SYNERGIE - Réseau Ville Hôpital

Conduites à risque

Conduites à Risques - Actualité 2010

CONDUITES À RISQUES - ACTUALITÉ 2010

L'actualité vue par la cyberpresse
par Emmanuel Meunier
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Binge drinking

En langage scientifique, le phénomène se nomme « alcoolisation paroxystique intermittente. » Dans le langage courant, on parle de « binge drinking » ou encore, de « biture express ». Le principe : absorber en un minimum de temps un maximum d’alcool. Le but : atteindre le plus vite possible un état d’ébriété avancé. La nocivité de cette pratique est bien établie, tant sur le plan comportemental (agressivité…), sociétal (accident de la route…) que physiologique (coma éthylique...), puisqu’elle ne se différencie pas, sur ce plan, de n’importe qu’elle alcoolisation excessive. La singularité de cette pratique tient à l’excès ponctuel, à la recherche d’un état de perte de contrôle de soi. Une note de synthèse du groupe de travail : « Alcoolisation excessive des jeunes » coordonné par Jeunesse et sports fait ressortir quelques caractéristiques de cette pratique. Si les étudiants consomment globalement moins d’alcool que les actifs, ils sont proportionnellement plus souvent adepte du « binge drinking. » Cette perte de contrôle de soi n’est peut-être pas sans lien avec les contraintes de l’apprentissage. Et si cette conduite à risque est plus masculine que féminine, en raison de l’image sociale très négative de la femme alcoolisée, « on peut noter que les ivresses alcooliques sont plus répandues chez les étudiantes que chez les jeunes femmes actives. »

L’enquête ESCAPAD 2008 met en évidence que « les adolescents qui s’enivrent sont plutôt des enfants de cadres vivant dans des familles apparemment sans problème et menant des études. Dans l’ensemble, ils bénéficient de facteurs sociaux assez favorables. A l’inverse, les jeunes des milieux populaires sont globalement moins consommateurs d’alcool que les autres. L’enquête HBSC montre toutefois que « les buveurs réguliers d’alcool sont proportionnellement plus nombreux à avoir connu des difficultés au cours de leur parcours scolaire (redoublement, orientation précoce en filières courtes ou professionnelles…). » Plus un jeune est issue d’un milieu aisé plus il subit la contrainte à réussir des études, et moins il se sent adapté à cette contrainte, plus il sera enclin a chercher des moyens de « décompresser », notamment grâce à des cuites. Les auteurs notent aussi le fait que ces consommations excessives sont « festives » et se pratiquent en groupe : « les pairs sont regardés, observés, associés, imités, impressionnés et impressionnables. Sur ce dernier point d’ailleurs, nombre d’enquêtes soulignent l’aspect compétitif de la consommation d’alcool surtout chez les garçons. » La compétition sociale trouve, ici, une sorte d’exutoire dans une compétition « ludique » à se biturer.
Source : Septembre 2010. Santé-jeunesse-gouvernement. Note de synthèse suite aux réunions et contributions du groupe de travail : « Alcoolisation excessive des jeunes»

Binge drincking et fonctionnement cérébral

Des chercheurs de l’UCL (Université catholique de Louvain) et de l’ULB (Université Libre de Bruxelles) ont mené conjointement une étude afin de tenter de définir les effets potentiels à court, voire moyen terme, du binge drincking sur le fonctionnement cérébral humain. Cette étude a été menée auprès d’étudiants répartis en deux groupes - un groupe « contrôle », ayant une consommation très faible d’alcool, voire nulle, et un groupe « expérimental » dont le comportement pouvait être assimilé à des "binge drinkers" (BD). La Libre Belgique note : « il est ressorti qu’une consommation d’alcool conduit rapidement à des effets néfastes durables sur le fonctionnement cérébral. Après neuf mois, les chercheurs ont en effet pu observer chez les étudiants « binge drinkers » des altérations sur l’électroencéphalogramme. L’étude a consisté en l’enregistrement électroencéphalographique de l’activité du cerveau, alors que les participants effectuaient une tâche simple. Les sujets devaient en l’occurrence déceler des différences au niveau d’une série de visages qui leur étaient soumis. "Nous identifions les activités neuronales concentrées, poursuit Pierre Maurage, selon deux indices : d’une part, l’amplitude, soit la quantité de neurones impliqués à un moment du processus, et d’autre part, la latence, c’est-à-dire le moment où ils sont impliqués". »

