La réduction des risques liés au cannabis devient la mise au point de la nouvelle application

Les scientifiques du Centre de recherche hospitalier (CRCHUM) de l’hôpital affilié d’Université de Montréal testent une application mobile pour aider les jeunes adultes qui ont un premier épisode de psychose pour soutenir une consommation de cannabis plus sûre.

L’essai clinique national, un premier au Canada, est dirigé par Université de Montréal Psychiatrie et professeur de toxicomanie Didier Jutras-Aswad, chercheur à Crchum.

Appelé Champs (application de réduction des dommages au cannabis pour gérer les pratiques en toute sécurité), l’étude pilote est décrite dans un article publié dans le numéro d’août de Recherche en psychiatrie.

« Construit en collaboration avec les jeunes adultes, les cliniciens et un certain nombre d’experts, notre application comprend des modules interactifs et un soutien personnalisé pour réduire les risques associés à la consommation de cannabis », a déclaré Jutras-Aswad, chef du département de psychiatrie du chum.

« Notre étude pilote a confirmé son acceptabilité parmi les jeunes ayant connu un premier épisode psychotique », a-t-il déclaré. « Le financement du IRSC nous permettra de documenter davantage les utilisations de l’application dans divers contextes cliniques. »

Une équipe multidisciplinaire

L’étude pilote a été menée avec le soutien d’une équipe multidisciplinaire qui comprenait Stephanie Coronado-Montoya, le premier auteur de l’étude et ancien doctorat. Étudiant de Jutras-Aswad, et le Dr Amal Abdel-Baki, psychiatre à Chum, entre autres.

Au total, 101 jeunes adultes, allant de 18 à 35 ans, ont été surveillés dans six cliniques spécialisées à intervention précoce pour la psychose au Québec et en Nouvelle-Écosse.

L’objectif du projet est de fournir une alternative aux soins traditionnels centrés sur l’abstinence et qui est souvent inadéquat pour les jeunes adultes qui ont connu un premier épisode de psychose et qui ne prévoient pas d’arrêter leur consommation de cannabis.

« Lorsque vous comparez les soins standard à une approche qui inclut les champions, nous pouvons voir que l’application est bien considérée et qu’elle peut être intégrée dans de vrais environnements cliniques », a déclaré Jutras-Aswad.

« Même si nous ne pouvons actuellement tirer aucune conclusion sur l’efficacité de Champs, nous avons vu un signal encourageant en termes de diminution des problèmes liés au cannabis », a-t-il déclaré.

Maintenant, lui et son équipe de chercheurs visent à étendre leur travail pour inclure 250 jeunes adultes et six cliniques à travers le Québec, la Nouvelle-Écosse et l’Alberta. Le recrutement aura lieu sur une période de trois ans.

Pourrait aussi soutenir les cliniciens

Champs est plus qu’une application téléphonique, selon ses partisans, il pourrait facilement être inclus dans les soins cliniques existants, sans augmenter les charges de travail pour le personnel médical.

En fait, les chercheurs ajoutent, il illustre une nouvelle approche des soins de santé mentale, spécialement conçue pour répondre aux besoins réels d’une population de jeunes adultes souvent négligée.

« Beaucoup de gens ne cherchent pas, au moins pendant une certaine période de temps, à réduire ou à cesser leur consommation de cannabis », a déclaré Jutras-Aswad. « Mais ces jeunes sont ouverts à changer leur consommation pour réduire les risques à leur santé. C’est à cela que sert Champs. »

Conçu à Montréal, l’application pourrait être adoptée dans des pays où la consommation de cannabis est encore illégale, a-t-il ajouté. Champs rejoint un mouvement plus large qui travaille à l’humaniser, la personnalisation et la désactivation de la consommation de cannabis dans les soins de santé mentale, a-t-il déclaré.

« Il est très important que nous modifiions les perceptions, les pratiques et les philosophies afin d’adopter plus largement une réduction des méfaits des soins de santé mentale », a-t-il souligné.

À cette fin, en juillet, lui et son équipe ont publié plusieurs recommandations pour réduire le risque de résultats défavorables liés à la consommation de cannabis, promouvant activement leur approche via un groupe international.

Fourni par University of Montréal Hospital Research Center (CRCHUM)