles lors des tétées et une sédation importante ont été rapportées.
L'American Academy of Pediatrics considère que le diazépam utilisé seul n'est pas efficace (réalisation d'essais comparatifs). De plus, elle formule quelques remarques concernant l'usage parentéral, s'il est pratiqué, et les additifs alors présents dans la formulation :
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5.3.2. Le phénobarbital | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bien que n'étant pas une thérapie de premier choix pour le syndrome de sevrage aux opiacés, le phénobarbital (Gardénal®) sera essentiellement utilisé en tant qu'antiépileptique pour traiter les crises convulsives avérées (11, 14).
Mais ce médicament n'atténue pas les signes gastro-intestinaux (1, 6, 14).
On conseillera d'ajuster la dose d'entretien en fonction de la clinique du bébé et du score (signes contrôlés ? sommeil excessif du nouveau-né ?…).
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NB : Certains proposent un relevé fréquent des taux plasmatiques de phénobarbital. Par exemple, une dose de charge de 16 mg/kg/jour, qui engendre des concentrations sanguines de 20 à 30 µg/ml, semble contrôler efficacement les signes du sevrage ; elle sera donc suivie de la dose d'entretien. L. P. Finnegan et K. Kaltenbach proposent alors de maintenir la dose 72 heures (pour un taux optimal de 20 µg/ml environ et un score inférieur à 8). Sinon, si le score est supérieur à 8, le phénobarbital sera administré toutes les 12 heures à 10 mg/kg jusqu'au contrôle des symptômes, ou un taux sanguin de 70 µg/ml, ou même jusqu'à la limite de la toxicité. S'ensuit la période stable de 72 heures puis la diminution progressive (de façon à entraîner une baisse des concentrations de 10 à 20 % par jour), et l'arrêt (taux plasmatiques en dessous de 10 µg/ml et score inférieur à 8) (8, 14).
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5.3.3. La chlorpromazine (Largactil®) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La chlorpromazine est un neuroleptique, de la famille des phénothiazines. Elle a donc des propriétés antidopaminergiques auxquelles est imputé son effet antipsychotique.
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La chlorpromazine peut être utilisée par voie orale aux doses de 1 à 3 mg/kg/jour en 3 ou 4 prises, avec une posologie maximale de 5 mg/kg/jour selon P. Benos (par exemple, 2 mg/kg/jour pendant 3 à 4 jours puis dose dégressive pendant 8 à 20 jours) (1, 6, 18).
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5.3.4. La clonidine | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Dans le cadre d'une cure de sevrage aux opiaces chez l'adulte, le produit le plus utilise est la clonidine (CatapressanR). C'est un agoniste alpha2 adrenergique qui agit sur les centres bulbaires et entraine une baisse du tonus sympathique peripherique et de la tension arterielle, avec bradycardie moderee (41, 42).
Dans un rapport de 1981, la clonidine semblait néanmoins diminuer les symptômes du sevrage, sans effet secondaire, chez deux nouveau-nés exposés in utero à la méthadone (7).
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Dans une étude de 1984, 6 de 7 enfants présentant les signes d'un syndrome de sevrage aux opiacés furent traités efficacement avec de la clonidine par voie orale (0.5 à 1 mg/kg en une dose, suivi de doses de maintien de 3 à 5 mg/kg/jour, administrées en 4 à 6 prises dans la journée). Certains des nouveau-nés furent soulagés dès la première dose. Les taux plasmatiques étaient de 0.1 à 0.3 ng/ml.
Le seul symptôme qui semblait réfractaire à la clonidine était le sommeil de mauvaise qualité. Une acidose métabolique moyenne, résolue spontanément ou par un changement du traitement, est apparue chez 2 enfants.
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6. APPARITION, INTENSITE ET DURÉE DU SYNDROME DE SEVRAGE : LES DIFFÉRENTS FACTEURS |
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Les nouveau-nés exposés avant la naissance aux opiacés présentent un taux élevé de syndrome. Ainsi, la fréquence du syndrome de sevrage varie de 55 à 94 %, selon les articles.
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Des éléments sont confondus (polytoxicomanie par exemple) et il est difficile d'apprécier chacun des facteurs de façon indépendante. De plus, les avis sont parfois disparates.
Dans un premier temps, nous verrons donc l'importance du sevrage en fonction des opiacés consommés par la mère, et dans un second temps, nous essaierons d'apprécier les autres facteurs pouvant être mis en cause. |
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6.1. LES OPIACÉS EN QUESTION | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Pour l'héroïne et autres opiacés à courte durée d'action, la majorité des signes surviennent en moyenne dans les 3 premiers jours, mais leur délai d'apparition est variable (parfois 2 semaines après la naissance) (1, 6, 8, 13, 37).