Non seulement les binge drinckers avait des déficits par rapport au groupe « contrôle » quasi abstinent, mais aussi par rapport à un groupe de consommateur régulier, mais non excessif, d’alcool.
Des chercheurs de l'Académie des sciences américaines (PNAS) ont quant à eux décrit chez des binge drinkers des lésions au niveau de l'hippocampe (cette petite zone, située à la hauteur du lobe temporal, joue un rôle clé dans les processus d'apprentissage et de mémorisation, notamment des informations spatiales). Le Figaro rapporte qu’ « en disséquant le cerveau de jeunes macaques, soumis pendant onze mois à un régime de binge drinking suivi d'une abstinence de deux mois, Michel Taffe (Université de Californie La Jolla) a mis en évidence un déficit de la formation et du développement des neurones dans cette zone cruciale pour la mémoire. L'hippocampe n'est pas la seule zone à pâtir des alcoolisations précoces. Selon des études chez des rats, le cortex frontal, qui intervient notamment dans le contrôle de l'impulsivité, serait aussi particulièrement vulnérable pendant l'adolescence. »
Sources : 16.11.10. La Libre Belgique. Le "binge drinking" encore plus nocif pour le cerveau (étude UCL-ULB) ; 07.06.10. Le Figaro. «Bitures express» : le cerveau des adolescents trinque.

Les « apéros géants » : visibilité des alcoolisations

Les « apéros géants » visent à réunir le maximum d’individus dans le centre d’une ville, en plein air. M. Dagnaud  observe : « Ils se situent au croisement de la culture Facebook, qui implique d’avoir le plus grand nombre d’amis, et de la fête étudiante. Par-dessus cela, on assiste au détournement d’un rendez-vous bien ancré dans la culture française : l’apéro. Ajoutez-y la formidable puissance virale de Facebook et vous obtenez ces grands rassemblements. » Les apéros géants deviennent visibles et se généralisent dès la fin 2009. Ce n’est toutefois qu’au printemps 2010, suite à un accident mortel à Nantes au cours d’un apéro géant qui aura réunis près de 10.000 personnes, qu’ils s’imposent comme question de société.
Le botellón espagnol (réunion de jeunes, majoritairement âgés de 16 à 24 ans, dans des espaces publics, pour mélanger et consommer des boissons achetées préalablement dans des commerces) n’est pas éloigné, sinon que l’apéro géant vise un effet de masse. Durant les « apéros géants », les jeunes s’approprient des lieux publics emblématiques en centre ville (Place Royale à Nantes par exemple ou encore rue de la République à Lyon, place de l’Homme de fer à Strasbourg, quais du Canal Saint-Martin, pelouse en contrebas du Sacré-Cœur, etc. à Paris).

Une note du ministère de la Jeunesse fait observer : « les « apéros géants » innovent par leur visibilité sociale voire médiatique. Ils traduisent une « quête de place, de reconnaissance et d’appartenance » (C. Moreau). En cela, les « apéros géants » posent la question de la place réservée aux jeunes dans l’espace public. »
Dagnaud discerne dans l’apéro géant, une « recherche d’une apothéose collective. Les jeunes veulent vivre au présent plutôt que de se projeter vers un avenir qui pourrait laisser pessimiste. Les apéros géants permettent aussi aux adolescents et aux post-adolescents de rappeler au monde des adultes qu’ils existent. Pour s’en assurer, ils se réunissent dans les centres-villes. »

Sources :
14.05.10. Libération. Apéros Géant : « La recherche d’une apothéose collective », interview de Monique Dagnaud, chercheuse à l’EHESS
16.07.10, INJEP. « Apéros géants », un état de la question, Jean-Claude Richez
Septembre 2010. Santé-jeunesse-gouvernement. Note de synthèse suite aux réunions et
contributions du groupe de travail : « Événements festifs organisés par les jeunes »

