Une équipe de recherche dirigée par l’IGTP, en collaboration avec l’IR Sant Pau et ISGlobal, identifie une protéine comme élément central du COVID long et met en évidence des différences selon le sexe et le statut hormonal.
Le COVID long affecte des millions de personnes dans le monde et se caractérise par des symptômes qui peuvent persister des mois, voire des années après l’infection initiale, comme la fatigue, des problèmes neurologiques, musculaires et respiratoires. Bien que les femmes aient tendance à souffrir d’une forme plus légère du COVID-19, elles sont plus susceptibles de développer des symptômes persistants.
Des chercheurs de GCAT|Genomes for Life, un projet stratégique de l’institut allemand de recherche Trias i Pujol (IGTP), ont mené une étude en collaboration avec des équipes de l’Institut de Recerca Sant Pau (IR Sant Pau) et de l’Institut de Barcelone pour la santé mondiale (ISGlobal), dans le but d’identifier les voies moléculaires liées à la persistance des symptômes et de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.
L’étude s’est basée sur la cohorte COVICAT, créée en 2020 à partir du projet GCAT et coordonnée avec les équipes ISGlobal pour suivre l’impact du COVID-19.
Cinq ans plus tard, la cohorte reste active et a permis l’analyse d’échantillons de sang de 171 participants grâce à la technologie protéomique à haute résolution.
Les scientifiques ont étudié près de 1 400 protéines liées à l’inflammation et à la santé cardiovasculaire, en comparant les niveaux entre les individus avec et sans COVID long, et parmi les femmes pré et postménopausées. À l’aide de modèles statistiques avancés et d’analyses de réseaux, ils ont identifié les protéines jouant un rôle clé dans les changements moléculaires observés.
Les résultats, publiés dans la revue Médecine BMCmettent en évidence le rôle clé de la protéine VEGFA, liée à la formation des vaisseaux sanguins et à la fonction vasculaire, dans les cas de COVID long. L’étude montre que cette protéine est significativement surexprimée chez les individus ayant développé un long COVID, en particulier chez les femmes ménopausées.
« Nos résultats suggèrent que le dysfonctionnement vasculaire est un mécanisme clé du long COVID et que le sexe et le statut hormonal peuvent influencer sa progression », explique Xavier Farré, chercheur au GCAT-IGTP et premier auteur de l’étude.
L’étude représente une étape importante dans la compréhension des mécanismes de la maladie et souligne l’importance d’intégrer des approches stratifiées selon le sexe dans la gestion clinique du long COVID.
Rafael de Cid, directeur scientifique du GCAT et chercheur principal de l’étude à l’IGTP, déclare que « l’impact du statut hormonal sur des protéines telles que le VEGFA peut être crucial dans les cas de COVID long et souligne la nécessité de prendre en compte ces facteurs à la fois dans le pronostic et dans le développement de futurs traitements. En outre, ce mécanisme pourrait également être pertinent pour comprendre d’autres syndromes post-infectieux ».
En plus du VEGFA, l’étude identifie des altérations des voies liées à l’inflammation, à la signalisation des chimiokines et à la réactivation virale, et souligne également d’éventuelles lésions musculaires.
Ces découvertes ouvrent la porte à de nouvelles stratégies thérapeutiques, notamment des traitements visant à stabiliser la fonction vasculaire.