Il existe un fil conducteur qui relie notre expérience des pandémies au cours des 700 dernières années. De la peste noire au 14e siècle à la COVID au 21e siècle, les autorités de santé publique ont mis en place des mesures d’urgence telles que l’isolement et la quarantaine pour arrêter la propagation des maladies infectieuses.
Comme nous l’a appris la COVID, ces mesures bouleversent des vies dans le but de les sauver. Dans un passé récent et lointain, elles ont également donné lieu à des troubles collectifs, à de la confusion et à de la résistance.
Alors, après tout ce temps, que savons-nous du rôle que joue la communication en matière de santé publique pour aider les gens à comprendre et à respecter les mesures de protection en cas de crise ? Et plus important encore, à une époque de désinformation et de méfiance, comment pouvons-nous améliorer les messages de santé publique en cas de pandémie future ?
L’année dernière, nous avons publié une revue Cochrane explorant les données probantes mondiales sur la communication en matière de santé publique lors d’épidémies de COVID et d’autres maladies infectieuses, notamment le SRAS, le MERS, la grippe et l’Ebola. Voici un aperçu de ce que nous avons trouvé.
L’importance de la confiance du public
Un thème clé qui émerge dans l’analyse de la pandémie de COVID à l’échelle mondiale est la confiance du public – ou son manque – dans les gouvernements, les institutions publiques et la science.
De plus en plus de preuves suggèrent que les niveaux de confiance dans le gouvernement étaient directement proportionnels à une diminution des infections au COVID et à des taux de vaccination plus élevés dans le monde. Il s’agissait d’un facteur crucial dans la volonté des gens de suivre les directives de santé publique et constitue désormais un élément clé de la préparation à une future pandémie.
Ici en Australie, la confiance du public dans les gouvernements et les autorités sanitaires s’est progressivement érodée au fil du temps.
Les premières informations fournies par les gouvernements et les autorités sanitaires sur la crise actuelle du COVID, les risques personnels et les mesures de protection obligatoires étaient généralement claires et cohérentes dans tout le pays. La création du Cabinet national en 2020 a marqué l’engagement des gouvernements des États, des territoires et fédéral en faveur de politiques et de messages de santé publique fondés sur le consensus.
Au cours de cette première phase d’unité relative, les Australiens ont fait état de niveaux plus élevés d’appartenance et de confiance dans le gouvernement.
Mais à mesure que la pandémie avançait, la confiance du public a chuté en raison de stratégies pandémiques contradictoires entre les États et le gouvernement fédéral, de jeux de reproches et de la fragmentation déroutante des messages de santé publique. La divergence entre les politiques de confinement et les messages de santé publique adoptés par Victoria et la Nouvelle-Galles du Sud en est un exemple, mais il y en a bien d’autres.
Lorsque les gouvernements des États, des territoires et fédéral ont des politiques contradictoires en matière de mesures de protection, les gens sont facilement confus, perdent confiance et deviennent plus difficiles à engager ou à convaincre. Beaucoup se détournent de la politique partisane. Le respect des mesures de santé publique obligatoires diminue.
Notre recherche a révélé que la clarté et la cohérence des informations étaient des éléments clés d’une communication efficace en matière de santé publique tout au long de la pandémie de COVID.
Nous avons également constaté que la communication en matière de santé publique est plus efficace lorsque les autorités travaillent en partenariat avec différents publics cibles. À Victoria, l’affaire intentée contre le gouvernement de l’État pour le verrouillage instantané des tours de logements sociaux est un récit édifiant qui souligne à quel point une communication réfléchie, adaptée et bidirectionnelle est essentielle avec diverses communautés.
Lutter contre la désinformation
La désinformation n’est pas un problème nouveau, mais elle a été renforcée par l’avènement des médias sociaux.
Le médicament « miracle » tant vanté, l’ivermectine, est typique de l’extraordinaire traction des traitements non éprouvés acquis localement et mondialement. L’ivermectine est un médicament antiparasitaire pour lequel il manque des preuves de virus comme le COVID.
Le régulateur australien des médicaments a été contraint d’interdire les prescriptions d’ivermectine pour tout autre usage que celui prévu, après qu’une forte augmentation du nombre de personnes recherchant ce médicament ait déclenché des pénuries nationales. Les hôpitaux ont également signalé des patients faisant une surdose d’ivermectine et des cocktails de « remèdes » contre le COVID promus en ligne.
La Commission du Lancet sur les leçons de la pandémie de COVID a appelé à une réponse internationale coordonnée pour lutter contre la désinformation.
Dans ce cadre, il a appelé à des informations plus accessibles et plus précises et à des investissements dans la culture scientifique afin de se protéger contre la désinformation, y compris celle partagée sur les plateformes de médias sociaux. L’Organisation mondiale de la santé élabore des ressources et des recommandations à l’intention des autorités sanitaires pour lutter contre cette « infodémie ».
Les efforts nationaux pour lutter directement contre la désinformation sont essentiels, en combinaison avec des efforts concertés pour améliorer les connaissances en matière de santé. L’Association médicale australienne a appelé le gouvernement fédéral à investir dans la publicité en ligne à long terme pour contrer la désinformation sur la santé et renforcer les connaissances en matière de santé.
Les personnes de tous âges doivent être équipées pour réfléchir de manière critique à la provenance et à l’origine de leurs informations de santé. Avec l’essor de l’IA, il s’agit d’une priorité de plus en plus urgente.
Regarder vers l’avenir
Les ministres australiens de la Santé ont récemment réaffirmé leur engagement envers le nouveau Centre australien de contrôle des maladies (CDC).
Du point de vue de la communication scientifique, le CDC australien pourrait fournir une voix indépendante en matière de preuves et d’informations fondées sur un consensus. C’est exactement ce dont nous avons besoin pendant une pandémie. Mais les détails complets sur le financement et la mission du CDC ont fait l’objet de certaines conjectures.
Bon nombre de nos principales conclusions sur une communication efficace en matière de santé publique pendant la COVID ne sont ni nouvelles ni surprenantes. Ils renforcent ce que nous savons être efficace lors d’épidémies précédentes à différents endroits et à différents moments : des informations adaptées, opportunes, claires, cohérentes et précises.
La montée rapide, la portée et l’influence de la désinformation et de la méfiance à l’égard des autorités publiques ajoutent un nouveau niveau de complexité à ce tableau. La lutte contre ces deux phénomènes doit devenir un objectif central de toute communication sur les crises de santé publique, aujourd’hui et à l’avenir.