Apéro géant : alcool, foule et fête

Pour J-J Delfour, l’apéro géant « est un événement sans objet sinon lui-même : un vaste miroir narcissique. Il est la répétition, dans un lieu physique, de l’être connecté caractérisé par la pseudo-communication, la pseudo-simultanéité et la pseudo-communauté. Connectés mais séparés, reliés mais disjoints, ensemble mais seuls : l’ivresse répète la solitude en commun caractéristique des vies atomisées dans la consommation numérique. Elle en est aussi la négation : plus les êtres sont éloignés, plus les rencontres sont troublantes. L’alcool est un amplificateur et un sédatif, destiné à supporter le trouble de ce rapport fusionnel avec un groupe d’inconnus anonymes. »
Les apéros géants mettent en revanche en relief un nouveau rapport à l’alcool, plus précoce et marqué par des états d’ivresse plus fréquents, où des alcools plus forts et des mélanges prémix se substituent au vin et aux apéritifs traditionnels.

Une note de l’INJEP fait observer : « Il y a dans les « apéros géants » un effet de compensation souligné par Monique Dagnaud déjà au sujet du phénomène de « la teuf ». Dans une société qui exerce une extraordinaire pression sur les jeunes à travers l’exigence de performance scolaire : « La teuf, explique t -elle, est le lieu du retour du refoulé, une pulsion dionysiaque, et c’est la raison pour laquelle elle ne doit pas être trop organisée à l’avance. Il ne s’agit pas de remplacer la contrainte par une autre. J’ai constaté d’ailleurs, au fil de mon enquête, que les excellents élèves sont aussi d’excellents teufeurs ! Comme s’ils cherchaient à se libérer de l’excès des contraintes et des devoirs. »
Sources : 04.08.10. Libération. L’apéro géant est le miroir d’une société d’ivresse, par Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie
Septembre 2010. Santé-jeunesse-gouvernement. Note de synthèse suite aux réunions et contributions du groupe de travail : « Événements festifs organisés par les jeunes »

L’usage problématique d’Internet et du jeu vidéo : vous avez dit « cyberdépendance » ?

Les mots « cyberdépendance » et « addiction aux jeux vidéo » se sont répandus, en dépit de leurs valeurs scientifiques des plus incertaines. Ils ont si bien pénétré les esprits que des députés ont  déposés le13 juillet 2010, une proposition de loi « visant à mieux garantir le droit à l’éducation à la santé, à responsabiliser les pouvoirs publics et les industries de jeux vidéo dans l’éducation à la santé et la protection des enfants et des adolescents contre la cyberaddiction. »  Pourtant l'American psychatric association, ni l'OMS ne font référence à une quelconque «dépendance au virtuel. Certains auteurs expriment leur scepticisme. Serge Tisseron, cité dans un riche document de Institut Wallon pour la Santé Mentale (IWSM) de mars 2010, affirme : « Bien sûr, beaucoup de parents aimeraient que les pouvoirs publics – et des experts remboursés par la Sécurité sociale ! – règlent à leur place les errances et les dérèglements provoqués chez leurs rejetons par les nouvelles fascinations technologiques. Mais ce choix, confortable à court terme, s’avèrerait catastrophique à long terme. Il équivaudrait à déléguer encore un peu plus les tâches parentales, au risque de médicaliser complètement l’adolescence ».

 

Poser des bornes à la pratique des jeux (tous les jeux peuvent créer des passions obsédantes), en telle sorte qu’elle ne perturbe pas outre mesure la vie sociale est une tache éducative. Le médecin ne peut se substituer aux parents. IWSM souligne le danger a utiliser des notions attrape-tout qui peuvent servir des fins toutes autre que l’aide aux adolescents. Et de rappeler l’exemple de l’ « hyperactivité » : « Le Trouble hyperactif avec déficit de l’attention est un exemple comparable. Depuis que cette nouvelle maladie « existe », elle se propage à la façon d’une épidémie. Le nombre d’enfants qui se sont vus prescrire de la Ritaline© a été en augmentation de 600 % entre 1989 et 1995. Au départ d’un concept destiné à catégoriser et traiter quelques situations très problématiques, la confusion se développe et tend à étiqueter malade hyperactif tout enfant turbulent. La Ritaline© rend nos bambins plus dociles et permet en même temps d’éluder les vraies questions, communes aux enfants turbulents et à certains « consommateurs compulsifs » d’Internet, celles des limites, de l’éducation, des attitudes parentales et de possibles souffrances muettes. »

