Film de Sabine Bally (2010) qui, à partir de documents d’archives et des témoignages de ses proches, raconte la vie d’Albert Hofmann, l’inventeur du LSD en s’efforçant de restituer sa pensée à la fois scientifique et spiritualiste. De 1929 à 1971, il a travaillé comme chercheur dans les laboratoires pharmaceutiques du groupe bâlois Sandoz, où ses travaux ont conduit l'élaboration de différents médicaments. C'est en étudiant, en 1938, les alcaloïdes de l'ergot de seigle, champignon connut dans la pharmacopée traditionnelle, un 25e composé, le diéthylamide de l'acide lysergique. En abrégé, LSD 25. Albert Hofmann n'en découvrira les propriétés que cinq ans plus tard, par hasard en faisant tomber par inadvertance une goutte de LSD sur la main. Il est alors troublé par d'étonnantes sensations: angoisse, vertiges, visions surnaturelles, objets se mouvant dans l'espace, sentiment de bonheur et de gratitude. Un nouveau test produit les mêmes effets. Sandoz produira du LSD 25 en dragées et en ampoules destiné au corps médical entre 1947 et 1966. En 1947, l'Université de Zurich effectue une première expérience sur l'homme et publie un rapport favorable sur cette substance: elle met en évidence les problèmes des patients, alors qu'un tranquillisant les occulte. Les expériences positives se multiplient: le LSD est utilisé pour désintoxiquer les alcooliques ou pour aider les cancéreux à faire face à la mort. Même l'armée américaine teste la substance sur des soldats. Mais à partir des années 60, un usage hédonique du LSD se développe aux USA, notamment à l’initiative du psychologue Thimothy Leary et se répend dans le mouvement hippie. A Hofman est accueillis en héros aux USA et il répond en écrivant "LSD - Mon enfant terrible" (1997) où il fait part de ses doutes sur l’usage récréatif du LSD. Usage incontrôlé qui conduit bientôt à l’interdiction du LSD (y compris dans les protocoles médicaux) en 1966. A Hofman poursuivra des recherches sur les substances psychédéliques au Mexique, au contact de Maria Sabina, une shamane mexicaine, et se demandera s’il ne faut pas qualifiée ces substances "enthéogène" (qui font émerger le divin en soi). Des expérimentations thérapeutiques avec le LSD reprennent depuis quelques années.