Cette marque de biscuits très populaire contiendrait encore de l’huile de palme cachée

Chaque semaine, des paquets de biscuits au design irrésistible s’empilent en rayon, porteurs de promesses rassurantes et d’images verdoyantes. On croit acheter mieux, on pense consommer propre, et pourtant une part de flou persiste. Des formulations habiles et des ingrédients dérivés pourraient encore glisser de l’huile de palme, sans que le consommateur ne s’en rende compte.

Un parfum de contradiction plane. Des emballages proclament “sans huile de palme”, mais le verso raconte parfois autre chose. “Ce n’est pas parce que le mot ‘palme’ disparaît qu’il n’en reste plus la trace”, confie un technologue alimentaire. Le diable se niche dans les détails, notamment dans des additifs techniques et des mentions génériques.

L’équation est simple et inconfortable. Remplacer la palme sans perdre le craquant ni la texture coûte cher, et la pression sur les prix pousse à des compromis silencieux. “Quand on lit ‘matières grasses végétales’, il faut se demander lesquelles exactement”, souligne une nutritionniste.

Pourquoi l’huile de palme se cache encore

Les recettes se complexifient, les procédés aussi. La palme peut se dissimuler derrière des dérivés ou des “mix” d’huiles, évalués pour leur stabilité et leur point de fusion. Pour tenir au four, tenir en rayon, et tenir en coûts, elle reste tentante.

La réglementation autorise des appellations larges, qui laissent une marge d’interprétation. Une même molécule grasse peut être issue de palme, de colza, ou de tournesol, sans obligation de préciser la source.

“Le marché reste opportuniste: s’il y a une pénurie de tournesol, la palme reprend du service”, explique un acheteur agroalimentaire. Dans les coulisses, tout est affaire de filière et de prix.

Ce que disent les étiquettes et ce qu’elles taisent

Un paquet peut être irréprochable en façade, tout en glissant des ingrédients-tampons qui renvoient à la palme dans les lignes techniques. Les listes sont longues, les polices minuscules, l’ambiguïté réelle.

Trois indices reviennent sans cesse: termes génériques, additifs à numéro, et dérivés lipidiques. Quand ils se cumulent, la probabilité grimpe.

Tableau comparatif

Profil de biscuit Allégation frontale Indices dans la liste Risque de palme cachée
“Sans huile de palme” Slogan visible E471/E472, “matières grasses végétales”, “palmitate” Moyen à élevé si la source n’est pas précisée
Classique Aucune “Huile végétale”, “graisses végétales”, “palmiste” Élevé, surtout si prix bas
Premium/transparence Pas de slogan “Beurre”, “huile de colza”, “tournesol ‘haute oléique’” Faible, libellé clair
Bio Logos bio Peut contenir E471/E472 d’origine variable Variable, selon mention de la source
Édition limitée Marketing accentué Formules changeantes, ingrédients de remplacement Imprévisible, vérifier à chaque achat

La piste des dérivés: E471, palmitate & co

On ne lit pas toujours “huile de palme”, mais on croise des signatures. Les mono- et diglycérides (E471), esters d’acides gras (E472), propionate et stéarates peuvent être issus de palme. Le “palmitate” (comme palmitate d’ascorbyle) alerte, car l’acide palmitique renvoie souvent à cette origine.

“L’ingrédient n’est pas coupable en soi, c’est l’opacité de sa source”, résume une chercheuse en formulation. Sans mention précise, le doute demeure.

  • Mots-clés à repérer: “matières grasses végétales”, “huile végétale”, E471, E472, E477, “palmitate”, “palmiste”, “lauryl/lauréate” (famille liée), “stéarine végétale”. Préférence si la source est “beurre”, “colza”, “tournesol”, ou si “origine: non palme” est indiqué.

Environnement et social: l’angle mort du croustillant

Derrière la bouchée dorée, une réalité lourde. Déforestation, fragmentation de habitats, pression sur les communautés: l’empreinte peut rester conséquente si la traçabilité flanche. Les labels RSPO progressent, mais “certifié” ne signifie pas vertueux en toutes circonstances.

“Le meilleur gramme d’huile de palme, c’est celui qu’on n’utilise pas”, tranche un écologue. Quand on ne peut pas l’éviter, la traçabilité segmentée (IP/SG) vaut mieux que les compensations mass balance.

Comment les fabricants peuvent faire mieux

Remplacer la palme par du beurre ou des huiles oléo-équilibrées demande du travail de formulation. C’est possible, mais il faut assumer le coût, ajuster les recettes, et expliquer la démarche.

Les bons élèves nomment la source de chaque lipide, abandonnent les allégations floues, publient des cartes d’approvisionnement, et s’engagent sur des audits tiers. “La confiance n’est pas un logo, c’est une preuve”, dit un responsable qualité.

Les distributeurs ont aussi une clé: cahiers des charges fermes, suivi des lots, et tests aléatoires. Plus la chaîne est courte, moins le risque dérive.

Au final, l’affaire se joue au moment de l’achat. Lire lentement, comparer les lignes, privilégier les listes courtes et les ingrédients identifiables. Quand un produit change de goût ou de texture, re-regarder l’étiquette: une micro-ligne peut en dire long.

Personne n’a envie d’un gâteau au goût de doute. Avec des choix informés, des labels explicites, et une pression citoyenne constante, la transparence cesse d’être un vœu pieux et redevient un engagement.