Sources : 24.03.10. IWSM. Institut Wallon pour la Santé Mentale. Document : Les usages problématiques d'Internet et des jeux vidéo. Synthèse, regard critique et recommandations
Jeux vidéo : quand la nécessité de jouer l’emporte sur le plaisir

D’autres auteurs retiennent la notion d’addiction au jeu vidéo, mais dans un cadre restreint lié à l’usage excessif de jeux de rôle en ligne, dit MMORPG (massively multiplayer online role-playing games, jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs). Plus de 250 jeux de rôle en ligne sont en activité, impliquant 17 millions de personnes. Le plus populaire de ces jeux est World of Warcraft (WOW), créé en 2004 - dont l’univers se caractérise par des motifs inspirés de la littérature heroïc-fantasy – a réussi le pari de réunir près de douze millions d’abonnés à travers le monde fin 2008 (abonnement mensuel de onze à treize euros, en fonction de la durée de l’abonnement, et en sus de l’achat initial du jeu sur DVD). (10 millions de personnes jouent au seul World of Warcraft). Second Life compte 1.370.000 résidents (ce chiffre correspond aux personnes qui se sont connectées au moins une fois en septembre 2009). Le document de l’IWSM observe que ce type de jeu peu déchaîner une véritable passion : « les jeux vidéo sont susceptibles d’être utilisés plus ou moins abondamment dans la mesure où ils rencontrent des besoins, conscients ou non, de l’individu. Par exemple, Wan et Chiou recensent 7 besoins auxquels répondent les jeux en ligne comme les MMORPG : (1) le divertissement et le loisir ; (2) une réponse (coping) face à certaines émotions (diversion par rapport à la solitude, l’isolement et l’ennui, libération du stress, relaxation, déchargement de la colère) ; (3) une échappatoire par rapport à la réalité ; (4) un moyen de rencontrer ses besoins relationnels et sociaux (se faire des amis, renforcer ses amitiés, répondre aux besoins d’appartenance et de reconnaissance) ; (5) un moyen de se réaliser ; (6) un lieu d’excitation et de challenge ; (7) un lieu où l’on peut éprouver de la puissance (besoin de se sentir supérieur, de contrôler et de gagner de la confiance en soi). »

Marc Valleur, dans un interview à l’Express fait observer : « ce qui compte, c’est de savoir à quel moment l’attirance pour le jeu compromet la vie réelle, et où la nécessité de jouer l’emporte sur le plaisir. Il n’est pas rare de voir des jeunes devenir assez seuls dans la vie de tous les jours et renoncer peu à peu à leurs vrais amis, voire à leur conjointe, pour mieux s’absorber dans le jeu. Au point de ne plus parler qu’à d’autres joueurs, et à propos du jeu exclusivement. » Les joueurs problématiques restent relativement rares, peut-être 5 à 10% des utilisateurs de jeux MMORPG. Dans un article alarmiste du Figaro, l’enquêteur s’est rendu à Centre Marmottant qui reçoit des jeunes « cyberdépendants » : « Les jeux en ligne s'appuient sur trois mécanismes. Tout d'abord, on se crée un personnage, « l'avatar, qui est un objet d'identification et que l'on surinvestit souvent, raconte Elizabeth Rossé. C'est une quête très narcissique », ajoute la jeune femme. Deuxième élément clé, cela se passe dans un univers « persistant où l'action continue quand les joueurs font une pause ». Ils n'ont dès lors qu'une envie, reprendre le fil de l'histoire. Enfin, ils sont obligés de « se coordonner car leur personnage adhère à une guilde composée des personnages d'autres joueurs. Mais du coup, cela les force souvent à être présent dans le jeu ». La guilde, par la pression qu’elle exerce sur ses membres, peut devenir très contraignante pour un jeune dont la vie sociale s’est rabougrie dans l’espace virtuel d’Internet.
Sources : 12.12.09. Sciences Humaines. Entretien avec Marc Valleur : « Il y a cyberdépendance quand le besoin de jouer l'emporte sur le plaisir »
20.03.10. Le Figaro. De plus en plus de jeunes accros aux jeux vidéo
24.03.10. IWSM. Institut Wallon pour la Santé Mentale. Document : Les usages problématiques d'Internet et des jeux vidéo. Synthèse, regard critique et recommandations.

