|
||
L'actualité vue par la cyberpresse
par Emmanuel Meunier
*
|
||
Vers une hausse des consommations de tabac chez les adolescents ? | ||
Si depuis février 2007, il est interdit de fumer dans les établissements scolaires et depuis mai 2009, la vente de tabac aux moins de 18 ans est également prohibée, des signes montrent que le tabagisme cesse de baisser chez les jeunes et tend parfois à augmenter. Selon l'enquête annuelle de « Paris Sans Tabac » (CPAM, rectorat, OFT), publiée mercredi 18 mai, le nombre de lycéens fumeurs, âgés de 15 à 19 ans, atteint 23% pour les garçons et 24% pour les filles (contre respectivement 18% et 20% en 2005) et le taux de fumeurs a également augmenté chez les collégiens parisiens âgés de 12 à 15 ans pour se fixer à 4,5% chez les filles et 3,8% chez les garçons (contre 3,2% et 2,6% en 2009). A l’âge de 14 ans, le taux de fumeurs quotidiens dépasse les 5% chez les élèves parisiens, à 17 ans, ce taux dépasse les 25%. L’enquête « Jamais la première cigarette » de la Fédération Française de Cardiologie auprès des élèves de primaire et les collégiens donne des chiffres supérieurs et contient sans doute des biais. Elle a néanmoins une valeur indicative : l’enquête rapporte que 9% des enfants de CM1-CM2 ont déjà fumé ou essayé de fumer une cigarette et qu’1/4 d’entre eux ont déjà vu un enfant de leur âge fumer une cigarette. 32% des collégiens fument ou ont essayé de fumer (autant chez les garçons que chez les filles). Parmi les fumeurs, 47% fument tous les jours, avec une minorité (8%) qui fument plus d’un paquet par jour (+ 6 points vs 2010). L’âge moyen de première expérimentation pour les fumeurs est 11 ans et 8 mois, soit celui de l’entrée au collège. |
Les enquêtes « Paris sans tabac » et « Jamais la première cigarette » montre également que le taux de tabagisme des élèves est étroitement lié au statut tabagique de leurs parents. Ainsi, 52% des enfants d'adultes fumeurs consomment du tabac à 18 ans, contre seulement 29% des enfants de non fumeurs. Outre l’influence de modèles parentaux, les stratégies marketing des cigarettiers pour recruter de nouveaux fumeurs sont à prendre en compte. Si la moitié des consommateurs décèdent prématurément, les cigarettiers, pour pérenniser leur activité, doivent recruter en moyenne 200.000 nouveaux fumeurs chaque année. L’enquête Jamais la première cigarette de la Fédération Française de Cardiologie auprès des élèves de primaire et les collégiens montre que si l’image du tabac reste très négative mais 57% des enfants relativise le danger et pensent qu’on peut fumer une première cigarette juste pour essayer et ne plus fumer après, ce qui représente 4 point de plus qu’en 2010, alors que la hausse avait déjà été de 10 point par rapport à 2009. S’agissant des collégiens, s’ils repèrent bien les effets de dépendance, de gêne pour soi et les autres, ils sont plus nombreux à percevoir un attrait de la cigarette : 60% (+10 points par rapport à 2010) des fumeurs associent tabac et détente ou évoquent un coté « agréable » (42%, +4 points). Sources : |
|
Tabagisme : origine sociale et statut tabagique des parents | ||
Une enquête auprès dune population de fumeur à visé à déterminer l’influence du statut tabagique des parents et l’influence du contexte social. Le risque d’être fumeur est plus élevé parmi les personnes dont le père était fumeur et, chez les femmes, parmi celles dont la mère était fumeuse (64,7% des fumeurs ont déclaré que leur père fumait lorsqu’ils avaient 12 ans et 8,3% que leur mère était fumeuse). Le tabagisme de la mère augmente également le risque, dans les mêmes proportions que le père, mais chez les filles seulement. L’influence de la profession du père est cependant indirecte, car le tabagisme est fortement associé au niveau d’éducation du descendant, celui-ci étant moins fréquent parmi les personnes ayant un niveau d’étude supérieur au baccalauréat, quelque soit leur origine sociale. |
Ce qui explique l’essentiel de la surprévalence du tabagisme chez les enfants d’ouvriers, qui font moins d’études longues. On perçoit deux « effets complémentaires », l’un lié au milieu social d’origine, effet indirect passant par la détermination du niveau d’éducation du descendant, effet qui tend à reproduire les inégalités face à la santé. Et, d’autre part, on constate un effet plus fortement lié au statut tabagique des parents. Cet effet d’influence s’observe plus particulièrement chez les mères actives et, notamment, celles qui occupaient des emplois de cadres et de professions intermédiaires. Par ailleurs, une étude précédente a montré un risque plus élevé d’initiation tabagique chez les enfants de milieux favorisés en France. Sources : |
|
Alcoolisation précoce | ||
