Un vaccin unique contre la grippe peut vaincre les souches de grippe aviaire avant leur apparition

Les scientifiques ont développé un vaccin de validation de principe qui pourrait offrir une large protection contre toutes les variantes connues et émergentes des virus de la grippe aviaire (A5) hautement pathogènes, y compris celles qui n’ont pas encore évolué. Ce type de protection globale ponctuelle pourrait améliorer considérablement nos défenses contre la menace d’une future pandémie.

Les virus hautement pathogènes de la grippe aviaire (A5) constituent un problème de santé mondial important. Ils ont provoqué des infections chez les oiseaux, les vaches laitières et les volailles, et se sont propagés aux humains, provoquant des maladies graves et des décès.

Nos défenses actuelles reposent sur la mise à jour continue des vaccins spécifiques à une souche, un processus lent et réactif qui nécessite d’attendre l’émergence de nouvelles variantes avant de pouvoir développer et déployer des vaccins correspondants. Cela expose les populations à un risque dès les premiers stades d’une épidémie.

Le défi pour les fabricants de vaccins est que la protéine de surface du virus, l’hémagglutinine (HA), change constamment ou évolue sur le plan antigénique, ce qui rend difficile la conception d’un vaccin contre toutes les souches. L’évolution des virus A5 est si complexe et imprévisible que l’Organisation mondiale de la santé a recommandé 48 nouveaux vaccins candidats depuis 2006.

Dans une étude publiée dans la revue NatureMathilde Rochard du centre médical universitaire Erasmus aux Pays-Bas et son équipe décrivent comment ils ont développé une méthode pour concevoir un vaccin ciblant toutes les souches plutôt qu’une seule.







Evolution antigénique A(H5) au fil du temps. Les antigènes et les sérums de la carte antigénique tridimensionnelle construite à partir de l’ensemble de données final 117 × 29 (comme le montrent la figure 1b et les données supplémentaires 2) apparaissent en fonction de l’année d’isolement du virus respectif, comme indiqué dans le coin supérieur droit. Les antigènes sont affichés sous forme de sphères fermées et les sérums sous forme de cubes ouverts. Les antigènes et les sérums sont codés par couleur en fonction du clade génétique HA, comme indiqué dans la légende en bas à gauche. Chaque direction (x, y, z) représente la distance antigénique, et un carré de la grille correspond à une unité antigénique, définie comme une double différence de titre HI. La carte antigénique oscille à des fins de visualisation. Crédit: Nature (2025). DOI : 10.1038/s41586-025-09626-3

Tout d’abord, ils ont créé une carte 3D haute résolution de l’évolution de la protéine A(H5) HA au fil des décennies afin de pouvoir facilement voir toute l’histoire et la diversité des différentes souches.

Ensuite, pour concevoir le vaccin, au lieu de choisir un antigène (toute substance qu’un système immunitaire reconnaît comme étrangère), ils ont utilisé la carte pour créer une nouvelle protéine HA qui est antigéniquement centrale. Il se trouve au centre de la carte, il ne correspondra donc pas parfaitement à toutes les souches du virus A5, mais il est le plus proche de toutes les souches connues et de certaines souches futures. L’idée est qu’en exposant le système immunitaire à cet antigène central, l’organisme peut produire une gamme plus large d’anticorps pour combattre les infections futures.

Une nouvelle ère de défense contre la grippe ?

L’équipe a testé avec succès le vaccin sur des furets, un modèle courant pour les études sur la grippe. Il offre une large protection contre des souches H5 très différentes, ainsi que contre des vaccins spécifiques à une souche. Il s’est également révélé efficace contre deux virus distincts qui différaient des composants du vaccin.

« Nous fournissons une preuve de concept pour concevoir et évaluer des vaccins antigéniquement centraux A(H5) en utilisant la cartographie antigénique, une stratégie qui pourrait être étendue à d’autres virus grippaux zoonotiques », ont écrit les chercheurs.

Même si ces résultats animaux sont encourageants, le travail n’est pas encore terminé. Des études sur l’homme seront nécessaires pour confirmer si le vaccin est sûr et efficace chez l’homme. Mais en cas de succès, on espère que cette approche intelligente pourra être utilisée contre d’autres menaces dangereuses de grippe.

Écrit pour vous par notre auteur Paul Arnold, édité par Gaby Clark, et vérifié et révisé par Robert Egan, cet article est le résultat d’un travail humain minutieux. Nous comptons sur des lecteurs comme vous pour maintenir en vie le journalisme scientifique indépendant. Si ce reporting vous intéresse, pensez à faire un don (surtout mensuel). Vous obtiendrez un sans publicité compte en guise de remerciement.