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Le VIH et les hépatites en 2007

LE VIH ET LES HÉPATITES EN 2007
Par le Docteur Didier TROISVALLETS, Centre Hospitalier de Gonesse

Correspondances, Automne 2007
 
Le VIH, une infection en voie de stabilisation
Aujourd’hui la vedette des virus reste encore et toujours le VIH. En 2007 on estime qu’environ 150.000 personnes vivent avec le VIH. Et pourtant 300.000 fréquentent le VHB au quotidien et 500.000 vivent avec le VHC. En France, mille cinq cent personnes meurent chaque année du VIH, mais aussi 1.500 de l’hépatite B, et 3.000 de l’hépatite C. En 2007 l’infection par le VIH peut et doit être stabilisée, permettant ainsi une vie quasi-normale grâce à l’arsenal thérapeutique qui ne cesse de se renforcer. Une quinzaine de molécules, parfaitement efficaces, sont utilisées aujourd’hui, et plusieurs nouveaux médicaments vont arriver d’ici fin 2008 permettant de multiplier les angles d’attaque. L’arrivée d’un vaccin, en revanche, reste très improbable dans les années qui viennent..
 

Si les traitements sont aujourd’hui remarquablement efficaces, ils sont aussi beaucoup mieux supportés, avec notamment bien moins d’incidences sur la vie quotidienne (moins de modifications corporelles, moins de comprimés, moins de prises, et une excellente tolérance pour nombre d’entre eux). La vie familiale des personnes infectées se normalise également avec la possibilité d’enfanter à peu de risques pour les enfants (contaminations de moins de 1% des enfants, accès à la fécondation in vitro).

En fait, aujourd’hui, les patients ont récupéré dans leur grande majorité la maîtrise de leur destin, un traitement bien pris est un traitement qui marche, et cela dépend, certes du traitement choisi par le médecin, mais surtout et d’abord du patient.

VHB : l’importance du dépistage et du vaccin
Pour les porteurs de l’hépatite B, les possibilités de traitement sont moins avancées, les guérisons sont rares ; mais il existe un vaccin efficace, bien toléré, vraisemblablement sans risque et pourtant si décrié……. Il est également très important d’être dépisté.
 
Aujourd’hui, les traitements (il existe au moins quatre molécules efficaces, et d’autres sont à venir), peuvent souvent stabiliser l’infection comme dans le VIH, et parfois même la guérir. Enfin et surtout, le dépistage, là encore, rend maître de la propagation de l’infection qui est cent fois plus transmissible que le VIH.
VHC : amélioration et simplification des traitements
L’hépatite C enfin, c’est le gros morceau. 500.000 porteurs, 3.000 décès par an, de nombreux patients présentant une insuffisance hépatocellulaire, lourdement handicapés dans leur vie quotidienne. En France, la majorité des patients est infectée par quatre sous-types de virus de l’hépatite C. Le traitement repose sur l’association de deux médicaments, l’Interferon Pegylé à raison d’une injection par semaine, et un anti-viral, la Ribavirine, en prise bi-quotidienne pour une durée de 24 à 48 semaines en fonction du type de virus présent. Ce traitement a mauvaise réputation car il a été et reste souvent mal toléré, avec de nombreux effets secondaires, mais que nous avons appris à gérer, les arrêts de traitement étant ainsi devenus l’exception. L’indication du traitement est désormais plus simple à établir, de même que la surveillance.
 
En effet, la biopsie de foie qui était un examen redouté par les patients est aujourd’hui le plus souvent remplacée par une simple prise de sang (Fibrotest), et un examen mesurant a densité du foie (Fibroscan). Surtout, ce traitement permet de guérir au minimum 50% des patients infectés par l’un des deux virus les plus résistants ( génotypes 1 et 4) et plus de 80% des deux autres génotypes 2 et 3), alors …. Les traitements des mois et années à venir verront, comme pour le VIH, arriver de nouvelles molécules, ciblant le virus à différentes étapes de son existence. Ils seront également plus simples avec moins d’injections (deux par mois). Les méthodes d’évaluation seront affinées permettant d’envisager une diminution de 50% de la durée de traitement pour certains, mais aussi en cas de mauvaise réponse, un traitement plus long, voire des doses de médicaments plus fortes, pour améliorer le taux de guérisons.
Le rôle éminent de la prévention
En conclusion, en 2007, si on n’est pas porteur du VHB, on ne devrait pas pouvoir être contaminé car on devrait déjà être vacciné ! En 2007 on ne devrait plus découvrir sa séropositivé pour le VIH, lors d’une hospitalisation pour le SIDA ou lors d’une grossesse, car on aurait dû être dépisté avant, tant il est peu probable que l’on n’ait pas consulté au moins une fois depuis son adolescence ou son arrivée en France. En 2007 on devrait enfin connaître son statut pour l’hépatite C, pour les mêmes raisons, et être ainsi en situation de guérison possible avant la cirrhose et le cancer de foie ! Pour finir, un mot sur la prévention qui reste indispensable : seuls les préservatifs masculins et féminins protègent !
 
Concernant la circoncision dont on a tant parlé depuis le début de l’année, elle ne fait que retarder la survenue de l’infection en diminuant le risque à chaque rapport. Elle n’est qu’un mode de réduction du risque épidémique à une échelle de masse, mais elle n’a strictement aucune valeur titre individuel. C’est une fausse bonne nouvelle ! Plus que jamais, être dépisté permettra de récupérer la maîtrise de son destin. Centre de dépistage anonyme et gratuit à l’hôpital de Gonesse : 01.34.53.22.11./ du lundi au vendredi, le matin. Sites qui peuvent être intéressants à consulter : www.hepatoweb.com ; www.invs.sante.fr