Bandes de filles et filles ultra violentes : les chiffres mirobolants de M. Bauer

Le 3 novembre, Jean-Marie Bockel, Secrétaire d’Etat à la Justice, remet au Président de la République son rapport intitulé « La Prévention de la Délinquance des Jeunes. » Sa proposition n° 10 est « Concevoir et mettre en œuvre une politique de prévention et d’action spécifiquement ciblée sur les bandes de filles. » Il évoque une « tendance lourde » : « Alain Bauer (responsable de ONDRP) a confirmé cette tendance lourde en soulignant que, selon les chiffres recueillis par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, la mise en cause de jeunes filles dans les infractions de violences volontaires a augmenté de 97,5 % entre 2004-2009, une progression de 75,5% étant également observée sur la même période s’agissant des violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique. » La lecture attentive de l’alarmiste lettre de ONDRP nous rappelle tout d’abord que la violence des filles reste un phénomène extrêmement marginal et qu’il suffit, puisque l’on part de petit chiffre, d’une augmentation de quelques centaines de faits pour produire statistiquement des pourcentages extraordinaires. Ainsi l’augmentation de 97,5% des « Coups et violences volontaires non mortels sur plus de 15 ans », corresponds à un passage de 2 666 faits constatés par la police en 2004 à 5 265 en 2009. Et l’explosion du nombre de « Violences à dépositaires de l’autorité publique » (+ 75,5%) correspond a un passage de 196 faits en 2004 à 344 en 2009.

Laurent Mucchielli, sociologue, dans un article publié par Rue89 fait cette mise au point : « Une fois de plus (jusqu'à quand faudra t-il le faire ? ), il faut rappeler que l'intégralité des chiffres qui sont ainsi jetés en pâture aux médias et à l'opinion publique sont issus de la statistique de police, et que cette statistique de police n'est pas un sondage permanent sur l'état réel de la délinquance en France, mais un enregistrement des procès-verbaux dressés par les fonctionnaires. » Autrement dit, les filles sont-elles plus violentes aujourd’hui que par le passé, ou bien est-ce la police qui s’intéresse un peu plus aux bagarres de filles que par le passé, ou bien est-ce que le dépôt de plainte suite à des bagarre de filles à augmenté dans la période récente ?

 

Sources : 03.10.10. Jean-Marie Bockel, Secrétaire d’Etat. Rapport. La Prévention de la Délinquance des Jeunes
05.10.10. INHESJ. Lettre "Repère" n°13 de l'ONDRP et de l'INHESJ : Les mineures mises en cause pour crimes et délits non routiers en 2009
05.10.10. Rue 89. « Les filles sont plus violentes qu'avant ! » (et autres fantasmes), par Laurent Mucchielli