Le contact précoce avec l’alcool est confirmé par les enquêtes européennes HBSC 2005–2006, et ESPAD 2007. En France, 59% des élèves de 11 ans ont consommé de l’alcool au cours de leur vie, 72 % à 13 ans et 84 % à 15 ans. La première ivresse survient en moyenne vers 14 ans chez les garçons et les filles, mais 9 % des garçons et 4 % des filles déclarent avoir été ivres pour la première fois à 11 ans (HBSC 2005–2006). Entre 2002 et 2006, les ivresses ont augmenté de manière significative : 30 % des élèves de 15 ans déclarent avoir été ivres en 2002, pour 41 % en 2006. Les ivresses avant 13 ans sont reconnues par 6 % des filles et 11 % des garçons en France. Le nombre d’hospitalisations pour ivresse chez les mineurs a été multiplié par deux entre 2002 et 2006. La précocité des ivresses est liée à de multiples facteurs, culturels, familiaux, lié au groupe de pairs. |
L’alcoolisation précoce est nettement préoccupante quand l’alcoolisation est un moyen pour l’adolescent de réinterroger la généalogie alcoolique familiale. L’étude souligne que le risque de dépendance à l’âge adulte pour l’alcool, et donc d’alcoolisme, semble très dépendant de la précocité de l’initiation. Il existe un très fort risque pour des initiations avant 14 ans. L’étude pointe les stratégies des alcooliers : les adolescents sont une des cibles importante du marketing des alcooliers qui développent des produits ciblés, en modifiant les goûts et les couleurs, en proposant des mélanges sucrés, des produits prêts à boire, des emballages spécifiques (maxicannettes ou minibouteilles d’apéritifs, etc.). Source : |
|
Alcool, consommation des jeunes en baisse et ivresse en hausse | ||
L’INJEP a produit une synthèse des études sur l’usage de l’alcool par les jeunes. Les consommations ponctuelles importantes (5 verres ou plus en une seule occasion) concernent près de la moitié des jeunes de 17 ans (49 %). |
L’écart de représentation sur l’ivresse, entre jeunes et adultes, est important. Les raisons de la consommation d’alcool reposent surtout sur le plaisir de la fête et la quête de l’ivresse. Dans l’ivresse rapide, parmi les bénéfices perçus évoqués par les jeunes, on peut noter qu’ils s’attendent à s’amuser beaucoup lorsqu’ils boivent. D’après eux, l’état d’ivresse favorise leur sociabilité (se sentir plus ouvert, amical), l’oubli de problèmes personnels et l’amélioration de l’humeur (se sentir heureux). Pour les jeunes, l’ivresse permettrait « la rencontre », « le contact », « l’échange », tous ces mots qui renvoient à l’autre, à un autrui sensible. Les adultes ont une perception très négative de type de consommation. Ce qui sous-entend que les jeunes ne sauraient pas bien boire, et qu’ils transgresseraient les codes implicites du boire adulte. Source : |
|
De la cocaïne à l'école primaire : un fait divers US | ||
Quatre élèves d'une école élémentaire de la ville de Washington, aux Etats-Unis, ont été brièvement hospitalisés jeudi après avoir sniffé ou ingéré de la cocaïne. L'encadrement a été prévenu par un des enfants. Ceux-ci ont été rapidement examinés par une infirmière de l'école et transportés à l'hôpital. Un enfant de l'école a été inculpé jeudi pour possession de substance illicite par le procureur de Washington chargé des délits commis par des mineurs. |
Le principal de l'école située dans le centre de la capitale, Albert Dupont, a envoyé une lettre aux parents indiquant que la police menait une enquête auprès de l'enfant soupçonné d'avoir apporté la drogue ainsi que de sa famille. Sources : |
|
Internet et la pratique excessive de l’ordinateur peuvent-ils sources de mal-être et de conduites à risque ? | ||
Les craintes vis-à-vis d’Internet qui allait bon train ces dernières années semblent se calmer. La notion « d’addiction » est très fortement relativisée (voir Conduites à risque - actualité 2010). Une enquête réalisée dans 25 pays auprès de 25 140 internautes européens âgés de neuf à seize ans, Financée par la Commission européenne, pilotée par la London School of Economics, avec le CNRS pour l'enquête française renforce ce sentiment. Internet fait partie du quotidien des jeunes Européens, qui sont 93 % à s'y connecter au moins une fois par semaine. Les 9-16 ans sont également adeptes des réseaux sociaux. 26 % des 9-10 ans sont inscrits sur un réseau social, et le chiffre passe à 81 % pour les 15-16 ans. Ils communiquent avec des personnes qu'ils connaissent déjà, et s’ils dialoguent avec inconnus c’est principalement lors de jeux en ligne. L'enquête révèle que 21 % des 11-16 ans disent avoir été confrontés à des "contenus malsains" en ligne, une catégorie large qui englobe aussi bien des messages de haine que des contenus traitant du suicide, de la drogue ou de l'anorexie. Ce chiffre est particulièrement faible en France, où il n'atteint que 14 %. Il y a un écart entre « contenus malsains » et ressentis « traumatisant » : les jeunes qui ont été perturbés par un problème sur Internet sont une petite minorité : seulement 8 % des 9-16 ans en France, et 12 % au niveau européen", note le CNRS. Le phénomène le plus mal vécu est le harcèlement en ligne : seuls 6 % des 9-16 ans disent avoir été victimes de ces messages et les deux tiers d'entre eux ont été "assez" ou "très" tracassés, sans toutefois générer d'angoisses durables, seuls 6 % des victimes y pensant pendant plusieurs mois. Le harcèlement sur Internet est relativisé par le fait que le harcèlement est plus fréquent en face à face (13 % des enfants) que sur Internet. |