Le syndrome de sevrage semblerait d'installation plus progressive et plus tardive avec la méthadone : il surviendrait alors vers le 2ème ou 3ème jour, jusqu'au 10ème jour. |
Il peut même apparaître 2 à 3 semaines après la naissance et persister sous une forme atténuée jusqu'à 6 mois (11, 18, 19, 25, 38). Dans une revue de la littérature, J. J. Volpe compare ainsi les dates de survenue du syndrome de sevrage entre méthadone et héroïne ; il constate également une survenue plus tardive avec la méthadone (38) : |
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D'après Volpe JJ. Teratogenic effects of drugs and passive addiction. In : Volpe J.J. Ed. Neurology of the newborn. 2nd edition, 1 vol. Philadelphia : W. B. Saunders, 1987 : 664-97. |
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Méthadone | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le syndrome de sevrage retardé pourrait s'expliquer par la pharmacocinétique de la méthadone : stockage dans les tissus du foetus (et notamment au niveau du SNC) et clairance faible (12, 19). Mais les prévisions sont difficiles (variation de la clairance et de l'excrétion de la méthadone en période post-natale) (8, 11).
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Une aggravation de la symptomatologie digestive et neurologique est parfois décrite avec la méthadone (38).
Et les convulsions associées au syndrome semblent apparaître chez environ 1 à 3 % des nouveau-nés exposés à l'héroïne contre 5 à 10 % quand il y a eu exposition à la méthadone (8, 11, 19). De même, le syndrome de sevrage néonatal est au moins aussi fréquent, parfois plus intense, plus retardé et plus durable avec la méthadone qu'avec la morphine (6, 18). |
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Buprénorphine HD | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le syndrome de sevrage du nouveau-né à la buprénorphine est moins bien documenté et des investigations supplémentaires sont nécessaires. Néanmoins, le syndrome semble moins grave et moins long avec le Subutex®, ceci en comparaison avec la méthadone et en excluant les intoxications associées (1, 16, 36, 48).
NB : Concernant la durée ou l'intensité du syndrome de sevrage, reprenons ici les aspects pharmacodynamiques et pharmacocinétiques des molécules citées : |
- Le syndrome de sevrage chez l'enfant né de mère sous buprénorphine, de 1 à 8 jours, semble plus court que lesyndrome de sevrage à la méthadone (7 à 10 jours, voire plus). Le syndrome de sevrage à l'héroïne se manifesterait 1 à 4 jours.
Ceci s'expliquerait par la demi-vie des molécules : 2 heures pour l'héroïne, 24 à 36 heures pour la méthadone. Il est à noter que la méthadone se lie de façon importante à l'albumine et aux autres protéines plasmatiques et tissulaires, d'où effets cumulatifs et vitesse lente d'élimination (les urines ne seront exemptes de drogue qu'à 7 à 21 jours). Pour la buprénorphine, le schéma est plus compliqué : sa demi-vie est de 2 à 5 heures mais son élimination se fait sur 20 à 25 heures. Cette durée d'élimination est intermédiaire entre celle de l'héroïne et celle de la méthadone, ce qui expliquerait une durée de sevrage également intermédiaire (3, 4, 18, 19, 30). - G. Fischer souligne la forte affinité de la buprénorphine pour certains récepteurs opiacés, et il faut y ajouter le caractère très lipophile de la molécule. En découlent une très faible vitesse de dissociation, et par conséquent, un sevrage moins marqué que la méthadone. Elle souligne également la faible activité intrinsèque de cet agoniste partiel, comparativement aux agonistes purs comme la méthadone (d'où certains effets plus faibles) (3, 34). Probablement du fait de pharmacocinétiques différentes, Kandall cite généralement plus souvent, pour les enfants exposés à la méthadone, des traitements à des doses supérieures et pour des durées plus longues que les nouveau-nés exposés à l'héroïne (8). |
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Codéine | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La codéine entre dans la composition de nombreuses spécialités pharmaceutiques prescrites ponctuellement, particulièrement à visée antitussive ou prises dans le cadre d'une toxicomanie maternelle. Remarques :
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La dose de codéine a été estimée à 90 mg/jour. Les symptômes constatés étaient caractéristiques du syndrome de sevrage (trémulations, agitation, irritabilité, pleurs, tachypnée, fièvre, hypertonie, diarrhées…), bien que tous les signes ne se manifestaient pas (molécule et dosage en cause ?) (51).
Des symptomatologies similaires au syndrome de sevrage ont été décrites suite à une exposition intra-utérine prolongée à la pentazocine (Fortal®) (8, 18, 29). |
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6.2. AUTRES ÉLÉMENTS INTERVENANT SUR L'APPARITION, L'INTENSITÉ OU LA DURÉE DU SYNDROME |
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"Différents facteurs se confondent et sont diversement appréciés, du fait notamment des consommations erratiques de drogues, d'histoires maternelles imprécises, de méthodes diverses d'analyse pour détecter une exposition prénatale… (2).
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Pour J. Dashe, la dose maternelle de méthadone à l'accouchement est corrélée avec la probabilité d'apparition du syndrome. Ainsi, il lui semble être un avantage que de sevrer la mère avant l'accouchement (54).