Violence des filles, identité de genre et souffrance psychique

Laurent Mucchielli observe encore : « Notre société supporte de moins en moins la violence, nos seuils de tolérance s'effondrent. Nous dénonçons aujourd'hui ce que jadis nous tolérions davantage et ce que nous considérions comme des problèmes privés et non des affaires publiques. Ceci concerne peut-être tout particulièrement les filles dont les actes délinquants et violents sont beaucoup moins nombreux mais aussi moins graves que ceux des garçons, et surtout qui ne sont pas « attendus » de la part des filles. » Parce que doublement transgressives (par rapport à la loi et par rapport à « l’identité » de genre), les violences des filles seraient plus volontiers dénoncées. En outre, les filles étant moins capable que les garçons d’exercer des représailles, il reste moins dangereux de les dénoncer elles que de dénoncer un garçon auteur de violence. Coline Cardi, sociologue, dans une interview au Monde, déclare : « Pour certains, les filles, quand elles sont violentes, le sont plus que les garçons. C'est une idée partagée par certains juges, notamment pour enfants. Ceci peut s'expliquer par la difficulté à penser et à appréhender la violence des femmes. Quand il y a une affaire de violence impliquant des filles, on la médiatise, en mettant volontiers en avant une forme de sadisme, de cruauté, en donnant une image de « monstrueuses ». Dès que les filles transgressent des normes de genre, comme la violence, associée au masculin, cela choque davantage. » Le caractère politique de cette stigmatisation qui vise les filles des quartiers populaires, donc des filles « colorées » : « Récemment, les discours qui pointent la violence des filles a pu aussi bien légitimer un discours sécuritaire, avec l'idée que « même les filles s'y mettent... », qu'un discours antiféministe, avec l'idée que l'émancipation des femmes conduirait à en faire des hommes. »

Le psychiatre Patrice Huerre, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Établissement public de santé Erasme d’Antony, interviewé par La Croix, apporte son témoignage sur ces rencontres avec des jeunes filles reçues dans le cadre d’expertises demandées par la justice des mineurs. Il rappelle « la tendance générale est au rapprochement progressif du comportement et des styles de vie des jeunes filles de ceux des jeunes garçons », et comme on le constate pour la prise d’alcool ou encore l’absentéisme scolaire, « il n’y a donc pas de raison que cela ne touche pas également les faits de délinquance. » Il observe, dans le contexte des quartiers populaires, « où la mise en avant de la féminité peut constituer un risque ou un danger », que « des adolescentes préfèrent adopter l’allure et l’attitude des garçons pour se protéger… Dans certains cas, elles préfèrent participer activement aux violences des garçons pour ne pas en être elles-mêmes les victimes. Il s’agit également d’une manière de se garantir une place dans leur groupe. » Il ne constate pas l’existence de « bandes violentes de filles. » En conclusion, il rappelle qu’avant tout ces jeunes filles « sont plutôt des adolescentes fragiles qui, après des difficultés personnelles ou des ruptures familiales, se sont repliées sur la rue, dans un univers qui reste très largement masculin. Elles ont souvent une très mauvaise image d’elles-mêmes, sont en recherche d’identité et pour se faire respecter, peuvent décider de régler leurs comptes en s’associant avec des garçons. »
Sources :
05.10.10. Rue 89. « Les filles sont plus violentes qu'avant ! » (et autres fantasmes), par Laurent Mucchielli
05.10.10. La Croix. Comment expliquer la montée de la délinquance chez les filles ?
05.10.10. Le Monde. « Les chiffres de la délinquance des mineures restent assez faibles », par C. Cardi, sociologue

Conduite à risque sexuelle, pornographie et censure

En 2009, il n’était question que de la pornographie qui hantait les âmes de tendres rejetons, et en 2010 les adultes semblent s’être employé à prendre des mesures « protectrices ». En octobre, l'exposition Larry Clark au Musée d'Art Moderne, première rétrospective intégrale de l'œuvre de l’artiste en France est interdite au mineurs (au nom de l’article 227-24 modifié du code pénal), car la série de photographies « teenage Lust » comporte une dizaine de clichés donnant à voir des adolescents paumés, dans des situations érotiques ou lors d’usages de stupéfiants. Quelque jours après c’est au Festival de la bande dessinée de Saint-Malo, qui interdit aux mineurs non accompagnés l'exposition consacrée à… Reiser.