Les parents ont tendance à surestimer le traumatisme que peut générer un contenu choquant. Mais, confiant dans leur enfant, ils sous-estiment largement les types d'expérience qu'ont pu connaître leurs enfants. Ainsi, 40 % des parents dont les enfants ont vu des images sexuelles pensent que cela ne leur est pas arrivé, et ce chiffre monte à 56 % pour les destinataires de messages agressifs. Une étude menée par des chercheurs de la Queen’s University (Canada), publiée dans le Journal of Preventative Medicine a cherché à déterminer si l’abus de l’usage d’Internet pouvait être corrélé avec un surcroît de conduites à risque, comme le tabagisme, l’ivresse, la non-utilisation des ceintures de sécurité, la consommation de cannabis et de drogues illicites et les rapports sexuels non protégés. L’étude a duré un 1 an, et a concerné 8215 jeunes dans les classes de la 6è à la 3è et de 1424 jeunes dans les classes de seconde à la terminale. Le nombre total d'heures par semaine de télévision, de jeux vidéo et d’utilisation de l’ordinateur a été calculé et les participants ont été regroupés en quartiles. Une utilisation démesurée de l’ordinateur, au delà de 4,5 heures par jour s’avère associée à environ 50% d’engagement supplémentaire dans ces conduites à risque. Les chercheurs estiment que les contenus d’Internet pourraient favoriser les conduites à risques. Source : |
|
Conduites à risque et sentiment d’être « différents » | ||
Le 7è Forum Adolescences, organisé par le Ministère de l’éducation Nationale, l’Inserm et la Fondation Pfizer pour la santé de l’enfant et de l’adolescent, se sont penché sur la relation entre sentiment d’être « différent » et sentiment de mal-être et conduites à risque en rendant public une enquête réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 808 adolescents âgés de 15 à 18 ans et 808 adultes de 25 ans et plus. La « différence » est une notion ambivalente pour les jeunes puisque pour la grande majorité d’entre eux, elle évoque la richesse, la fierté, tout en évoquant la non reconnaissance, l’incompréhension et le mal-être. L’étude montre en effet que dans leur vie quotidienne, «les ados se sentant différents» sont aussi les plus fragiles avec 44% ayant été exclus par les autres en raison de leur différence (vs. 13% des adolescents s qui ne se sentent pas différents), 57% ressentent des complexes physiques importants (vs. 39%), 68% se sont ainsi déjà sentis sous pression (vs. 48%) et 57% se sont déjà demandés s’ils étaient normaux, 51% souffrent de leur différence (vs. 19%), 49% d’entre eux se sont déjà sentis mal dans leur peau (vs. 24%). Les adolescents qui se sentent « différents » sont plus souvent en quête de conformité pour pouvoir s’intégrer au groupe et peuvent avoir recours à des comportements risqués ou provocateurs pour essayer de transformer leur mal-être en sentiment de « fierté ». D’où des comportements à risque, par la consommation d’alcool (43%), de drogue (14% vs 9%), la prise de défis risqués (27% vs 14%). 18.05.11. Santé Log. Adolescence : différence, apparence et prise de risque / Source: Communiqué 7ème forum Adolescences avec www.curiosphere.tv |
Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny reviens sur la question de la violence de jeunes filles dans les quartiers populaires. Si le nombre de filles présentées devant le tribunal pour enfants de Bobigny reste stable et le nombre de faits poursuivis commis par des « gamines » ne dépasse jamais la barre des 10% du total des infractions commises par des mineurs, il y a tout de même émergence d’un nouveau phénomène. Il observe : « La plupart du temps, elles sont d’origine nord-africaine ou sub-saharienne. Elles s’enferment volontairement dans un statut de mec. Elles veulent montrer qu’ « elles en ont entre les jambes ». Il faut dire qu’on les considère comme des objets depuis des décennies. On leur interdit de porter des jupes, de montrer leur affection à un garçon sous peine d’être traitées de « putes »… » 18.05.11. Elle. Gangs de filles : "elles s'en enferment dans un statut de mec" (par Jean-Pierre Rosenczveig) |