Analyse bibliographique Dr Christine RIVIERRE, Marseille |
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Analyse bibliographique de : Cognitive-Motor Performance of Methadone-Maintened Patients M. Specka and al. Eur Addict Res 2000;6:8-19 Cognitive impairment among methadone maintenance patients S. Darke and al. Addiction (2000) 95(5), 687-695 Le Flyer N°14, nov. 2003 |
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Déficiences des facultés cognitives | ||
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L'utilisation de la méthadone comme traitement de la dépendance à l'héroïne est maintenant répandue et a prouvé son efficacité. Pour beaucoup de patients cependant, la question se pose de savoir si ce traitement aurait une influence sur leurs facultés intellectuelles et constituerait alors un handicap à leurs activités professionnelles (1). · l'overdose entraîne une hypoxie à l'origine de lésions cérébrales. Celles-ci peuvent entraîner un déficit permanent des fonctions cognitives (traitement des informations, mémoire…). |
· la dépendance à l'alcool, fréquente parmi les héroïnomanes induit des déficits de l'attention, une perte des capacités à gérer de nouvelles informations, une perte de la mémoire et des capacités d'apprentissage.
· la fréquence des traumatismes crâniens liée à la criminalité et parfois à un comportement agressif entraîne également un déficit des fonctions cognitives. Il est donc important de considérer d'emblée que ce n'est pas le fait d'appartenir au groupe MMT qui entraîne un déficit des fonctions cognitives, mais que ces patients constituent des sujets à risque de part leur plus grande exposition à des situations entraînant cette déficience (alcool, héroïne, criminalité) (2). Certaines études déjà réalisées sur le sujet sont parfois difficilement interprétables, en raison de l'impossibilité de comparaison à un groupe témoin, de la petite taille des effectifs, et de résultats inconstants et contradictoires (1). |
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L'étude de Specka and al. | ||
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Les buts de l'étude de Specka and al. (1) étaient de réaliser les mêmes tests que ceux d'études antérieures mais sur un effectif plus important, et d'établir si la différence observée entre les deux groupes testés pouvait s'expliquer par des facteurs émotionnels, pharmacologiques ou liés à la motivation : 54 patients en MMT et 54 sujets normaux servant de contrôle ont été inclus dans l'étude et questionnés entre autre sur d'éventuels troubles psychiques et l'utilisation d'autres médicaments, d'alcools ou de substances illicites. Il y avait 35 hommes pour 19 femmes chacun des deux groupes avec une moyenne d'âge de 29 ans et des degrés d'éducation variés mais similaires entre les deux groupes. |
Tous les participants à l'étude ont subi un examen comportant 6 tests de performance cognitive mesurant la capacité des individus à conduire un véhicule, mesuré par la vitesse de réponse et/ou la précision :
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Résultats et conclusions | ||
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- Les patients en MMT ont réalisé des performances inférieures à celles du groupe contrôle pour les test Q11, TT15 et RST3.
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Les résultats montrent que les fonctions visuelles et de réaction des patients en MMT ne sont pas atteintes, alors que le degré d'attention, l'orientation visuelle et la coordination œil/main est affectée. Il n'a pas pu être démontré si ces résultats étaient liés à la méthadone ou à d'autres causes.
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L'étude de Darke et al | ||
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La seconde étude, celle de Darke and al.(2) a été réalisée afin de déterminer l'importance du déficit des fonctions cognitives chez les patients en MMT et le lien possible avec certaines situations à risque fréquentes chez les toxicomanes (overdose, alcoolisme, traumatismes crâniens). Deux groupes ont été formés : 30 patients en MMT et 30 individus sélectionnés au sein d'une population non toxicomane. Une interview concernant les caractéristiques démographiques, des commémoratifs d'usage de drogues, d'overdose d'héroïne et de traumatisme crânien a été rempli et le degré de dépendance à l'alcool a été évalué pour chacun des individus. Ils ont ensuite subi des tests d'une durée de 90 minutes évaluant des paramètres liés à la fonction cognitive : l'intégration de l'information, l'attention, la capacité d'apprendre, la mémoire et la capacité à solutionner des problèmes. Un test de vocabulaire a été utilisé afin d'estimer l'intelligence pré-morbide, qui s'est révélée comparable dans les deux groupes. |
En ce qui concerne la prévalence des facteurs de risque d'altération des fonctions cognitives :
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Conclusions | ||
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On peut déduire de ces deux études que :
- l'appartenance au groupe MMT n'est pas une condition suffisante pour expliquer une déficience des fonctions cognitives et psychomotrices. Notamment, il faudrait également prendre en compte la consommation d'alcool ou d'autres drogues par chaque patient (1). - les patients en MMT réalisent de moins bonnes performances des tests évaluant les facultés cognitives (à l'exception de celui déterminant l'intelligence pré-morbide) (2). |
- certains facteurs à risque sont incriminés dans la baisse des facultés cognitives : les patients ayant une dépendance à l'alcool, ou ayant été victimes d'overdose ont des fonctions cognitives défectueuses (2).
- d'une manière générale, il n'y a pas d'influence de la dose de méthadone sur les résultats des tests (1,2). |