Vous avez peut‑être, sans le savoir, un petit trésor dans un tiroir, au fond d’une boîte, ou glissé dans un vieux portefeuille. Certaines monnaies françaises, banales en apparence, se négocient aujourd’hui à des prix surprenants. Parfois quelques centaines d’euros pour une pièce bien conservée.
La clé, ce n’est pas la chance, mais le regard. Un œil pour l’année, l’atelier, l’état. Et un brin de méthode. “Le secret, c’est l’état. Une pièce commune peut devenir désirable quand elle est splendide”, confie un numismate parisien.
Pourquoi certaines pièces prennent de la valeur
La rareté ne tient pas qu’au tirage. Il y a l’usure, les destructions, les fontes. Un millésime abondant peut devenir rare en qualité supérieure, car peu d’exemplaires ont survécu en beau state.
Le métal compte aussi. L’argent et l’or offrent une “valeur plancher”. Quand le cours grimpe, la cote suit. Mais la numismatique récompense surtout le détail: un petit atelier, un frappe nette, une patine séduisante.
“Ne nettoyez jamais vos pièces à l’abrasif. Vous effacez la patine, vous effondrez le prix”, prévient Sophie, marchande depuis vingt ans.
Les types et millésimes à surveiller
- Les francs en argent de la IIIe République (Semeuse, Hercule) restent très recherchés en bel état.
- Les 10 francs “Turin” des années 1930, selon l’année, peuvent franchir la barre des 100 euros.
- Les Cérès et Napoléon du XIXe siècle montent vite en valeur dès que l’état est superbe.
- Les 20 francs or “Marianne Coq” constituent un classique: valeur d’or plus prime de collection pour certains millésimes.
Tableau comparatif (valeurs indicatives)
| Pièce | Années/Ateliers à surveiller | Métal | Valeur TTB | Valeur SUP/SPL |
|---|---|---|---|---|
| 5 francs “Hercule” (1870‑1878) | 1873‑1875, ateliers A/BB, rares selon lettre | Argent | 60–120 € | 150–300 € |
| 10 francs “Turin” (1929‑1939) | 1932, 1934, 1939, états supérieurs recherchés | Argent | 50–100 € | 120–250 € |
| 2 francs “Semeuse” (1901‑1920) | 1914, 1917, 1919 A/BB, belle frappe | Argent | 30–80 € | 100–220 € |
| 1 franc “Semeuse” (1898‑1920) | 1914, 1917, certains ateliers | Argent | 20–60 € | 80–180 € |
| 50 centimes “Cérès” (1849‑1851) | 1849‑1851 A/BB, patine intacte | Argent | 40–120 € | 150–350 € |
| 20 francs “Marianne Coq” (1899‑1914) | 1899‑1906, état supérieur | Or | 320–420 € | 400–600 € |
Les fourchettes varient selon le marché, la patine, la qualité de frappe. Une pièce “SPL” peut valoir deux à trois fois l’équivalent en TTB.
Comment vérifier chez vous
- Sortez les pièces à la lumière, utilisez une loupe x10, et manipulez par la tranche.
- Notez l’année, la lettre d’atelier (A Paris, BB Strasbourg, etc.) et le type exact.
- Évaluez l’état: reliefs des cheveux, des lettres, présence de rayures.
- Pesez au dixième de gramme; comparez au poids officiel (argent et or).
- Jamais de polissage: préférez une photographie nette pour l’avis d’un pro.
“Un bon diagnostic à distance commence par trois photos: avers, revers, tranche. Nettes, droites, sans filtres”, rappelle un expert de bourse numismatique.
Où vendre, et à quel prix viser
Les bourses numismatiques et numismates établis restent la voie la plus sûre. Vous obtenez une estimation, parfois immédiate, et un paiement sans surprise.
Les plateformes d’enchères offrent de la visibilité, mais exigent de bonnes photos, des frais, et de la patience. Pour l’or, les 20 francs “Coq” suivent le cours: attendez un marché haussier pour optimiser le résultat.
Astuce: vérifiez les ventes “déjà terminées” pour fixer un prix réaliste. Les annonces trop hautes restent en ligne… et ne vendent pas.
Les pièges à éviter
La confusion entre patine et saleté fait perdre de la valeur. Une patine ancienne est un atout, un décapage brillant est rédhibitoire.
Les “fautées” attirent l’œil: frappes décalées, planchets minces, doubles frappes. Vrai plus‑value possible, mais seulement avec une expertise.
Méfiez‑vous des copies modernes, souvent trop légères ou trop parfaites. Le poids, la magnétisation, la tranche gravée sont vos meilleurs alliés.
Et si vous tenez une belle pièce
Avant toute chose, respirez. Rangez‑la dans une pochette neutre, évitez les PVC souples qui migrent. Photographiez proprement, sollicitez deux avis: un marchand, un club ou un forum de référence.
Pour aller plus loin, feuilletez “Le Franc” ou le Gadoury. Ce sont des boussoles, pas des oracles, mais elles clarifient les écarts de rareté.
Dernière pensée: mieux vaut une poignée de pièces en état super que des dizaines lessivées. Dans ce petit jeu de détails, la qualité bat le quantitatif presque à chaque coup.