En fait, des taux initialement élevés de méthadone provoqueraient cette diminution rapide, probablement par un mécanisme d'induction enzymatique et d'augmentation de la N-déméthylation et de la cyclisation de la méthadone dans le foie (13, 52). Et les pics sanguins seraient d'autant plus élevés que la posologie est forte lors de l'accouchement.
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Polytoxicomanie | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
En cas de polytoxicomanie impliquant des benzodiazépines et des barbituriques, le syndrome sera retardé (16).
La prise de cocaïne peut provoquer des lésions d'ischémie chez le foetus par vasoconstriction (38). |
Le tabagisme, quant à lui, aggrave le retard de croissance intra-utérin et le risque de souffrance anoxique foetale tardive (d'ailleurs, Fischer pose la question du rôle du tabac dans le syndrome de sevrage aux opiacés, car, dans l'une de ses études, les mères dont les enfants n'ont pas présenté de syndrome – ou alors un syndrome bénin – fumaient moins que les mères de nouveau-nés ayant présenté un syndrome (3)). L'alcoolisme foetal, en raison de son action délétère sur la morphogénèse cérébrale, augmente la tendance convulsivante, et peut entraîner une foetopathie (18, 38). Outre la nature du ou des toxiques déjà évoquée précédemment (méthadone, héroïne, alcool,…), les facteurs métaboliques favorisant les convulsions (hypoglycémie, hypocalcémie, …) doivent être envisagés (on pratiquera des examens approfondis à type de ponction lombaire, d'EEG, etc).
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Prématurité | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
On considérera les disparités possibles concernant le métabolisme et l'excrétion des drogues chez la maman et le nouveau-né. L'adaptation et l'expression des récepteurs opiacés au niveau du SNC du foetus puis du nouveau-né peuvent également jouer un rôle dans la manifestation du syndrome (3, 7, 14).
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D'après L. Finnegan, la maturité des fonctions métaboliques et excrétoires notamment joue un rôle important (2). Les prématurés excrètent généralement plus lentement les drogues : l'apparition du syndrome semble alors moins brutale (50). En outre, le métabolisme est retardé, l'adaptation neurologique altérée, le SNC immature, l'exposition totale moins importante du fait du temps de gestation raccourci, d'où des signes moindres à la naissance des prématurés (7, 11, 14, 25). |
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Remarque | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le système des scores ayant été développé chez des enfants nés à terme ou quasiment à terme, l'évaluation de la sévérité des symptômes semble être plus difficile chez les prématurés (les scores étant moins sensibles et alors inadéquats) (7, 14).
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Cet exemple rappelle également la variabilité de l'expression clinique et les difficultés de prévisions quant au syndrome de sevrage aux opiacés chez le nouveau-né.
Ces facteurs peuvent donc intervenir sur la séméiologie du syndrome de sevrage lors des premières semaines de vie. |
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En guise de conclusion | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Il est extrêmement difficile de fournir une synthèse précise à l'issue d'une analyse aussi large de la littérature internationale traitant de ce sujet. Cette analyse s'est volontairement voulue la plus exhaustive possible. Par ailleurs, il n'existe pas de consensus en matière de prise en charge du syndrome d'abstinence néo-natale de l'enfant né de mère pharmaco-dépendante aux opiacés. Toutefois les pratiques des services de néo-natalogie se sont affinées par l'expérience de ces prises en charge au cours des dernières années.
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Le nouveau-né est généralement traité par de la morphine per os, qui pour des raisons de simplicité d'emploi et de maniabilité a été globalement préféré aux autres traitements médicamenteux ; les posologies sont adaptées en fonction de l'expression des signes cliniques et par le biais des scores.
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Annexe 1 : Evaluation de la gravité du syndrome de sevrage selon Ostrea et al.
D'après A. Bongain, M. Huss, J. Y. Gillet : Toxicomanie et Grossesse. Rev. Prat (Paris), 1992, 42, 8, 1004-1009 |
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Annexe 2 : Score de Lipsitz.
D'après Lipsitz P. J., Clin Pediatr. 1975, 14, 6, 592-594 (17). |
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Annexe 3 : Syndrome de sevrage néonatal : Score de Finnegan. D'après Finnegan L. P . Neonatal Abstinence Syndrome : Assessment and Pharmacotherapy. Neonatal Therapy : An Update. Rubaltelli FF and Granati B. (Eds) Experta Medica, Amsterdam, New-York, Oxford 1986. (23) et (38). |
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Bibliographie | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
(1) M. VIBERT : Femme et Toxicomanie : Syndrome de sevrage du nouveau-né. Maternité-Hôpital Ste Croix, 16 octobre 1999, 5 p. (26) B. ROQUES : Effets des substances psychotropes chez la femme enceinte et le nouveau-né. Rapport au Secrétariat d'Etat à la Santé : La dangerosité des drogues. Editions Odile Jacob, chp 14, 252-254. |
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