Alors que les adultes semblent rongés par l’angoisse, les adolescents, d’après une enquête réalisée par le site Tasanté.com paraissent très sérieux. On y apprend que l'amour était présent la plupart du temps lors de la première fois (pour 63,5 % des garçons et 70 % des filles) et que le préservatif est utilisé par 75 % des garçons et près de 80 % des filles lors de la « première fois »
Sources :03.12.10. Le Monde. 1 garçon sur 4 et 1 fille sur 5 auraient un premier rapport sexuel non protégé
07.10.10. Lunettes rouges - Blog Le Monde. Larry Clark (censuré par la ville de Paris) m'a-t-il choqué ?
11.10.10. Le Monde. Reiser interdit aux mineurs non accompagnés

Eyeballing, « mon œil », «strawberry met» et autres canulars

Le Figaro, France soir et le Parisien se font l’écho d’une nouvelle conduite  risque : l’ « eyeballing » ou « ivresse par les yeux. » Elle consisterait à se verser de l'alcool dans les yeux avec la promesse d'une ivresse quasi immédiate. La pratique serait « encore très marginale en France », mais se populariserait grâce à des vidéos sur Internet où des jeunes gens montre leurs « exploits. » Le journaliste du Parisien, désemparé, note bien : « Pourtant, cette promesse d'ivresse éclair n'a rien d'évidente. Pour les ophtalmologistes, elle relèverait même du fantasme. » « En pénétrant par les yeux, l'alcool va mettre plus de temps à passer dans le sang que par le système digestif, assure Béatrice Cochener, présidente de la Société française d'ophtalmologie. Surtout, la quantité d'alcool que l'oeil peut absorber est infime par rapport à une ingestion par la bouche. » Ce sont évidemment les conséquences pour l'œil qui inquiètent. « L'alcool va brûler la surface de la cornée, provoquant une inflammation très dangereuse. A long terme, le risque d'altération de la vue est réel. » L’eyeballing semble n’être qu’un blague de potache.
Le site OWNI rapporte que le 12 juillet 2010, plusieurs médias de l’État de l’Oklahoma ont révélé que deux jeunes lycéens avaient été convoqués par leur directeur d’établissement en mars dernier pour avoir pris des « drogues numériques » ou « i-drugs. » Il s’agit de simples fichiers musicaux utilisant la technique du battement binaural. Écoutés sur un casque ou des écouteurs et grâce à une légère différence de fréquence entre les deux oreilles, ces sons sont censés altérer les ondes cérébrales et recréer les mêmes sensations que les drogues dites « traditionnelles » et provoquer des états de transe !

YouTube regorge de vidéos où des adolescents se mettent en scène complètement grisé, riant aux éclats après avoir écouté quelques minutes d’une dose de « drogue numérique ». Reprise par de nombreux sites Internet, notamment par l’influent Wired, les « i-drugs » finissent par alarmer des parents. Les ados vont jusqu’à décrirent le bizness organisé autour des « i-drugs. » Un journaliste, pas tombé dans le piège note, amusé : « les premières doses sont toujours gratuites ! » Les adultes qui ont le courage de tester les « i-drugs » constatent  « que ces drogues digitales ressemblent davantage au bourdonnement d’un aspirateur ou d’un sèche-cheveux qu’au danger imminent évoqué par quelques parents américains alarmistes. »
La palme du canular revient à des internautes facétieux de Hautes-Garonne. Ils sont parvenus à faire croire que sévissait dans les écoles primaires du département le « strawberry quick » ou « strawberry meth » une drogue que « les enfants ingèrent en pensant que c'est un bonbon et se précipitent rapidement à l'hôpital dans un état piteux. » Ils « alertent » la population grâce à un courriel avec en-tête de la Préfecture. La Préfecture devra répondre à des parents alarmés qu’ « il n'existe pas de cellule de protection de l'enfance (dédiée au « strawberry meth ») comme indiqué dans l'entête utilisé dans le courriel où apparaît le numéro de téléphone de la préfecture » et précise qu’il s’agit évidemment d’un canular.
Merci aux ados de nourrir les fantasmes d’adultes tellement soucieux de leur santé !
Source : 16.07.10. OWNI. I-Doser: vous prendrez bien un shoot de musique?
05.09.10. Le Parisien. L'inquiétante mode de l'ivresse par les yeux 
08.11.10. Le Parisien. Haute-Garonne : afflux d'appels à la préfecture après un canular