Maladie rénale chronique : défis en matière de sécurité des médicaments

Un adulte sur dix souffre d’insuffisance rénale chronique (IRC), une maladie caractérisée par une perte progressive de la fonction rénale. Une fonction rénale altérée peut avoir un impact sur le rapport risque/bénéfice de nombreux médicaments. Les personnes atteintes d’une maladie rénale chronique avancée doivent faire attention aux médicaments qu’elles prennent, car leurs reins ne fonctionnent pas aussi bien qu’ils le devraient. Certains médicaments ne sont pas du tout sûrs, tandis que d’autres nécessitent des ajustements de dose ou une surveillance stricte pour garantir leur sécurité.

La mesure dans laquelle des médicaments ou une surveillance potentiellement inappropriés sont administrés aux personnes atteintes d’IRC n’a pas été suffisamment évaluée, en particulier dans les soins de santé suédois. Dans sa thèse, le doctorant Alessandro Bosi du Département d’épidémiologie médicale et biostatistique a donc étudié la néphrotoxicité potentielle des médicaments et les profils risque-bénéfice des traitements chez les personnes atteintes d’IRC à travers une analyse épidémiologique des données de santé. Ici, Bosi discute de sa thèse :

Quels sont les résultats les plus importants de votre étude ?

L’une des principales conclusions de ma thèse est l’utilisation répandue de médicaments nocifs pour les reins chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC) et le manque de surveillance adéquate de la fonction rénale, malgré des directives médicales claires. Ne pas avoir de diagnostic formel d’IRC augmente considérablement le risque de se voir prescrire ces médicaments, soulignant la nécessité d’une meilleure reconnaissance et d’une meilleure documentation de l’IRC dans les dossiers médicaux. En outre, il existe un besoin urgent d’améliorer la façon dont les patients prenant des médicaments potentiellement nocifs sont surveillés, car les pratiques actuelles sont souvent inadéquates.

Mes recherches explorent également l’équilibre entre les bénéfices et les risques des médicaments, démontrant que la compréhension de ces compromis peut aider à personnaliser le traitement et à améliorer la sécurité des patients. Par exemple, certains médicaments plus récents contre l’IRC semblent plus sûrs en termes d’effets secondaires comme des taux élevés de potassium, tandis que d’autres peuvent présenter des risques inattendus qui méritent un examen plus approfondi. Ces résultats soulignent l’importance de sensibiliser les médecins et les patients, d’adhérer aux directives de traitement et d’affiner les politiques pour améliorer les soins et la sécurité des personnes atteintes d’IRC.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?

Je me suis intéressé à ce sujet lors de mes études universitaires en biostatistique, où le domaine de l’épidémiologie a suscité ma fascination. J’avais hâte d’explorer ses implications dans le monde réel plutôt que de me concentrer uniquement sur les aspects méthodologiques. Au départ, le domaine clinique spécifique n’était pas une priorité pour moi. Cependant, l’opportunité de travailler sur ma thèse au Karolinska Institutet avec le groupe de Juan Jesus Carreros m’a fait découvrir le domaine du rein, qui a progressivement retenu mon attention.

En continuant à travailler dans ce domaine, j’ai réalisé à quel point le domaine du rein est complexe et engageant, offrant de nombreux défis et opportunités pour améliorer les résultats pour les patients.

Cette expérience m’a permis de combiner ma passion pour l’épidémiologie avec une appréciation des aspects cliniques de la santé rénale, ce qui en fait un voyage profondément enrichissant. Avec le recul, je pense que c’était un excellent choix et un domaine qui offre d’importantes opportunités de recherche percutante.

Selon vous, que devrait-on faire dans les recherches futures ?

Pour améliorer les soins de santé et la recherche futurs, les lacunes identifiées dans cette thèse doivent être comblées. Il s’agit notamment d’améliorer la compréhension des méfaits liés aux médicaments, de clarifier les idées fausses sur les thérapies plus anciennes et d’explorer les avantages et les risques des traitements établis. Les recherches en cours devraient évaluer les changements dans les pratiques cliniques au fil du temps pour combler ces lacunes et évaluer leur pertinence dans les différents systèmes de soins de santé.

Des études à long terme sont essentielles pour comprendre les effets des thérapies prolongées comme le lithium sur la fonction rénale. De plus, il est essentiel d’étudier les raisons de la faible persistance du traitement, comme avec le SGLT2-i, et de trouver des moyens d’améliorer l’observance pour garantir des soins fondés sur des données probantes. Les résultats générant des hypothèses issus de cette thèse, tels que les associations potentielles entre les médicaments et l’AKI, mettent en évidence le potentiel des méthodes statistiques avancées dans la recherche en soins de santé, mais nécessitent une validation plus approfondie avant d’influencer la pratique clinique.